dimanche 17 novembre 2013

Enlèvement d'étrangers, nouveau danger en Afrique ? (par Pascal Djimoguinan)


            Le jeudi 14 novembre, l’information qui se relaie dans la presse internationale est celle-ci : « Le père Georges Vandenbeusch, curé de la paroisse de Nguetchewe dans l’extrême-nord du Cameroun a été enlevé par des hommes armés dans la nuit du mercredi à jeudi. Très vite, les soupçons vont se focaliser sur la secte islamique Boko Haram du Nigéria voisin. Assez rapidement d’ailleurs, une revendication viendra de la part d’un homme se réclamant d’Ansaru, une faction dissidente de Boko Haram, laissant dans la perplexité les spécialistes. Quel que soit l’auteur de cet enlèvement, il faudra désormais repenser le type de présence d’expatriés dans les régions reculées partout en Afrique.

            L’enlèvement du père Georges Vandenbeusch, après l’enlèvement de la famille Moulin-Fournier en Février, semble indiquer que les terroristes sont en train d’adopter un nouveau mode opératoire. Avant, c’était des représentants de l’Occident dans des entreprises ou des organismes officielles qui étaient enlevés. Cette fois-ci, sans doute l’appât du gain facile amène ces gens à se prendre à tout ce qui est occidental, principalement français pour les cas précités. On peut même se demander si des hors la loi, sans appartenir à des groupes bien précis n’aient pas senti le filon et qu’ils s’engagent comme les chasseurs de primes du far West, à la recherche d’occidentaux qu’ils revendraient ensuite à des groupes terroristes islamistes. Désormais, les groupes islamiques savent qu’ils ne pourront plus, comme ils ont pu le faire au Mali pendant un certain temps, prendre des villes et les gérer. La seule possibilité qu’il leur reste est de maintenir l’insécurité dans les régions où ils se trouvent pour pouvoir continuer à vivre. Cela signifie continuer de trafiquer les stupéfiants et prendre des otages européens.

            Le développement de la situation montre que les endroits isolés sont d’une certaine vulnérabilité face à ce genre d’opérations, notamment les paroisses et les presbytères. Les Grandes entreprises seront de plus en plus protégées, laissant les missions à la merci de ces brigands de grands chemins. Il faudra rapidement résoudre une contradiction qui naît de cette situation. Ou bien protéger toutes les églises et presbytères, rendant ainsi inaccessibles ces endroits qui, par essence, devraient être des lieux ouverts à tous et alors réduisant les fruits de la pastorale pour protéger les expatriés, ou bien demander à tous les expatriés de quitter les régions où il y a un risque (et cela semble être la solution que voudrait adopter la France puisque l’ambassadrice de la France, lors d’une tournée à Maroua aurait demandé aux français de quitter la région). Cela ferait le jeu des terroristes parce que ces endroits, déjà isolés, n’auraient pas un regard extérieur pour observer ce qui s’y passe. Ces régions deviendraient alors des lieux de non-droit, loin de tous les regards. Les islamistes pourraient alors se développer et se fortifier pour frapper plus tard. Il y a dès lors un nouveau défi qui s'exprime dans les termes suivants: comment ne pas alimenter le terrorisme?
            La naïveté pourrait faire croire que cela ne sera qu’un phénomène circonscrit au nord Cameroun. Il y a une crainte pour une généralisation de ces phénomènes dans toute l’Afrique, en commençant peut-être par la zone Sahélienne mais se propageant partout, tel le cancer. Il faut donc agir sans attendre qu’il y ait métastase.

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