Debout ! Le Seigneur vient !
« Le peuple qui marchait dans les
ténèbres a vu se lever une grande lumière ;
et sur les habitants du pays de
l’ombre, une lumière a resplendi …
Car le joug qui pesait sur lui, la
barre qui meurtrissait son épaule,
le bâton du tyran, tu les as brisés » (Is 9,1.3).
Chers frères et sœurs dans le
Christ, Hommes et femmes de bonne volonté !
1. L’Année
Sainte de la Miséricorde que nous avons
vécue nous a permis de découvrir
à quel point Dieu aime l’homme, prend soin de lui et désire qu’il se
convertisse et qu’il vive. Nous avons aussi pris conscience de notre responsabilité
vis-à-vis du prochain que nous sommes appelés à aimer. La Fête de Noël est la
célébration de cet amour miséricordieux de Dieu qui se manifeste pour nous
et pour notre salut à travers la venue de son Fils Jésus dans notre
monde. Elle doit donc être, au dire de l’ange, un moment de « grande joie pour tout le
peuple » (Lc 2, 10). Mais dans
notre pays saturé de mauvaises nouvelles, comment accueillir cette Bonne
Nouvelle ?
2. Le contexte sociopolitique et économique dans
lequel nous allons célébrer cette fête est malheureusement marqué par d’importants
sujets d’inquiétude. Nous notons en premier lieu la controverse née autour de
la gestion des élections
présidentielles, le non versement des salaires et les mesures d’austérité
prises par le gouvernement pour juguler la crise économique et financière. Mais
il y a aussi les conflits intercommunautaires, en particulier les conflits
sanglants entre éleveurs et agriculteurs, qui continuent à causer des pertes
humaines et matérielles dans les familles.
3. Notre mission de
pasteurs nous met en contact permanent avec le peuple et nous sommes témoins de
ce qu’il vit quotidiennement. C’est pourquoi nous ne pouvons pas taire ce que
nous voyons et entendons et passer sous silence les souffrances et l’état de
désespérance de nos populations. Mais notre message de Noël de cette année se veut surtout un message
d’espérance et un
appel à tout faire pour sortir notre pays de la crise actuelle, qui menace gravement
la paix sociale et compromet sérieusement son avenir. Ce message est donc aussi
un appel à la conversion des cœurs car nous n’avons pas le droit, pour quelque
raison que ce soit, de renoncer à vouloir le bonheur de tous les citoyens, en
particulier des jeunes qui voient leur avenir compromis, sinon complètement
fermé.
I. LES SIGNES ET LES CAUSES DE LA CRISE
Au niveau politique
4. Nous constatons que la population développe de
plus en plus un sentiment d’abandon et un manque de confiance envers les
autorités administratives et traditionnelles. Elle se sent négligée et bafouée
dans ses droits élémentaires. Elle observe, impuissante, les nominations à des
postes de responsabilité au niveau de l’État qui souvent ne respectent pas les
critères de compétence. Elle est témoin du manque de dialogue entre le
gouvernement et l’opposition d’une part, et entre le gouvernement et la société
civile d’autre part, manque de dialogue qui constitue une menace réelle pour la
démocratie. Les citoyens sont
instrumentalisés et exploités par les hommes politiques, en particulier
pendant les périodes électorales.
5. Les récentes mesures d’urgence, prises de manière brusque, sans
concertation avec les partenaires
sociaux et sans explication à la population, au lieu d’être vues comme des
solutions appropriées, suscitent plutôt
des inquiétudes. Le dialogue de sourds qu’on observe actuellement est le signe
que ces décisions ne sont pas
convaincantes.
6. Les problèmes politiques sont dus au fait que
ceux qui détiennent le pouvoir à tous les échelons de l’État recherchent plutôt
leurs propres intérêts au lieu de servir
le bien commun. L’ouverture démocratique que la Conférence Nationale Souveraine
(CNS) du 15 janvier au 07 avril 1993 a voulu mettre en place n’a pas tenu ses
promesses car les acteurs politiques
n’ont pas joué leur rôle comme il se devait. D’un côté, le pouvoir n’a pas pu
faire observer les idéaux de justice et d’équité consacrées par la CNS, et de
l’autre, l’opposition n’a pas été capable de jouer son rôle de contrepouvoir. Il
règne aussi un climat de méfiance et de suspicion vis-à-vis du processus
électoral que beaucoup considèrent comme
peu transparent.
7. Le report sans date définie des élections
législatives pour renouveler le parlement, arrivé à la fin de son mandat, amène même certains à
s’interroger sur la légitimité de nos
Institutions.
8. Aux manquements du pouvoir et de l’opposition,
il faut encore ajouter les faiblesses de la société civile et de la presse qui
souffrent de manque de coordination et de professionnalisme. Cela ne leur
permet pas d’assurer leurs fonctions de régulation de la chose publique et
d’éveil des consciences.
Au niveau économique
9. La découverte récente du pétrole a fait perdre
au pays sa vocation agricole et d’élevage. Le pétrole, produit tarissable et à prix aléatoire, est devenu le premier
pilier du budget de l’État. Mais la mauvaise gestion des revenus pétroliers et
la chute brutale du prix du baril ont révélé, comme c’était prévisible, la
fragilité d’une économie basée sur cette ressource qui suscite par contre tant d’appétits.
10. La dévastation des champs par les troupeaux et
la mévente des produits agricoles amènent le paysan à s’interroger sur la
valeur du métier d’agriculteur. Face au manque d’appui et de défense de la part
du gouvernement, il se demande s’il n’y
a pas une politique de dévalorisation de
l’agriculture. À cause de l’avancée du désert, les éleveurs sont contraints de
partager les mêmes espaces avec les agriculteurs. Ce qui aggrave les conflits. Ils sont, eux aussi, victimes de rackets et de
perte de leur bétail.
11. L’élevage
lui-même, pour des raisons purement financières et malgré l’interdiction faite
au fonctionnaire d’exercer une activité privée lucrative (Loi no 17/PR/2001/ portant
statut général de la fonction publique, art. 18), est de plus en plus pratiqué
par les autorités administratives et militaires. Ce qui fait que, quand
survient un conflit entre éleveurs et agriculteurs, il y a souvent un parti
pris. Face à une justice qui a tendance
à donner raison aux éleveurs, parfois puissamment armés, les agriculteurs sont
de plus en plus tentés de se faire justice, même au prix de leur vie. Ce qui
engendre violences et répressions. Les
derniers événements de Miandoum et de Bologo en sont de tragiques exemples.
12. De même,
l’absence de volonté politique de promouvoir équitablement les deux secteurs économiques
de l’élevage et de l’agriculture fait perdurer le conflit entre éleveurs et
agriculteurs.
13. Le non respect
des règles du commerce par des personnes qui se sentent protégées et les attributions
complaisantes des marchés publics contribuent à la monopolisation de l’économie
entre les mains de quelques-uns. Les taxes et les impôts qui devraient
alimenter les caisses de l’Etat sont en partie détournés, ce qui constitue un
manque à gagner pour les recettes de l’État et l’empêche de remplir ses
obligations.
14. Finalement, le
manque de prévoyance dans la gestion des ressources économiques, l’impuissance
des autorités à prendre des mesures concrètes pour combattre la corruption et poursuivre
les auteurs de détournements de fonds publics, sont parmi les causes
principales de la situation catastrophique de notre économie.
Au
niveau social
15. Le non versement
des salaires, les suppressions d’emplois, la fermeture d’entreprises et la
mauvaise gestion des biens et de l’argent par
les salariés eux-mêmes, sont à l’origine de la crise sociale actuelle. En
effet, le pouvoir d’achat des ménages a
fortement diminué et beaucoup de personnes n’arrivent pas à manger à leur faim,
à se soigner, à se loger et à payer la scolarité de leurs enfants. Les grèves
déclenchées par les centrales syndicales paralysent l’économie et la vie
sociale. Les écoles et les universités sont fermées. Les centres de santé et
les hôpitaux tournent au ralenti.
16. À cause de la répartition
jugée non équitable des revenus nationaux et de la mauvaise gestion des
ressources humaines et des compétences du pays, un grand nombre de Tchadiens se
sentent frustrés ou mis en marge de la société. Le non respect des droits
fondamentaux des personnes et la déficience du système de sécurité sociale
conduisent la population à vivre dans la précarité.
17. Cette situation
paralyse la vie sociale et elle est cause de frustration, de
démotivation, de démission de ses responsabilités, d’insensibilité à la chose
publique. Elle augmente aussi le nombre de
cas sociaux et la violence: des individus se livrent au vol, au
viol, à l’extorsion des biens, aux enlèvements contre rançon.
Au niveau culturel
18. La Constitution de
la République du Tchad affirme l’égalité de tous les citoyens devant la Loi et reconnaît
la sacralité de la vie humaine (Art. 13 et 17). Mais le repli identitaire et le
recours aux pratiques traditionnelles poussent
à poser des actes contraires aux lois républicaines.
19. Par exemple, la
« Dya », qui est une pratique coutumière particulière, tend à s’imposer de manière unilatérale à
toutes les ethnies du pays, sans tenir compte des autres coutumes. On prétendrait
même qu’elle peut remplacer la justice. De toutes façons, son application de
manière arbitraire, et la plupart du temps pour des intérêts économiques, se
fait en violation de la Constitution dans ses Articles 25 et 26. Elle est le symptôme de la perte de l’autorité
de l’Etat.
20. La difficulté de vivre sous une même
identité nationale et le manque d’assimilation des valeurs républicaines sont
les causes de la crise identitaire que nous connaissons aujourd’hui. On en
vient à se demander ce que signifie être tchadien. Avons-nous réellement la
volonté de vivre ensemble, sous une même identité nationale, en essayant de
surmonter ce qui nous divise ?
Au niveau moral
21. Cette situation
telle que décrite fait perdre aux citoyens le sens du bien. Beaucoup agissent sans tenir compte des valeurs
morales. Alors se multiplient les cas de violation des droits de l’homme. L’impunité,
la corruption, le mensonge, le mépris de l’autre, les détournements de fonds
publics sont devenus des pratiques courantes et difficiles à combattre.
22. La dégradation
des valeurs culturelles, la volonté de domination des uns sur les autres, la
cupidité sont des causes d’injustices et d’exactions répétées dont souffrent
nos compatriotes.
Au niveau religieux
23. Cette
dégradation morale a un lien avec le manque de confiance en Dieu. Devant des
situations difficiles, les croyants ont recours aux pratiques occultes telles
que la consultation des devins et le
maraboutage. Les cas d’accusation de sorcellerie se multiplient à plusieurs
endroits.
24. La cause de cette situation est que
plusieurs croyants ne vivent pas selon les exigences de l’enseignement de nos
religions qui exhortent à une cohérence de vie. Il y a souvent un écart entre ce que nous croyons et
ce que nous vivons.
II. PAROLES D’ESPERANCE
25. « Je
conduirai les aveugles par un chemin qu’ils ne connaissent pas, je les ferai cheminer par des sentiers qu’ils
ne connaissent pas, devant eux, je
changerai l’obscurité en lumière » (Is 42,16). Ces paroles d’espérance sont prononcées par le prophète pour encourager
le peuple qui vivait un moment difficile
de son histoire.
26. En effet, le peuple d’Israël a connu l’oppression,
l’exploitation, l’arbitraire du pouvoir politique. Le prophète Michée par
exemple a dénoncé cette situation de misère : « Malheur
à ceux qui préparent leur mauvais coup et, du fond de leur lit, élaborent le
mal ! Au point du jour, ils l’exécutent car c’est en leur pouvoir. S'ils
convoitent des champs, ils s'en emparent ; des maisons, ils les prennent; ils saisissent le maître et sa maison, l'homme et son héritage » (Michée
2,1-2).
27. Notre pays traverse aujourd’hui une grave
crise socio-économique et politique comme au temps d’Israël. Le peuple attend
des signes d’espérance, des paroles d’encouragement et une vie sociale apaisée. Pour nous croyants, nos raisons
d’espérer se trouvent en Dieu qui agit toujours dans notre histoire et nous
éclaire de sa Parole.
28. Devant la
souffrance actuelle, Dieu ne reste pas sourd à nos cris. Comme pour le peuple
d’Israël détenu en esclavage en Égypte, Dieu assure son peuple de son amour et
de sa miséricorde et lui dit comme autrefois : « J’ai vu, j’ai vu
la misère de mon peuple… J’ai entendu son cri devant ses oppresseurs… Je
connais ses angoisses. Je suis descendu pour le délivrer… » (Ex 3,
7-8).
29. Nous sommes comme dans une barque secouée par
la tempête, et le Christ nous dit : « Confiance ! C’est
moi ; n’ayez plus peur !» (Mt 14,27). Notre premier appui c’est
notre confiance en Christ et en sa Parole. Avec Lui, tenons-nous debout pour
continuer à nous battre afin de ne pas tomber dans le découragement et réaliser
ce que Dieu attend de chacun de nous : « Homme, on t'a fait connaître
ce qui est bien, ce que le Seigneur
réclame de toi: rien d'autre que respecter le droit, aimer la fidélité et
t’appliquer à marcher avec ton Dieu » (Michée 6,8).
III. QUE DEVONS-NOUS FAIRE ?
30. Comme citoyens, nous sommes appelés à nous
unir autour des valeurs favorisant la cohésion sociale afin de poser des actes
solidaires pour sortir de cette crise.
31. En effet, la crise que nous traversons
nous renvoie tous à nos propres responsabilités.
Chacun de nous doit se demander sincèrement : que dois-je faire pour
sortir mon pays de cette
situation ? C’est pour cela que nous lançons un appel pressant à tous ceux et celles qui
ont le pouvoir de décision et à toutes les couches sociales. En réponse aux
maux relevés ci-dessus, il y a urgence à agir. Nous avons l’obligation de
réfléchir ensemble sans plus attendre car nous estimons qu’il est urgent de
nous ressaisir sous peine de voir notre pays sombrer dans une crise encore plus
grave, et même dans la violence.
Aux
dirigeants (Gouvernement et Parlement)
32. Votre responsabilité est grande dans la
crise actuelle. Nous vous exhortons à œuvrer au rétablissement de la confiance
entre les différents acteurs du champ politique, en garantissant un jeu
démocratique transparent et régulier ainsi qu’une gouvernance visant à
promouvoir l’équité, la justice et le droit.
33. Il vous revient de veiller au respect
des institutions publiques et à leur indépendance, d’assurer la régularité de
toutes les échéances électorales, élément constitutif de la démocratie, et de
conduire le processus de décentralisation jusqu’au bout. De même, il vous
revient de garantir une gouvernance conforme à la Constitution, qui est la loi
fondamentale pour tous, et aux valeurs morales
et républicaines.
34. Il incombe à l’État de créer, dans
l’esprit de la Conférence Nationale Souveraine, un cadre de dialogue qui inclut
tous les acteurs de la vie publique et les institutions organisées de la
société civile afin qu’ils puissent contribuer à trouver des solutions
consensuelles à la grave crise actuelle.
35. Les Parlementaires en particulier
doivent dépasser les clivages et les calculs politiciens et jouer leur rôle qui consiste à légiférer dans l’intérêt du peuple qui a placé sa
confiance en eux et à assurer le contrôle de l’action gouvernementale.
Au pouvoir judiciaire
36. Le non respect des
lois, l’impunité systématique et la
corruption font partie des causes principales de la crise que nous vivons. Il vous revient de
combattre ces fléaux et, pour cela, vous devez assumer votre indépendance vis-à-vis
du pouvoir exécutif et dire le droit pour promouvoir la justice et la paix
sociale. La Justice doit garantir les libertés fondamentales.
Aux partis politiques
37. Les trop nombreux
partis politiques, créés sans un programme clair qui les distingue les uns des
autres, semblent n’avoir souvent d’autres objectifs que la conquête du pouvoir
alors que, selon son vrai sens, faire de la politique c’est chercher la
meilleure manière de gouverner pour le bien-être de la population. Évitez l’instrumentalisation des populations pour
des intérêts égoïstes et assurez régulièrement
la formation politique de vos militants pour une participation
active et lucide aux échéances électorales.
Aux autorités traditionnelles
38. La complicité de beaucoup d’entre vous
avec les tenants du pouvoir et de l’argent est nuisible pour ceux dont vous
avez la responsabilité. Il vous revient d’œuvrer à la base pour garantir
l’unité nationale et la cohésion sociale
et de jouer effectivement votre rôle de gardiens des us et coutumes dans le
respect des valeurs républicaines.
Aux
autorités religieuses
39. Quelle que soit notre religion, nous avons
l’obligation de promouvoir le dialogue interreligieux pour construire notre
pays dans la justice et la paix. Et pour cela, nous exhortons les croyants à
vivre, sans esprit de prosélytisme, les valeurs contenues dans nos différentes
traditions religieuses et culturelles.
À la presse
40. Il fait partie de votre mission d’éveiller la
conscience de la population et de dénoncer les abus institutionnels. Pour mener
à bien cette grande tâche, vous devez respecter la déontologie propre aux médias, cultiver le professionnalisme et
avoir la passion de faire connaitre la vérité.
A la Société Civile
41. La Société Civile, qui
regroupe les associations à caractère non gouvernemental et à but non lucratif, dont
font partie les associations religieuses, est un acteur important dans la promotion
des valeurs démocratiques. Il vous revient de veiller au respect des droits des
personnes vulnérables et d’assurer la formation civique des citoyens.
Aux
jeunes
42. Devant cette crise, résistez à
la tentation de la violence et du découragement. Quoi qu’on dise ou fasse, le
futur de ce pays vous appartient. Il vous revient de frayer un chemin nouveau,
loin des sentiers battus marqués par les erreurs du passé. Ceci passe par la
tolérance, le respect des différences et des convictions et l’acceptation réciproque.
43. Pour nous, fidèles croyants au Christ Jésus qui
est le don de Dieu, manifesté pour le salut de tous les hommes, que le rappel
de sa naissance nous apprenne « à
renoncer à l’impiété et aux convoitises de ce monde et à vivre dans le temps présent
de manière raisonnable avec justice et piété » (Tite 2, 11-12). Que
Dieu Tout Puissant, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, bénisse notre pays.
Joyeux Noël
et Bonne Année 2017 !
Jean-Claude BOUCHARD, évêque de
Pala, président de la CET
DJITANGAR GOETBE Edmond, archevêque de N’Djamena et
administrateur apostolique de Sarh
Miguel SEBASTIAN, évêque de Laï
et administrateur apostolique de Doba
Rosario Pio
RAMOLO, évêque de Goré
Joachim KOURALEYO TAROUNGA, évêque de Moundou
Henri COUDRAY, vicaire apostolique de Mongo
Martin WAINGUE, évêque élu
de Doba
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire