La Centrafrique fait enfin la une des médias. Il était
temps qu’on s’intéresse à ce pays qui, sombrait doucement, à l’indifférence
générale de la communauté internationale. On sait en gros que la France va
augmenter son contingent de 800 hommes. Ceux-ci vont se joindre aux 400 déjà
sur place pour aider la MISCA à restaurer la sécurité dans le pays. Personne ne
sait cependant exactement comment vont se présenter les choses. Il serait
peut-être intéressant de se perdre en conjecture et tenter d’imaginer les cas
de figures possibles.
La priorité est d’aider la Centrafrique à sortir de la
crise. Selon le porte-parole du Quai d’Orsay, Romain Nadal, « La France est mobilisée pour tenter
de parvenir une sortie de crise en République centrafricaine où la situation
humanitaire et sécuritaire reste dramatique ». On sait que cette crise
est multidimensionnelle et il faudra s’attaquer à plusieurs points en même
temps. Comment résoudre les problèmes sécuritaires et humanitaires en même
temps sans confondre les différents volets de l’opération qui va se mettre en
branle ? Tel est le défi que devra relever la communauté internationale.
Dans un premier temps, il faudra que l’ONU adopte un
projet de résolution que la France présentera la semaine prochaine. Il est
clair pour tout le monde que tout doit se faire sous mandat des Nations-Unis.
Il faut donc voir ce que cette résolution, qui sera certainement adoptée, propose.
- Dans un premier temps, ce projet de résolution adresse
des messages fermes aux autorités de transition en RCA, afin que les
engagements sur la transition politique, les droits de l’Homme et la
réconciliation nationale soient tenus et que les élections aient lieu au plus
tard en février 2015.
- Ensuite faire du rétablissement de la sécurité une
priorité. Il faudra que la MISCA (la force africaine en cours de déploiement)
puisse disposer d’un mandat robuste. La France apportera son concours à la
mission sécuritaire de la force africaine.
- La MISCA devra être transformée en opération de
maintien de la paix sous « casque bleu ».
- Il y aura un régime de sanctions, notamment contre les
individus qui entravent le processus politique, y compris des atteintes aux
droits de l’Homme ou l’exploitation illégale des ressources naturelles.
Si le projet de résolution prend en compte les accords de
Libreville et la déclaration de N’Djamena, il faut cependant savoir que cela ne
protège pas les auteurs des violations des droits de l’Homme ; certaines
violations qui ont été commises constituent des crimes de guerre. Il faut
rappeler que la RCA a ratifié le statut de Rome.
On est donc en droit de se demander si la transition
restera telle quelle est aujourd’hui. Peut-être que la justice devra aussi
passer par-là ! Ce qui est sûr c’est qu’après l’intervention française, il
faudra s’attendre à un nettoyage. Les violations des droits de l’Homme ont
atteint un tel niveau qu’on ne pourra pas tout simplement fermer les yeux.
Jusqu’où peut-on faire remonter les responsabilités ?