vendredi 1 novembre 2013

Hebga ou la quête de rationalité jusqu’à l’impossible (par Pascal Djimoguinan)


            En Afrique, il est courant d’entendre des histoires qui rappellent de prime abord l’univers des contes et du merveilleux. On parle sans problèmes des hommes qui se transforment en animaux ou vice-versa, des gens qui se trouvent en plusieurs endroits à la fois, des plantes qui parlent, quelquefois pour sauver des hommes. Il est plus facile, au nom de la rationalité, de rejeter tout cela sans autre forme de procès. Mais suffit-il de ne plus s’y intéresser pour que le problème n’existe plus ? L’attitude rationnel ne consiste-t-elle pas à s’arrêter sur le sujet pour voir de quoi il retourne et de donner les raisons de la position qu’on adopte ?

            Plusieurs africains ont tenté d’aborder courageusement de problème, de s’y frotter peu ou prou et d’apporter des explications qui peuvent résister à la critique. Parmi ces hommes, nous pouvons citer Meinrad Hebga d’illustre mémoire, en sa qualité de philosophe anthropologue.

            Le titre de sa thèse de troisième cycle, soutenu à l’Université de Rennes nous montre qu’il est entré de plein pied dans le sujet qui nous interesse : « Le concept de métamorphose d’hommes en animaux chez les Basaa, Duala, Bantu du Sud-Cameroun ». C’est un sujet que l’on retrouve dans toutes les aires géographiques de l’Afrique. Les hommes peuvent-ils vraiment se transformer en animal ?

            Dans sa thèse d’Etat, cette fois soutenue en Sorbonne, Hebga essaie de voir « la rationalité d’un discours africains sur les phénomènes paranormaux ». Comment rendre compte des phénomène paranormaux comme les lévitations, les bilocations, les apparitions, les visions, les envoûtements et les sorcelleries…

            Pour lui, il sied de « réhabiliter les croyances métaphysiques et religieuses africaines qui se sont trop vite effacées devant l’irruption des philosophies et religions étrangères. » Une fois ce travail fait, il faut arriver à « saisir et exposer la rationalité du discours que les africains tiennent à leur endroit ».

            Hebga n’hésite pas à revisiter le schéma dualiste de la pensée occidentale, héritée en grande partie de la pensée grecque, qui pense l’homme comme corps-âme, pour le comparer à la pensée africaine qui en grande partie pense l’homme comme triade : corps-souffle et ombre. Cette triade forme un champ d’énergie complexe qui fait que l’homme est un être structurellement énergétique et relationnel. Si nous ne nous trouvons plus dans une conception cartésienne, on ne peut cependant pas nier à ce monde sa logique propre et sa cohérence profonde.

            Hebga n’hésitera pas à utiliser les données de la physique contemporaine, tant sur le plan de mécanique ondulatoire ou d’électromagnétique, de la physique quantique pour éclairer son raisonnement. Il en arrive à la conclusion que nous ignorons encore beaucoup de choses.

            Il serait intéressant de conclure avec un mot de Hebga dans son livre Sorcellerie, chimère dangereuse… ?

« L’on me demande parfois : ‘Croyez-vous à la sorcellerie et la magie ?’ Question claire et directe s’il en fut, mais à laquelle je ne puis répondre qu’avec un distinguo. Oui, je suis convaincu que certains individus sont doués d’une force paranormale dont la nature n’a pas encore été déterminée, force qui est probablement naturelle, une sorte d’énergie spéciale, mais qui dans certains cas pourrait bienêtre supraterrestre. Grâce à elle, ils produisent des effets extraordinaires, transitoires ou permanents sur leurs semblables, effets surtout mauvais qui dépassent le niveau de l’illusionnisme ou de la simple hallucination. Des faits nombreux, quelques-uns scientifiquement établis, la plupart constatés ou vécus dans le monde réel des personnes normales et équilibrées, faits irréductibles, drus, massifs, rebelles à tout escamotage par le moyen de théories religieuses ou scientifiques, sont là pour faire toucher du doigt la présence troublante de la sorcellerie et de la magie…

            En tant que chrétien et prêtre, je ne crois pas en la sorcellerie et en la magie noire, c’est-à-dire que je ne place point ma confiance en elles. Au reste je ne les redoute nullement… »


1 commentaire:

  1. Un éminent philosophe, dans le vrai sens du terme de philosophie ( mystérique donc occulte), un ésotériste chrétien fameux qui ne dit pas son nom, un voyant de surcroit. Pour le dernier qualificatif, qui oserait essayer de comprendre ces domaines particuliers sans l'être ou le devenir ? Osons, gnosons Gno-osons le soulignons humblement.

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