Il y a exactement une année, la coalition séléka entrait
dans Bangui. C’était le Dimanche des Rameaux. Aujourd’hui, elle aurait pu fêter
l’anniversaire de sa victoire si elle avait su se transformer de mouvement
militaire en mouvement politique. Malheureusement, l’année écoulée n’a été
qu’une longue agonie de cette association hétéroclite, sans leader
charismatique qui a entraîné la RCA dans une débâcle encore jamais atteinte
auparavant. Est-il seulement possible de faire
un bilan de l’année écoulé ?
Il n’est possible de faire le bilan d’un anniversaire que
lorsque celui qui fête est en état de le faire. Or il se trouve que la séléka a
perdu le pouvoir avant d’avoir atteint son premier anniversaire à Bangui. Le
président qu’elle a amené au pouvoir a été démis d’une façon peu cavalière.
Dans la ville de Bangui, les troupes de la séléka ont été cantonnées, ses
soldats n’ont plus le droit de sortir armés. La séléka attend tout simplement
son désarmement sans savoir si elle aura une place dans la prochaine armée
nationale qui sera reconstituée. Il faut dire que la séléka est tout simplement
aux abois.
Sur le plan tant politique, économique que social, la
séléka a désorganisé tout ce qui marchait encore dans le pays. L’administration
n’existe plus ; la justice a été sinon décimée, du moins ses magistrats
clochardisés ; l’économie qui n’était plus qu’informelle bat de l’aile. La
cohésion sociale n’est plus qu’un vieux souvenir. Tout reste à reconstruire
dans ce pays qui ne tient plus que grâce aux forces internationales. Ce pays
est à bout de souffle et on se demande comment il parvient encore à tenir.
Et la classe politique ? Il faut dire que les
vétérans se sont complètement discrédités par leurs intérêts partisans en
hésitant pas à utiliser la religion et le communautarisme, amenant le pays dans
une situation que des observateurs ont qualifiée de pré génocide.
Il est temps de laisser aux jeunes la possibilité
d’entrer dans l’arène politique. Jusque-là ils n’ont été que manipuler.
Maintenant c’est pour eux le moment de prendre les rênes et de présider aux hautes
destinées de la nation centrafricaine. Si on ne peut plus rien attendre de la
classe politique des vétérans, on peut laisser la chance aux jeunes. Les vieux
ne peuvent plus rien inventer alors que les jeunes centrafricains ont l’avenir
devant eux et l’enthousiasme.
Si l’on se rend compte que la plus grande puissance est
dirigée par un homme qui pourrait être le fils de la plupart des hommes
politiques centrafricains, on peut dire qu’il en temps pour qu’il y ait passage
de témoins. Jeunes centrafricains, ne laissez plus passer la chance de votre
pays. C’est vous cette chance, c’est vous qui donnerez une nouvelle image de la
Centrafrique. Ce n’est pas l’anniversaire de la Séléka, c’est l’anniversaire de
la renaissance centrafricaine à travers ses jeunes qui sont désormais investis
d’un devoir qu’il leur incombe d’accepter. C’est une défi, il faut le relever.
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