Au XIXème siècle, vers les années 1870 – 1880,
le royaume de Bedaya vivait paisiblement sous le règne de l’inoffensif, doux et
pacifique Mbang Mougode. Dans la dynastie de Mbang Dai, il était le sixième en
titre. Sa cour était formée de 70 conseillers et prêtres royaux, les Mouns, et d’un Premier ministre, le Ngo Mbang. Alors
que son étoile brillait, il ne tardera pas à s’aliéner les puissants chefs de
Koumra Guardi et Bialoum. Un complot ne tardera pas à être fomenté contre lui.
En plein fête du Nan Bouna, Bedaya sera attaqué par le sultan Baguirmien
Absakine, de connivence avec Bialoum et le Mbang a failli être amené prisonnier
à Massenia.
La situation s’aggravera encore par une querelle de
famille. Les pouvoirs sont à la merci de la moindre révolution de palais. S’il
est toujours plus facile de se défendre contre les dangers extérieurs, ceux
venant de l’intérieur sont les plus difficiles à contrer. Les intrigues de
pouvoir se nouent plus souvent lors des successions. Le pays Sara n’échappe pas
à cela car les successions y ont toujours été un casse-tête. A la mort du
Mbang, les Mouns devraient choisir un successeur parmi ses fils et ses parents
plus ou moins proches. Ses fils, possibles successeurs étaient Assede, Iade,
Titingar, Mode ; parmi les parents, il y avait Ngakoundou Guerdi (future
chef de Balimba) et un autre Ngakoundou (qui était à Ngara, près de Bemouli).
Assede Djiarkinda avait une mauvaise réputation de
cruauté. Partout où il passait, il faisait des esclaves qu’il vendait ensuite
aux Baguirmiens. Cela inquiétait le Mbang qui ne voulait pas qu’il lui succède
à sa mort.et il se résolut à le faire supprimer. Il en donna l’ordre à son
Premier ministre qui décida de passer à l’action pendant son sommeil.
La nuit choisie, le Ngombang Bor entra dans la case avec
quatre gardes. Assede Djiarkinda n’était pas seul ; son garde-corps
dormait tout près de lui au pied de sa natte. Ngombang Bor planta sa lance dans
le corps du garde-corps puis frappa Assedé qui’l lassa pour mort.
A cette nouvelle, Mougodé fut rempli de joie. Il fit don
de cinq esclaves à son Premier ministre pour ses bons et loyaux services ;
cela fut prématuré car le prétendu mort qui n’était que blessé se redressa. Les
affaires allèrent très mal car dans les jours qui suivirent, Mougodé fut
destitué et céda le pouvoir à Assedé (Une autre tradition ne suit pas la fin
donnée ici ; Assedé ne devint Mbang qu’après la mort de son père ; il
aurait alors chassé tous ses frères dont le futur Mbang Mode).
Comme la peur venait de changer de camp, le Ngombang Bor
s’enfuit avec une nombreuse troupe de partisans. La tradition raconte qu’il
alla demander refuge dans un village du pays Senguele, Béboro (qui signifie le
village de Bor). Cette retraite fut interrompue car les hommes d’assede le
découvriront et il sera obligé d’aller plus loin, demander asile au chef de
terre de Ngakedje, le Ngorgue Kindi, fils de Touba Tague. Comme il avait une
suite nombreuse (des cavaliers, leurs femmes et leurs enfants), le Ngorgue qui
voulait éviter tout problème sur ses terres, demanda au Ngombang Bor de s’écarter
un peu et de chercher un emplacement plus près du Barh Koh. Celui-ci choisit
donc l’emplacement actuel de Balimba, peut-être à cause de nombreux arbres qui
s’y trouvaient. Il commença dont le débroussage pour s’installer lorsqu’un
villageois de passage lui demanda ce qu’il faisait. Fier et altier, Ngombang
Bor répondit : « Bal ko mba » (Etranger mais cabri châtré) ;
le nom de Balimba est resté jusqu’aujourd’hui. Le destin du Ngombang Bor est
des plus tristes. Il deviendra par la suite indésirable et sera chassé par le
Norgue des terres de Ngakedje et finira ses jours à Ngondéré, non loin de
Bédaya.
Nous avons parlé au début de Ngakoundou Guerdi qui était
parent du Mbang Assede ; voilà comment il devint chef de Balimba. Il
commandait le village de la région de Missi Ouarouan. Sans qu’on ne sache
exactement pourquoi aujourd’hui, il quitta ce village avec tout son clan et
profita de la mort du Nombang Bor pour demander au Ngorgue la chefferie de
Balimba. C’était un homme dynamique et sans scrupule (il n’hésita pas à tuer
pendant la nuit onze guerriers baguirmiens de passage à qui il avait offert l’hospitalité.)
Il réussit à fédérer autour de lui plusieurs village, ce qui ne plut pas
beaucoup à son hôte le Ngorgue Houri. C’est de la famille de Ngakoutou qu’ont
été recrutés la plupart des chefs de canton de Balimba.
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