mardi 21 octobre 2014

L’échec de la nouvelle diplomatie arabe de l’Occident (par Pascal Djimoguinan)



            Comment pourrions-nous nommer le XXIème  siècle ? Est-ce un siècle sans diplomatie ? Ou bien pouvons-nous dire qu’une mutation s’est faite sans que nous ne puissions nous rendre compte, au point que le monstre qui en est sortie nous dépasse tous. Où pouvons-nous placer le début de ce XXIème siècle ? Peut-être que les débuts du siècle se situent à la première guerre du golfe, lorsque les pressions de la diplomatie classique ont cédé le pas aux interventions militaires massives dans le Proche et le Moyen Orient.
            Le  XXème siècle avait connu les deux grandes guerres et ceux qui y avaient pris part avaient compris que la guerre n’engendrait que des destructions et que personne n’en sortait vainqueur. C’est dans cette optique que nous pouvons comprendre la logique de la guerre froide qui a duré plusieurs décennies pour ne prendre fin qu’avec la chute de l’empire soviétique.
            Les chancelleries occidentales avaient compris qu’elles gagnaient plus avec la diplomatie classique, faite de négociations, de pressions et quelquefois de conflits régionaux à petites échelles.
            Jusqu’à ce jour, on n’a pas assez pris la mesure du basculement de paradigme en jeu lorsque sur les tribunes des Nations-Unies, le 14 février 2003,


Dominique de Villepin a fait son fameux discours lorsqu’il fallait, sous la houlette des États-Unis, envoyer des troupes en Irak chasser Saddam Hussein. Ce fut à ce moment que le fragile équilibre du Moyen-Orient a été rompu.
            Les États-Unis des Bush puis celles d’Obama ne vont plus hésiter d’intervenir directement dans des conflits locaux. Toute la philosophie politique va changer. Les insurrections vont désormais être en odeur de sainteté alors que les régimes en place seront combattus par de « respectables démocraties » occidentales. La force des États-Unis a été de tourner les medias au service d’une idéologie bien-pensante qui « croque » les dictateurs.
            Même le Moyen-Age, souvent décrié, a réussi à mettre en place des critères de la « guerre juste ». Aujourd’hui, on n’en a cure. La situation nouvelle est-elle meilleure que l’ancienne ? Seul le discours qui masque les réalités compte.
            C’est dans cette triste logique que nous pouvons comprendre le « fameux printemps arabe », la chute de Kadhafi et autre.
            Les Occidentaux créent et soutiennent des oppositions en feignant ignorer des agendas islamistes cachés. Cela a aidé à la montée d’un islamisme intégriste. Le résultat est là mais l’Occident refuse de le voir : la Lybie est devenue ingouvernable et les islamistes y font leur loi, avec Aqmi aux aguets dans la sous-région. La Tunisie n’est pas encore complètement sortie de la tourmente. L’Egypte se trouve dans l’œil du cyclone. L’Afghanistan balance. L’Irak est un volcan qui sommeille. La Syrie est devenue le lit d’un Etat islamiste.
            Que le Royaume Uni suive sans discuter les Etats-Unis, cela se comprend ; mais que la France commence à gonfler les muscles et à vouloir aider l’insurrection, cela détonne. La France sort de son rôle traditionnel.
            Il est temps de revenir à la diplomatie classique avant que le bateau ne coule. Par l’Ukraine, les désordres semés ailleurs commencent à se rapprocher de l’Europe. Il faut arrêter d’alimenter les conflits et d’encourager les insurrections.
            Le monde gagnerait plus d’un travail pour une démocratisation de plus en plus grande des sociétés. Encourager les sociétés civiles, permettre que les partis politiques se mettent en place, aider à avoir des textes clairs pour que les différents États fonctionnent normalement.

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