(La légende d’Orphée est
considérée comme un chef-d’œuvre de la mythologie grecque. Orphée, perd sa
femme, mordue par une vipère. Par amour, il le suivra jusqu’au royaume des
Enfers et persuadera Hades de lui rendre sa femme. Une seule condition lui est posée.
Il ne devra pas se retourner pour regarder sa femme qui le suit jusqu’à ce
qu’ils soient revenus tous les deux au royaume des vivants. Il respecta la
consigne jusqu’au dernier moment mais alors qu’il s’apprêtait à sortir des
Enfers, comme il n’entendait pas les pas de sa bien-aimée, il se retourna pour
la voir, la perdant ainsi pour toujours. Dans la littérature négro-africaine,
nous retrouvons la même histoire avec des variantes. Ici, il s’agit d’un conte
du sud du Tchad)
Dans
un village, il y avait une jeune fille
qui aimait beaucoup sa mère et la mère également aimait beaucoup. Mais un jour,
sa mère mourût. La mort de sa mère l’affligea beaucoup et elle n’arrivait pas à
cesser de pleurer.
Elle sut qu’un vieux sorcier du nom de Gadjiguirgueu est
celui qui qui rappeler ceux qui sont morts depuis longtemps pour qu’ils
ressuscitent. Mais c’était très difficile de retrouver la demeure de
Gadjiguirgueu.
Le décès de sa mère lui faisait tellement mal que si elle
avait pu, elle aurait voulu mourir. Très tôt le matin, elle prit la route et
alla son chemin ; elle marcha jusqu’au coucher du soleil.
Elle rencontra des jeunes filles de son âge, en train de
piler. Quand elles l’appelèrent pour venir piler le mil avec elles, la jeune
fille ne refusa pas. Elle pila avec elle jusqu’au soir mais refusa de manger la
boule.
Les jeunes filles la bénirent en disant : « do-i ngang jouk jouk, ouweu me-i ngang da, a
tin ! Que ta tête soit bien forte, sois courageuse et tu arriveras à tes
fins ! »
Le lendemain, elle marcha dès l’aube très longtemps et
tomba sur un groupe de pleureuses. Sans que personne ne le lui demande, elle
alla vers elles et pleura avec elles.
Lorsqu’elle pleura jusqu’au soir, elle fut encore bénie
par les pleureuses. Elle marcha, marcha, marcha et trouva une vieille femme
dont la peau était mangée par les vers. Elle s’approcha d’elle et lui frotta le
dos avec un morceau de calebasse, l’oignit d’huile et l’amena dans sa case.
La femme la bénit en disant : « Va, si tu trouves la case de Gadjiguirgueu, si un tout petit
enfant te demande de l’accompagner pour faire les selles, ne refuse pas. »
Elle reprit sa marche, et marcha, marcha, marcha ;
après trois jours, elle trouva la case de Gadjiguirgueu ; dès qu’elle
voulut s’asseoir, un enfant sortit pour lui demander de l’accompagner pour
faire les selles ; elle se leva aussitôt pour l’accompagner.
A l’arrivée au lieu choisi, l’enfant refusa de se
soulager mais lui dit : « Si ma
mère te demande d’attraper les oiseaux qui sont sur sa tête et de les frire
pour elle, fais-le mais n’en mange pas toi-même. Si mon père, en revenant de la
brousse tourne sur ses fesses puis tourne sur sa tête, va prendre l’herbe qu’il
porte. S’il te dit de donner du fourrage aux chevaux, donne-le aux poules ;
s’il te demande de donner des feuilles aux cabris, donnes-en aux poules.
Peu de temps après, Gadjiguirgueu arriva, tournant ses
fesses par-ci, roulant sa tête par-là ; en le voyant, elle se leva
rapidement, prit la botte de fourrage et de feuilles sur sa tête et fit que l’enfant
lui avait demandé.
Elle
entra dans la maison ; elle vit une femme agée et dont les oiseaux
tournoyaient autour de sa tête joug joug. La jeune fille les attrapa, les fit
frire et les donna à manger à la vieille.
Peu après, Gadjiguirgueu l’appela :
« Mon enfant, tu es une fille très courageuse ;
je t’ai tentée sur la route, tu es une bonne enfant ; je t’aurais envoyée
chercher de la terre sur laquelle aucune fourmi n’a marché, un mortier et un
pilon qu’’on n’a encore jamais utilisé pour piler, pour ressusciter ta mère,
mais j’irai moi-même chercher tout cela. »
Il
apporta de la terre, la versa dans le mortier et pila ! Les gens sortirent
boul boul ; elle les regarda mais ne vit pas sa mère parmi eux ; ces
gens disparurent. Il pila de nouveau ; elle ne vit pas sa mère. Pour la
troisième fois, il pila. La mère de la fille sortit enfin.
Cependant,
avant que sa mère ne reparte avec elle, le vieux sorcier lui dit : « Rentre chez toi avec ta mère ;
si quelque chose se passe sur la route, ne te retourne pas, continue tout droit
ton chemin, n’entre pas en brousse pour manger des fruits ; sois
persévérante, ne te retourne pas jusqu’à chez toi. » La jeune fille
respecta la consigne jusqu’au bout et ramena sa mère à la maison.
Quand
toi Sou, tu vis cela, tu attrapes ta grand-mère et tu la tues puis tu te rends
chez Gadjiguirgueu. Il rencontra les pileuses sur sa route mais passa son
chemin. Il vous rencontre, vous les pleureuses, il se met à se moquer de vous.
Quand il vit la femme aux vers, il se boucha le nez et continua son chemin.
Arrivé
chez Gadjiguirgueu, lorsqu’il vit sa femme avec des oiseaux au-dessus de sa
tête, il éclata de rire ; il s’approcha doucement des oiseaux, les attrapa
et fit rôtir puis les mangea seul.
Le
petit enfant sortit et lui demanda de l’accompagner aux selles mais Sou l’insulta :
«Je ne suis pas venu ici pour accompagner
des nabots aux selles, que crois-tu ? »
Sur
ces entrefaites, arriva le vieux sorcier, et Sou se mit à se moquer de toi
jusqu’à se rouler par terre : « Celui-là,
c’est quelle sorte d’homme qui marche sur sa tête et sur ses fesses comme ça ? »
Sou
aida le vieux décharger sa botte mais ne distribua pas bien : il donna le
fourrage aux chevaux, donna les grains aux poules et les feuilles aux cabris.
Lorsque
Gadjiguirgueu lui demanda d’aller chercher le mortier, le pilon et de la terre
que personne n’a encore touchés, Sou lui répondit : « Suis-je venu chercher les pilons et les
mortiers pour ta femme ? Je suis venu chercher ma grand-mère. »
Le
vieux sorcier alla lui-même chercher le mortier, le pilon et de la terre, puis
pila et la grand-mère de Sou ressuscita. Alors qu’il commençait à lui faire de
recommandations, Sou partit avec sa grand-mère sans plus écouter.
Ils
ne sont même pas encore arrivés sur la route que Sou entra dans la brousse pour
cueillir les fruits, du mougni et du djimkiteu et il en mangea. Le lion n’a
pas encore rugi que Sou se retourna et plongea par terre, ne pensant qu’à
lui-même, sans penser à sa grand-mère. Sa grand-mère disparut et Sou rentra
seul chez lui.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire