Le jeudi 14 novembre, l’information qui se relaie dans la
presse internationale est celle-ci : « Le
père Georges Vandenbeusch, curé de la paroisse de Nguetchewe dans l’extrême-nord
du Cameroun a été enlevé par des hommes armés dans la nuit du mercredi à jeudi.
Très vite, les soupçons vont se focaliser sur la secte islamique Boko Haram
du Nigéria voisin. Assez rapidement d’ailleurs, une revendication viendra de la
part d’un homme se réclamant d’Ansaru, une faction dissidente de Boko Haram,
laissant dans la perplexité les spécialistes. Quel que soit l’auteur de cet
enlèvement, il faudra désormais repenser le type de présence d’expatriés dans
les régions reculées partout en Afrique.
L’enlèvement du père Georges Vandenbeusch, après l’enlèvement
de la famille Moulin-Fournier en Février, semble indiquer que les terroristes
sont en train d’adopter un nouveau mode opératoire. Avant, c’était des
représentants de l’Occident dans des entreprises ou des organismes officielles
qui étaient enlevés. Cette fois-ci, sans doute l’appât du gain facile amène ces
gens à se prendre à tout ce qui est occidental, principalement français pour
les cas précités. On peut même se demander si des hors la loi, sans appartenir
à des groupes bien précis n’aient pas senti le filon et qu’ils s’engagent comme
les chasseurs de primes du far West, à la recherche d’occidentaux qu’ils
revendraient ensuite à des groupes terroristes islamistes. Désormais, les
groupes islamiques savent qu’ils ne pourront plus, comme ils ont pu le faire au
Mali pendant un certain temps, prendre des villes et les gérer. La seule
possibilité qu’il leur reste est de maintenir l’insécurité dans les régions où
ils se trouvent pour pouvoir continuer à vivre. Cela signifie continuer de
trafiquer les stupéfiants et prendre des otages européens.
Le développement de la situation montre que les endroits
isolés sont d’une certaine vulnérabilité face à ce genre d’opérations,
notamment les paroisses et les presbytères. Les Grandes entreprises seront de
plus en plus protégées, laissant les missions à la merci de ces brigands de
grands chemins. Il faudra rapidement résoudre une contradiction qui naît de
cette situation. Ou bien protéger toutes les églises et presbytères, rendant
ainsi inaccessibles ces endroits qui, par essence, devraient être des lieux
ouverts à tous et alors réduisant les fruits de la pastorale pour protéger les
expatriés, ou bien demander à tous les expatriés de quitter les régions où il y
a un risque (et cela semble être la solution que voudrait adopter la France puisque
l’ambassadrice de la France, lors d’une tournée à Maroua aurait demandé aux
français de quitter la région). Cela ferait le jeu des terroristes parce que
ces endroits, déjà isolés, n’auraient pas un regard extérieur pour observer ce
qui s’y passe. Ces régions deviendraient alors des lieux de non-droit, loin de
tous les regards. Les islamistes pourraient alors se développer et se fortifier
pour frapper plus tard. Il y a dès lors un nouveau défi qui s'exprime dans les termes suivants: comment ne pas alimenter le terrorisme?
La naïveté pourrait faire croire que cela ne sera qu’un
phénomène circonscrit au nord Cameroun. Il y a une crainte pour une
généralisation de ces phénomènes dans toute l’Afrique, en commençant peut-être
par la zone Sahélienne mais se propageant partout, tel le cancer. Il faut donc
agir sans attendre qu’il y ait métastase.
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