Tu t’en es allée, petite
fille,
Tu n’as pas de nom, tu n’as
pas de visage,
Tu es simplement la fillette
de Kayes au Mali.
Pourtant, tu représentes
tout le continent noir.
Ta souffrance et ta mort
disent la souffrance et la mort de beaucoup d’anonymes.
Tu n’as pourtant rien fait
pour subir un pareil sort.
Tu as fait l’objet d’un
communiqué laconique des autorités de ton pays
Comme tous ces pauvres gens
qui chaque jour succombent sous le poids
D’un fardeau toujours trop
lourd :
« Malgré
les efforts considérables déployés par les services de santé, l’enfant malade a
succombé ».
Tu seras bientôt oubliée,
effacée des mémoires car tu viens déranger les habitudes.
Tu as simplement voyagé en
Guinée et c’est là que tu as fait la rencontre de l’hôte indésirable.
Tu es un enfant, une fille,
une africaine ; il n’y a aucune malédiction là !
J’ôte mon chapeau et je te
rends hommage ma fille, ma sœur, ma mère, mon amie,
Victime expiatoire sur l’autel
de nos négligences, de nos gabegies ;
Et moi, dans un silence
complice, je crée des conditions pour que d’autres fillettes,
Faute de soins, continuent
de mourir dans nos hôpitaux mouroirs.
J’ai mal de moi, de toi, de
l’Afrique !
Que plus jamais un enfant ne
meurt faute de soin !
Adieu petite fille de Kayes,
que la terre des ancêtres te soit légère !
Je n’ose dire de requiem
pour toi mais je chante ta vie ; tu es là et tu nous invite à la lutte
pour une Afrique debout !
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