mercredi 19 mars 2014

Tchad : Gastronomie, le couscous tchadien (par Pascal Djimoguinan)


            Je vois naître des sourires narquois à l’énoncé de ce billet. Non seulement cela exprime une légèreté du sujet qui découragerait bien d’esprits sérieux, mais en plus, le contenu ne serait-il pas un essai de syncrétisme culinaire de mauvais goût ?

            Je vois déjà le tchadien avancer, armé de sa méfiance légendaire. D’où nous sort-il cela ? Il y aurait le couscous tchadien, nous l’aurions su depuis longtemps. Où veut-il nous mener, celui-là.

            Que l’on se rassure. Si le tchadien est ainsi méfiant, ce n’est pas parce qu’il n’est pas un fin gourmet, au contraire. Il est habitué aux meilleurs plats du monde. Il les connaît tellement qu’il lui manque de l’inventivité, ce petit quelque chose qui permet de faire des ingrédients communs, un plat hors du commun. Ainsi, il connaît toutes les recettes du couscous algérien ou marocain, aussi, parler de couscous tchadien sonne-t-il à ses oreilles comme une hérésie culinaire.

            Pourtant ce couscous tchadien est présent dans toutes les cuisines au Tchad, à la sortie de tous les moulins, au pied de tous les mortiers. La matière brute est là, il ne reste qu’à la transformer.

            Je vois le tchadien en train d’écarquiller les yeux, se demandant si je ne venais pas de perdre la dernière lucidité qu’il me prêtait encore. Si on essayait de suivre le cours de sa pensée, on trouverait quelque chose comme : « Je sais qu’il n’y rien à tirer de celui-là mais c’est par pure politesse que je lis jusqu’au bout de la page ; ce sera la preuve par l’absurde qu’il est en train de rêver ».

Pourtant, le couscous tchadien existe bel et bien. C’est même considéré comme sinon le plat du pauvre, du moins le plat des enfants. Le nom de ce couscous a même pris dans le parler tchadien la connotation de pitance. On l’appelle « Djinga » ; c’est ce résidu du mil, du riz ou du maïs qui reste lorsque la farine a été tamisée. Ce djinga est meilleur quand la céréale a été pilée dans un mortier ou quand le moulin opte pour moudre en semoule.

Je vois le tchadien dépité : « Je savais bien que rien de bon n’allait sortir de de là »… et continuer en fredonnant un air à la mode : « On vous connait… » « Il suffisait de parler tout simplement de semoule et nous n’aurions pas prêté la moindre attention à ce propos ».

Ce qu’on a oublié de faire, c’est de se demander ce qu’est réellement le couscous : « spécialité culinaire d’Afrique du Nord, préparée avec la semoule de blé dur », nous dit le Larousse de poche.

Alors Ravalons notre méfiance et intéressons-nous à ce plat de pauvre ou pour enfants. Si au lieu de le préparer vulgairement comme nous avons l’habitude de le faire, nous essayons d’utiliser les meilleures recettes de préparation de couscous ? Nous verrons que ce plat en vaut vraiment la peine. Il faut l’essayer tout de suite et vous m’en direz des nouvelles. Bon appétit !

Et s’il en venait l’idée à un opérateur économique tchadien d’en vendre dans des sachets ? Non seulement on pourrait consommer tchadien mais cela créerait en plus des emplois dans un domaine qui est le parent pauvre de développement économique au Tchad.

Le président Sankara disait ceci : « Il faut produire, produire plus parce qu’il est normal que celui qui vous donne à manger, vous dicte également ses volontés. Il y en a qui demandent où est l’impérialisme ; l’impérialisme, regardez dans vos assiettes quand vous mangez : les grains de riz, de maïs, de mil importés, c’est ça, c’est ça l’impérialisme ; n’allez pas plus loin. Cette assistance qui créé en nous la mentalité d’assistés, nous n’en voulons vraiment pas… Mais la production, si j’ai pris le cas des céréales, ne se limite pas seulement à l’agriculture. La production, ce sera dans tous les domaines : à l’usine, dans les bureaux, et j’invite chacun à la production intellectuelle. La Conférence nationale des céréales a félicité, et elle a raison, tous ceux qui ont écrit, qui ont produit quelque chose sur le plan de la littérature, de l’art, dans tous les domaines. C’est ça la production. »

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