jeudi 6 novembre 2014

Tchad : le danger de dénaturer la justice (par Pascal Djimoguinan)



            Le Tchad n’en finit pas de valser entre l’Orient et l’Occident. Cela le porte beaucoup plus vers la médiocrité plutôt que vers l’essence des choses. Le pays vit donc dans une sorte de syncrétisme culturel plutôt que de l’esprit des choses. Cela entraîne souvent que l’ignorance plutôt que le rationnel se retrouve dans les différents choix que l’on pose. Il y a donc un danger qui guette et que seule une vraie éducation pourrait aider à éradiquer.
            Un cas bien précis se trouve dans la mauvaise utilisation que l’on fait de la « Diya » et qui pourrait fortement perturber la paix civile si les autorités politique ne réagissent pas.
            En principe, la Diya (ou dédommagement) fait partie avec la « qisa » (ou le talion) des peines qui vient sanctionner des crimes qui relèvent du « droit de Dieu » dans le droit pénal musulman (et se distingue des  « hudud » qui sont les peines définies par le Coran.
            En principe, en cas d’homicide ou de blessures volontaires, il est prévu d’appliquer le talion ; cependant, on peut y substituer la diya. Cette diya est « une compensation financière ou prix du sang. » Il faut dire que l’on retrouve ici un désir de création de la paix sociale. On veut substituer à la vengeance privée, l’indemnisation des victimes. Un principe qui est respecté lors de cette compensation est que  le montant de l’indemnisation varie en fonction du sexe et de la religion et ne peut pas jamais être strictement équivalente au dommage.
            En toute loi, il faut saisir la loi et voir le bien que l’on cherche à acquérir. Au Tchad, il y a un mauvais usage qui est fait de la diya. Les exemples qui sont légion montre comment, dans certains cas, des personnes s’érigent elles-mêmes en juges et décident des choses. Tout le monde sait qu’au Tchad, il ne faut pas être victime dans un accident de circulation. Certains chauffeurs se donnent le droit, au cas où ne piéton ou le motocycliste ne serait que blessé, de faire marche arrière pour achever la victime. Le motif est simple. Il revient moins cher au chauffeur de payer la diya plutôt que de porter secours à la victime et d’avoir par la suite à payer les soins.
            Ce sont des cas qui relèvent simplement de la non-assistance à personnes en danger et d’homicides volontaires. Les autorités politiques et judiciaires devraient se décider à punir ces cas qui vont contre la construction d’une nation pacifiée. Chaque fois que cela se trouve devant un cas avéré, la justice devrait sévir avec toute la rigueur de la loi. En plus, on ne devrait pas imposer la « diya » à celui qui n’en veut pas. L’État doit assurer la sécurité de chaque citoyen et veiller à ce que certains citoyens n’imposent pas à d’autres leur « justice personnelle ».



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