lundi 18 novembre 2013

Bangui, nouvelle Soweto ? (par Pascal Djimoguinan)


            Le weekend du 16 au 17 novembre n’a pas connu d’exception à Bangui en République Centrafricaine. Avec une régularité de métronome, depuis le début de novembre, la capitale de la RCA connaît des manifestations de protestation à la suite d’assassinats perpétrés par les éléments de l’ex Séléka ; en raprésailles, ces éléments mal intentionnés tirent sur les manifestants et augmentent le nombre des morts.

            Beaucoup se rappellent les images aux heures sombres de l’apartheid à Soweto en Afrique du Sud. On se rappelle les pneus brûlés sur la voie publique lors des manifestations. C’est l’image qui nous revient ces jours-ci lorsque nous nous promenons dans Bangui.

            Tout est parti de l’assassinat d’un magistrat par les anciens rebelles de la Séléka. Le magistrat Modeste Martineau Bria, directeur général des services judiciaires et son aide de camp ont été abattus pour les éléments de l’ex Séléka dans la nuit du samedi 16 au dimanche 17 novembre au quartier Sica II (au centre de Bangui) au moment où ils allaient quitter une buvette. Les assassins, au nombre de deux et venus à moto voulait braquer le véhicule du magistrat. Ils étaient habillés en civile et parlaient arabe ; l’un deux portait un grand boubou.

            Dans la journée du dimanche 17 novembre, le quartier Sica II était sens dessus-dessous. La population de ce quartier du 2ème arrondissement est sortie dans la rue pour manifester contre ce double assassinat. Elle a barricadé l’avenue France et brûlé des pneus pour protester. Il y a eu deux personnes tuées et d’autres blessés par balles lors de ces manifestions.

            On constate que la ville ne compte plus sur les autorités publiques pour assurer la sécurité de la ville. Les populations, abandonnées, pensent que seule la rue leur permettra le mieux d’exprimer leur ras-le-bol.

            Cette colère continue de grandir et la population est encore dans les rues au-delà du weekend. Les éléments des forces de l’ordre tentent de contrôler les événements et d’essayer de maîtriser les manifestants mais il est à craindre qu’il y aura des débordements.

            Il est grand temps d’arrêter de mettre de l’huile sur le feu. Il ne sert à rien de vouloir jouer aux pompiers pyromanes car la situation est en train d’échapper  à tout contrôle. Il faut agir pendant qu’il est encore temps. Les jours sont comptés.


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