mardi 28 octobre 2014

Sarh, ville où les piétons sont rois (par Pascal Djimoguinan)



            Comme de bons citoyens, nous avons cru quand les autorités nous disaient qu’il n’y aura pas de pénurie de carburant et que les réserves de sécurité ont été faites. Comme de bons citoyens, nous avons cru que les longues queues devant les stations-services n’étaient qu’éphémères. Un mois après, force nous est de constater que la situation ne s’est pas du tout améliorée ; au contraire, elle s’est détériorée au point où l’on se demande s’il est encore possible que les activités se déroulent normalement. La ville de Sarh est arrivée au bout du supportable.
            Un état des lieux. Quels sont les prix officiels du carburant à Sarh ? Un simple passage dans les stations-services peut nous aider à répondre à cette question. Le litre du super est à 525frs, le gazole est à 570frs mais ça, c’est le langage officiel. Dans la matinée, on voit de longues files s’aligner jusqu’à plus de 100 mètres des stations, essayant d’avoir quelques litres de carburant. En fait tout est rationné. Pour éviter que le carburant ne soit revendu par la suite, il y a un quota de 20 litres par voitures et 5 litres par moto. Vers la fin de la matinée, les stations-services ferment.
            Au quartier, il y a un commerce occulte, véritable trafic fait par de vrais maffiosi. Vous ne trouverez nulle part du carburant chez les vendeurs ; officiellement ils n’en ont pas.
            Pourtant certaines personnes savent où se le procurer. Il y a alors une flambée de prix. Le super se vend entre 4000 francs et 5000 francs, le gazole entre 1500 et 2000francs.
            Comme le carburant est rare, le nombre de motos taxis a considérablement diminué. Il est très rare d’en trouver et si par chance on en trouve, le prix de la course varie entre 1500 francs et 2000 francs.
            La population sarhoise a renoué avec la marche. Partout, on voit des files de piétons qui colonisent les rues dégarnies de motos taxis. Des foules de personnes parcourent des kilomètres pour se rendre soit aux lieux du travail, soit à l’école. Les plus nantis se sont procuré des bicyclettes.
            Des rumeurs de débrayages courent et certains établissements ont même déjà arrêté les cours. L’argument en vaut la peine. Pour pouvoir travailler, il faut pouvoir se rendre sur les lieux, or pour le moment, par manque de carburant, il est quasi impossible de le faire.
            Les autorités de la place semblent pour le moment être dépassées par les événements. Pourront-elles mieux réagir dans les jours à venir ? L’avenir nous le dira mais rien n’est moins sûr quand on voit l’incurie des autorités ces jours-ci !




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