Comment pourrions-nous nommer le XXIème siècle ? Est-ce un siècle sans
diplomatie ? Ou bien pouvons-nous dire qu’une mutation s’est faite sans
que nous ne puissions nous rendre compte, au point que le monstre qui en est
sortie nous dépasse tous. Où pouvons-nous placer le début de ce XXIème siècle ?
Peut-être que les débuts du siècle se situent à la première guerre du golfe,
lorsque les pressions de la diplomatie classique ont cédé le pas aux
interventions militaires massives dans le Proche et le Moyen Orient.
Le XXème siècle
avait connu les deux grandes guerres et ceux qui y avaient pris part avaient
compris que la guerre n’engendrait que des destructions et que personne n’en
sortait vainqueur. C’est dans cette optique que nous pouvons comprendre la
logique de la guerre froide qui a duré plusieurs décennies pour ne prendre fin
qu’avec la chute de l’empire soviétique.
Les chancelleries occidentales avaient compris qu’elles
gagnaient plus avec la diplomatie classique, faite de négociations, de
pressions et quelquefois de conflits régionaux à petites échelles.
Jusqu’à ce jour, on n’a pas assez pris la mesure du
basculement de paradigme en jeu lorsque sur les tribunes des Nations-Unies, le 14 février 2003,
Dominique de Villepin a fait son fameux discours lorsqu’il fallait, sous la houlette des États-Unis, envoyer des troupes en Irak chasser Saddam Hussein. Ce fut à ce moment que le fragile équilibre du Moyen-Orient a été rompu.
Les États-Unis des Bush puis celles d’Obama ne vont plus
hésiter d’intervenir directement dans des conflits locaux. Toute la philosophie
politique va changer. Les insurrections vont désormais être en odeur de
sainteté alors que les régimes en place seront combattus par de « respectables
démocraties » occidentales. La force des États-Unis a été de tourner les
medias au service d’une idéologie bien-pensante qui « croque » les
dictateurs.
Même le Moyen-Age, souvent décrié, a réussi à mettre en
place des critères de la « guerre juste ». Aujourd’hui, on n’en a
cure. La situation nouvelle est-elle meilleure que l’ancienne ? Seul le
discours qui masque les réalités compte.
C’est dans cette triste logique que nous pouvons
comprendre le « fameux printemps arabe », la chute de Kadhafi et
autre.
Les Occidentaux créent et soutiennent des oppositions en
feignant ignorer des agendas islamistes cachés. Cela a aidé à la montée d’un
islamisme intégriste. Le résultat est là mais l’Occident refuse de le
voir : la Lybie est devenue ingouvernable et les islamistes y font leur
loi, avec Aqmi aux aguets dans la sous-région. La Tunisie n’est pas encore
complètement sortie de la tourmente. L’Egypte se trouve dans l’œil du cyclone.
L’Afghanistan balance. L’Irak est un volcan qui sommeille. La Syrie est devenue
le lit d’un Etat islamiste.
Que le Royaume Uni suive sans discuter les Etats-Unis,
cela se comprend ; mais que la France commence à gonfler les muscles et à
vouloir aider l’insurrection, cela détonne. La France sort de son rôle
traditionnel.
Il est temps de revenir à la diplomatie classique avant
que le bateau ne coule. Par l’Ukraine, les désordres semés ailleurs commencent
à se rapprocher de l’Europe. Il faut arrêter d’alimenter les conflits et
d’encourager les insurrections.
Le monde gagnerait plus d’un travail pour une
démocratisation de plus en plus grande des sociétés. Encourager les sociétés
civiles, permettre que les partis politiques se mettent en place, aider à avoir
des textes clairs pour que les différents États fonctionnent normalement.
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