lundi 27 octobre 2014

Le pinson et le margouillat (par Pascal Djimoguinan)



(Ceci est un conte didactique ; au temps où la télévision n’existait pas encore, l’éducation à la vie et à l’amour se faisait au sud du Tchad avec ce conte qui avait un très grand succès auprès de jeunes et moins jeunes)
            A l’heure où la saison sèche tire à sa fin et que les signes annonciateurs de la saison de pluies apparaissent, Pinson (petit oiseau appelé dans les langues sara Titi) dit au margouillat : « Allons chercher la paille pour construire nos maisons car la pluie sera bientôt là. » Le margouillat lui répondit : « Je n’ai pas de problème pour trouver un endroit pour dormir. Je dors quelquefois dans un trou en brousse, quelquefois dans le creux d’un arbre mort. Pourquoi me peiner à couper la paille en brousse pour faire les toits ? »
            Le pinson (Titi) alla seule couper la paille pour refaire sa case. La saison de pluies arriva et il tomba une forte pluie. La margouillat courut vers les trous en brousse mais tous étaient pleins d’eau. Il courut vers le creux de l’arbre mais là également il y avait de l’eau.
            Le margouillat courut alors chez Pinson (Titi) et lui dit : « Donne-moi quelques coups de ta spatule sur mon pouce et laisse-moi entrer chez toi : la pluie me mouille et je suis tout transi ».
            Titi donna quelques coups de spatule sur le pouce du margouillat et le laissa entrer dans sa case. « Titi, titi, dit le margouillat, donne-moi quelques coups de ta spatule sur mon pouce et laisse-moi monter sur ton lit pour que nous fassions l’amour. » Le margouillat monta sur le lit et l’embourra. Titi lui donna quelques coups de sa spatule sur le pouce pour le faire descendre mais le verge du margouillat resta coupée dans son vagin.
            Le matin, le margouillat sortit et se rendit aux champs. Titi appela un de ses enfants et lui dit : « Apporte-moi le poinçon pour que je retire un morceau de corde. » Elle retira la verge du margouillat de son vagin et rendit le poinçon à l’enfant. Puis elle le fit cuire et en fit une sauce qu’elle déposa sur un meuble tout près de la case.
            Elle dit à ses enfants : « Si à son retour, le margouillat vous invite à manger avec lui, dites-lui que vous avez déjà mangé avec moi et que vous n’avez plus faim. »
            Le margouillat, à son retour des chams, invita les enfants à manger avec lui mais tous suivirent la consigne laissée par leur mère. Il mangea donc seul ; il alla ensuite sur la place du village pour danser car il y avait un sacrifice de levée de deuil au village.
            Le margouillat se mit à chanter : « motoum nagni moud titi-t ! motoum nagni moud titi-t ! Mon zizi est resté dans le vagin de titi ! Mon zizi est resté dans le vagin de titi ! »
            Les gens dansèrent jusque tard dans la nuit. Titi sorti du cercle pour danser et se mit à chanter : « mkoul gui-nd moti madi hon ! mkoul ngui-ndi moti madi hon !  Ton bout de zizi, j’en ai fait la sauce longue que tu as savourée ! Ton bout de zizi, j’en ai fait la sauce longue que tu as savourée ! »
            C’est depuis ce temps que l’homme doit construire sa propre case quand il veut se marier.


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