La rentrée politique au Tchad se fait sur fond des
événements récents du Burkina Faso qui ont abouti à la chute du régime de
Blaise Compaoré qui voulait par un tripatouillage de la constitution, rempiler
à la magistrature suprême par un autre mandat impossible. Les mêmes causes ne
produisant pas toujours les mêmes effets en histoire, il est important de
réfléchir sur la posture de l’opposition politique au Tchad.
Le samedi 8 novembre, a eu lieu à N’Djamena la rentrée
politique de l’UNDR (Union Nationale pour le Développement et le Renouveau) de
Saleh Kebzabo qui est la principale formation de l’opposition. Cette rentrée s’est
faite sous le signe de l’unité de l’opposition
dans la perspective de la présidentielle de 2016. Outre les cadres de l’UNDR,
les principales figures de l’opposition y étaient (Laoukein Medard, Salibou
Garba, Saleh Maki, Brice Mbaimon…)
En toile de fond, il y avait le Burkina Faso. Parce que
Blaise Compaoré s’est évertué à vouloir changer l’article de la constitution
qui limitait le nombre de mandat, le soulèvement populaire l’a fait partir. Cela
a donné de la vigueur à toute l’opposition qui pense que cela peut
raisonnablement se répéter au Tchad en 2016 Saleh Kebzabo avec une grande verve
a déclaré : « C’est
ensemble que nous devons mobiliser nos militants pour le recensement
biométrique qui s’annonce. C’est ensemble que nous devons combattre pour que l’appel
de nos populations soit entendu en 2016. En 2016, plus de Idriss Déby au
pouvoir. »
On peut se réjouir de voir une
opposition unie, prête à s’engager ensemble dans un combat électoral mais c’est
là que des questions intéressantes doivent être posées.
- Peut-on
parler de la crédibilité retrouvée de l’opposition ? Des événements qui se
passent dans un autre pays peuvent-ils faire que l’opposition tchadienne
deviennent subitement crédibles ?
- Quels gages
donnent cette opposition ? Il ne suffit pas de montrer que l’on est contre
le régime en place pour être crédible. Il est intéressant d’écouter le discours
que tien le chef de l’UNDR aujourd’hui mais son péché originel était lorsqu’en
1996, à la suite des élections présidentielles où il était arrivé en troisième position après Idriss Déby et Wadel
Abdelkader Kamougué, il a préféré donner ses voix au premier plutôt qu’à l’opposition.
Par la suite il a été ministre pendant quelques mois. S’est-il expliqué et
a-t-il dit ce qui a changé depuis pour qu’on soit sûr qu’il est vraiment avec l’opposition ?
C’est touchant de voir toute l’opposition
unie. Cependant, ne peut-on pas penser que le seul dénominateur commun de l’opposition
est le rejet du pouvoir MPS ? Cela suffit-il ?
- Sur quel
programme politique l’opposition pense se présenter aux élections. Il ne suffit
pas de dire que l’on est contre tel ou tel régime. Il faut que l’opposition
présente un programme politique sur lequel le peuple peut le juger. Si par
contre l’opposition politique est incapable d’un projet politique cohérent, qu’elle
dégage et laisse la place aux jeunes. Il y a des jeunes capables qui peuvent
faire une opposition politique constructive et de valeur au Tchad.
La société civile au Tchad est
active et fait vraiment son travail. Si l’opposition n’a pas de projet
politique, qu’elle ne pense pas récupérer les fruits du combat de cette société
civile pour pouvoir ériger par la suite la médiocrité en système de
gouvernement.
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