jeudi 21 novembre 2013

Arche de Zoé, justice des pauvres (par Pascal Djimoguinan)


            Le procès en appel de l’Arche de Zoé est en train de se tenir à Paris, presque dans l’indifférence générale à N’Djamena. Eric Breteau et sa compagne Emilie Lelouch sont en train d’être jugés pour avoir voulu faire venir illégalement en France une centaine d’enfants tchadiens qu’ils avaient présentés comme des enfants du Darfour.

            Tout dans cette affaire semble montrer que lorsqu’on vient d’un pays nanti, précisément de la France, on peut se permettre de faire tout ce qu’on veut en Afrique sans avoir peur de subir la force de la loi dans toute sa vigueur. Cela crée dans beaucoup de pays africains un malaise. Nous pouvons relever plusieurs points que nous inspire ce procès.

- Il est étonnant de constater qu’un français puisse commettre un délit en Afrique mais ne puisse pas y subir les peines lorsqu’il a été jugé. Dans de cas, la meilleure solution ne serait-il pas tout simplement d’éviter de commettre un crime en Afrique ?

- Tout dans cette affaire ressemble beaucoup plus à un cirque qu’à un vrai jugement ; les prévenus peuvent se présenter devant le juge quand ils veulent et tenter de défendre l’indéfendable.

- L’humanitaire a pris un coup et continue d’en prendre dans cette affaire. Peut-on se faire la conception de l’humanitaire comme un désir personnel de sauver des vies à tout prix et tant pis si cela ne cadre pas avec les lois ? C’est une mauvaise publicité pour ceux qui s’engagent au service des démunis et qui œuvrent dans les organismes pour changer la vie de ceux qui souffrent.

- Les fondateurs de l’Arche de Zoé se croient capables de décider qui a telle nationalité et qui ne l’a pas. Pour eux la raison pour laquelle ces enfants ne sont pas tchadiens, c’est qu’il n’y a pas d’état civil là-bas. Rien ne peut donc prouver. On a envie de demander « Prouver quoi ? ». Si on ne peut pas prouver que ces enfants sont des tchadiens, peut-on pour autant prouver qu’ils sont du Darfour ?

            En tout cas, on ne peut pas dire que ce groupe est ce que la France a produit de mieux dans tout ce qu’elle exporte. Il faut éviter de faire du procès des « Zozos » un paradigme de la relation judiciaire entre les pays riches et les pays pauvres.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire