mercredi 6 novembre 2013

Le M23 ou le bouchon qu'on pousse trop loin (par Pascal Djimoguinan)


            Le mardi 5 novembre 2013 est pour l’armée de la République démocratique du Congo une grande date à écrire en lettres d’or. Elle marque sa victoire historique sur le M23. Ce mouvement rebelle, maintenant en déroute, veut se transformer en parti politique et arracher un accord qu’il n’a pu signer à temps, faute d’anticipation politique.

            Le M23 a eu son temps de gloire lorsqu’il était en position de force et a pu prendre la ville de Goma. Il n’a malheureusement pas su tirer les dividendes de cette victoire. Il faut dire qu’il lui manquait une vision politique réelle qui lui aurait servi à négocier avec Kinshasa et s’affirmer sur l’échiquier politique congolais. Comme le dit un adage Africain, le M23 « avait les yeux plus grand que le ventre ». Il s’est attribué une importance qui était très loin de sa valeur réelle. C’était une rébellion locale qui s’est laissé tromper par une victoire éphémère au point de vouloir jouer dans la cour des grands au niveau national. Peut-être aussi le M23 a péché pour n’avoir pas su se trouver une homme politique de grande valeur.

            Désormais les cartes vont être redistribuées. Kinshasa, prend le temps de Goûter cette victoire qui s’est fait longtemps attendre. Ainsi le gouvernement peut affirmer par son porte-parole Lambert Mende Omalanga : « « Nous sommes allés à Kampala pour écouter les griefs de nos compatriotes qui sont au M23. Ça ne leur donnait aucune légitimité. On ne peut pas, étant une force négative, signer des accords avec un gouvernement. Je pense que tous nos partenaires de la communauté internationale sont d’accord avec ce point de vue et c’est donc une simple déclaration qui sera signée, pas un accord. »

            On se demande si cette défaite militaire du M23 ne va pas se transformer en défaite politique.  En tout cas, ce mouvement n’aura que ses yeux pour pleurer de n’avoir pas été capable de voir le vent tourner. En effet, les choses ont vraiment commencé à changer quand les Nations-Unis avaient décidé de mettre sur place une force militaire avec un caractère offensif ; c’est ce qui a tout transformé.

            Une mise en garde a été adressée à tous les groupes rebelles qui combattent à l’Est de la RDC. Ils doivent négocier ou connaîtront le rôle du M23.

            Cela amène à s’interroger sur le rôle que jouent les différents groupes rebelles en Afrique. C’est connu qu’ils règnent partout par la peur et par la violence. Ils ont été tolérés très longtemps. N’est-il pas temps qu’on pense beaucoup plus au politique. Toute rébellion est suivie de son cortège de malheurs que sont les fermetures d’écoles et de dispensaires, les réfugies et les déplacés de guerres, les viols, etc.
            La question intéressante est de savoir comment arriver à mettre en place une structure qui puisse accompagner et favoriser l’éclosion d’une société vraiment démocratique. Il existe, çà et là, sur le continent des instituts universitaires qui enseignent les droits de l’homme, la recherche et le maintien la paix. Il faudrait peut-être aussi penser à la formation au leadership

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