dimanche 19 octobre 2014

RCA : entre larmes et sang (par Pascal Djimoguinan)



            Il ne se passe de jour où les nouvelles qui viennent de la République centrafricaine soient plus alarmantes les unes que les autres. Incidents armés, scandale financier, ultimatums, prise d’otages, médiations. Il y a dans tous ces ingrédients de la crise, de quoi s’inquiéter pour l’avenir du pays.
            Le weekend du 18 au 19, on apprenait qu’une délégation de la médiation internationale dans la crise centrafricaine était en visite à Bangui pour rencontrer les autorités et les groupes armés pour ramener le calme après les violences connues depuis deux semaines.
            C’est à l’initiative du médiateur dans la crise centrafricaine le président Denis Sassou Nguesso que cette délégation, composée du ministre des affaires étrangères congolaise Basile Ikouébé et du chef de la mission de l’ONU en Afrique centrale Abdoulaye Bathily s’est rendue à Bangui et a commencé un travail de conciliation entre les différentes parties qui aliment la crise centrafricaine.
            Il est fort regrettable que les groupes armés se soient pris, pendant cette crise, aux forces de l’ONU. Il ne faut pas que les soldats de la paix deviennent des pièces pour faire monter la crise.
            Des éléments qui ont fait monter cette dernière crise méritent d’être examinés à la loupe et la communauté internationale ne devrait pas permettre une récidive.
            Le scandale autour de l’aide apportée par l’Angola pour aider la Centrafrique relève sinon d’un amateurisme très fort au sommet de l’Etat, du moins d’une mauvaise foi à fleur de peau. L’Etat centrafricain a besoin de l’aide financier pour fonctionner. Si l’on ne peut pas faire confiance aux hautes autorités du pays, plus personne ne consentira à donner de l’argent à la Centrafrique. Très vite, il faut que la lumière soit faite sur ce qui s’est passé et que des verrous soient mis pour éviter que cela recommence.
            Des antibalakas ont donné un ultimatum à la présidente de transition et ont réussi à immobiliser Bangui. Ils ont forcé l’exécutif à négocier avec eux. On peut dire que ce sont les forces négatives qui font la loi à Bangui et dans les différentes villes, sans que les forces Sangaris et celles de l’ONU ne puissent s’imposer. Cela est très inquiétant car on se demande bien ce que ces forces font là-bas. Ne disposent-elles pas de mandats clairs ? Encore pire, tout comme les civiles, les casques bleus font les frais de la colère des milices en toute impunités.
            Alors que les affrontements continuent avec leurs lots de viols, de braquages et de pillages avec un sentiment de puissance chez les différents groupes armés, on voit mal comment la sécurité peut revenir.
            La question qu’il faut avoir le courage de se poser en Centrafrique en ce moment est celle-ci : Y a-t-il un maître dans le bateau ? Et s’il y a un maître, qui est-il réellement ?



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