Le mois de mars est impatiemment attendu par toutes les
femmes africaines et plus généralement par les femmes tchadiennes. C’est le
mois où est fêtée la journée internationale de la femme, le 8 mars. Afin de
marquer cette date d’une pierre blanche, les femmes tchadiennes prennent toute
la semaine qui précède cette date pour diverses manifestations où elles
essaient de faire reconnaître leurs droits mais aussi pour se rappeler leurs
devoirs. Un sigle, dont beaucoup ne connaissent pas la signification, est
attribué à cette semaine : SENAFET (Semaine nationale de la femme
tchadienne).
A Sarh, dans la capitale du Barh Koh, parmi les diverses
célébration de l’émancipation de la femme tchadienne, une exposition a lieu
habituellement pendant tout la semaine qui va du 1er au 8 mars.
Cette année, l’exposition a lieu chez les salésiens au
centre Don Bosco, tout juste à côté du Lytin (lycée technique industriel), en face du terrain Roi.
Divers stands présentent les diverses activités des
femmes. On y trouve des produits de l’artisanat, divers produits alimentaires
préparés localement (jus de tamarin, jus de gingembre, huile de ricin, des
criquets etc). Les industries présentes à Sahr sont également représentées dont
la NST (la société sucrière qui est malheureusement en train de traverser une
zone de turbulence à cause de l’entrée frauduleuse du sucre étranger dans le
pays), La NSTT (La nouvelle société textile du Tchad) etc.
Un fait cependant qu’il faudra relever. Tout cet effort
culturel et économique ne semble pas beaucoup intéresser la population
sahroise. Les stands sont désespérément vides. Peu de personnes ne viennent
acheter les produits qui sont pourtant à la portée de toutes les bourses. Pour
tenter de rentrer dans leurs frais, les différents opérateurs économiques sont
obligés d’ouvrir de petites buvettes à côté de leurs stands et cela ne
désemplit pas. Tout visiteur de l’exposition a l’impression d’être venu voir
des personnes en train de consommer de la bière ou des boissons sucrées.
Pour les années à venir, il faudrait savoir séparer l’évènement
culturel de la vente des boissons. Comment arriver à conserver l’aspect
culturel de l’événement et valoriser les productions féminines lors de cet
événement qui n’a lieu qu’une seule fois l’an ? Les organisateurs
devraient y réfléchir sérieusement. Les bars, on les aura toujours au quartier ;
quant à la réflexion sur le rôle positif de la femme tchadienne dans la
société, on ne la fait qu’une fois par an. Il ne faut pas noyer cet unique
moment dans les vapeurs éthyliques. Il ne faut donc pas s’étonner que la
culture de beaucoup d’hommes sur la place des femmes ne soit pas très
développée et qu’ils se mettent automatiquement sur la défensive dès que l’on
parle des droits des femmes. Développer la conscience de la société sur les
droits des femmes n’est pas voler quelque chose aux hommes. Au contraire
reconnaître la dignité des femmes et les accepter comme des partenaires égales
fera grandir notre humanité.
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