samedi 23 novembre 2013

Centrafrique, lu pour vous (par Pascal Djimoguinan)




Cris d’alarme pour la Centrafrique, l’ONU, les Etats-Unis et la France évoquent une situation prégénocidaire » dans ce pays d’Afrique centrale en proie à l’anarchie.


Par Jean Christophe Ploquin

La Croix, Vendredi 22 novembre 2013

Courageux Africains

              Une personnalité remarquable a été récompensée hier par « le prix de la Fondation Chirac. Denis Mukwege est médecin  à Bukavu, ville de la République démocratique du Congo, frontalière avec le Rwanda. Dans cette région déchirée par la guerre depuis plus de quinze ans, ce gynécologue aide des femmes victimes de viols depuis 1999, 40 000 ont été opérées et soignées, le plus souvent pour des actes de chirurgie réparatrice, dans l'hôpital où il exerce. En le distinguant, la Fondation créée par l'ancien président Jacques Chirac soutient une figure emblématique de la société civile congolaise, qui se prend courageusement en charge malgré les exactions auxquelles se livrent des soldats et miliciens de tout bord. Le chaos est entretenu par des hommes d'affaires et dirigeants locaux et internationaux, qui veulent exploiter en toute impunité les richesses de la région.
            À Un millier de kilomètres de Bukavu. une autre société est en train de s'effondrer, malgré l'action de médiateurs, notamment religieux. En République centrafricaine, le président François Bozizé a été renversé il y a sept mois. Depuis, les violences n'ont pratiquement jamais cessé. Les rebelles, venus en majorité du nord et pour la plupart musulmans, pillent des villages, y compris des lieux de culte chrétiens. La terreur provoque des réactions d'autodéfense qui suivent les clivages religieux et ethniques. Les structures étatiques n'agissent plus, laissant la loi du plus fort s'exercer dans une anarchie qui aggrave une situation sanitaire et humanitaire déjà précaire. Ces derniers jours, l'ONU, les États-Unis et la-France ont évoqué un contexte « prégénocidaire » dans le nord-ouest du pays, des mots qui pèsent lourd dans un continent qui a connu en 1994 le génocide des Tutsis et des-Hutus modérés au Rwanda.
    Il faut donc agir. Dans les prochaines semaines, le Conseil de sécurité de l'ONU devrait voter une résolution donnant permission d'intervenir aux forces déployées par les pays voisins, l'Union africaine et la France, qui est prête à renforcer ses troupes déjà présentes. «Encore ! », soupireront certains, lassés ou indifférents vis-à-vis de ces drames africains à répétition. Mais, en Centrafrique comme en RD-Congo ou au Mali, c'est en rétablissant l'ordre, en redonnant une ossature à l'État que la société civile pourra pleinement se prendre en main. La sécurité est une des conditions du développement.


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