Cris d’alarme pour la
Centrafrique, l’ONU, les Etats-Unis et la France évoquent
une situation prégénocidaire » dans ce pays d’Afrique centrale en proie à
l’anarchie.
Par
Jean Christophe Ploquin
La Croix,
Vendredi 22 novembre 2013
Courageux
Africains
Une personnalité
remarquable a été récompensée hier par « le prix de la Fondation Chirac. Denis
Mukwege est médecin à Bukavu, ville de
la République démocratique du Congo, frontalière avec le Rwanda. Dans cette
région déchirée par la guerre depuis plus de quinze ans, ce gynécologue aide
des femmes victimes de viols depuis 1999, 40 000 ont été opérées et
soignées, le plus souvent pour des actes de chirurgie réparatrice, dans
l'hôpital où il exerce. En le distinguant, la Fondation créée par l'ancien
président Jacques Chirac soutient une figure emblématique de la société civile
congolaise, qui se prend courageusement en charge malgré les exactions
auxquelles se livrent des soldats et miliciens de tout bord. Le chaos est
entretenu par des hommes
d'affaires et dirigeants locaux et internationaux, qui veulent exploiter en
toute impunité les richesses de la région.
À Un millier de
kilomètres de Bukavu. une autre société est en train de s'effondrer, malgré
l'action de médiateurs, notamment religieux. En République centrafricaine, le président
François Bozizé a été renversé il y a sept mois. Depuis, les violences n'ont
pratiquement jamais cessé. Les rebelles, venus en majorité du nord et pour la
plupart musulmans, pillent des villages, y compris des lieux de culte
chrétiens. La terreur provoque des réactions d'autodéfense qui suivent les
clivages religieux et ethniques. Les structures étatiques n'agissent plus,
laissant la loi du plus fort s'exercer dans une anarchie qui aggrave une
situation sanitaire et humanitaire déjà précaire. Ces derniers jours, l'ONU,
les États-Unis et la-France ont évoqué un contexte « prégénocidaire » dans le
nord-ouest du pays, des mots qui pèsent lourd dans un continent qui a connu en
1994 le génocide des Tutsis et des-Hutus modérés au Rwanda.
Il
faut donc agir. Dans les prochaines semaines, le Conseil de sécurité de l'ONU
devrait voter une résolution donnant permission d'intervenir aux forces
déployées par les pays voisins, l'Union africaine et la France, qui est prête à
renforcer ses troupes déjà présentes. «Encore ! », soupireront certains,
lassés ou indifférents vis-à-vis de ces drames africains à répétition. Mais, en
Centrafrique comme en RD-Congo ou au Mali, c'est en rétablissant l'ordre, en
redonnant une ossature à l'État que la société civile pourra pleinement se
prendre en main. La sécurité est une des conditions du développement.
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