mardi 11 novembre 2014

Tchad : doit-on croire à l'opposition politique (par Pascal Djimoguinan)



            La rentrée politique au Tchad se fait sur fond des événements récents du Burkina Faso qui ont abouti à la chute du régime de Blaise Compaoré qui voulait par un tripatouillage de la constitution, rempiler à la magistrature suprême par un autre mandat impossible. Les mêmes causes ne produisant pas toujours les mêmes effets en histoire, il est important de réfléchir sur la posture de l’opposition politique au Tchad.
            Le samedi 8 novembre, a eu lieu à N’Djamena la rentrée politique de l’UNDR (Union Nationale pour le Développement et le Renouveau) de Saleh Kebzabo qui est la principale formation de l’opposition. Cette rentrée s’est faite  sous le signe de l’unité de l’opposition dans la perspective de la présidentielle de 2016. Outre les cadres de l’UNDR, les principales figures de l’opposition y étaient (Laoukein Medard, Salibou Garba, Saleh Maki, Brice Mbaimon…)
            En toile de fond, il y avait le Burkina Faso. Parce que Blaise Compaoré s’est évertué à vouloir changer l’article de la constitution qui limitait le nombre de mandat, le soulèvement populaire l’a fait partir. Cela a donné de la vigueur à toute l’opposition qui pense que cela peut raisonnablement se répéter au Tchad en 2016 Saleh Kebzabo avec une grande verve a déclaré : « C’est ensemble que nous devons mobiliser nos militants pour le recensement biométrique qui s’annonce. C’est ensemble que nous devons combattre pour que l’appel de nos populations soit entendu en 2016. En 2016, plus de Idriss Déby au pouvoir. »
            On peut se réjouir de voir une opposition unie, prête à s’engager ensemble dans un combat électoral mais c’est là que des questions intéressantes doivent être posées.
- Peut-on parler de la crédibilité retrouvée de l’opposition ? Des événements qui se passent dans un autre pays peuvent-ils faire que l’opposition tchadienne deviennent subitement crédibles ?
- Quels gages donnent cette opposition ? Il ne suffit pas de montrer que l’on est contre le régime en place pour être crédible. Il est intéressant d’écouter le discours que tien le chef de l’UNDR aujourd’hui mais son péché originel était lorsqu’en 1996, à la suite des élections présidentielles où il était arrivé en  troisième position après Idriss Déby et Wadel Abdelkader Kamougué, il a préféré donner ses voix au premier plutôt qu’à l’opposition. Par la suite il a été ministre pendant quelques mois. S’est-il expliqué et a-t-il dit ce qui a changé depuis pour qu’on soit sûr qu’il est vraiment avec l’opposition ?
            C’est touchant de voir toute l’opposition unie. Cependant, ne peut-on pas penser que le seul dénominateur commun de l’opposition est le rejet du pouvoir MPS ? Cela suffit-il ?
- Sur quel programme politique l’opposition pense se présenter aux élections. Il ne suffit pas de dire que l’on est contre tel ou tel régime. Il faut que l’opposition présente un programme politique sur lequel le peuple peut le juger. Si par contre l’opposition politique est incapable d’un projet politique cohérent, qu’elle dégage et laisse la place aux jeunes. Il y a des jeunes capables qui peuvent faire une opposition politique constructive et de valeur au Tchad.
            La société civile au Tchad est active et fait vraiment son travail. Si l’opposition n’a pas de projet politique, qu’elle ne pense pas récupérer les fruits du combat de cette société civile pour pouvoir ériger par la suite la médiocrité en système de gouvernement.

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