Toute l’Afrique a les yeux tournés vers le Burkina qui
vit ces jours des moments très importants pour lui mais sans doute non moins
importants pour tout le continent. Le peuple s’est soulevé contre une dictature
et a réussi à faire partir un chef d’État qui se croyait indéboulonnable. Nous avons jusque-là assisté à quatre
paradoxes et il faudra peut-être un cinquième pour débloquer la situation.
Premier paradoxe : La
constitution est garante de la vie politique dans une nation et est sensée
régir les institutions. Le premier paradoxe vient du fait que le chef de l’exécutif,
Blaise Compaoré, celui qui a fait serment de protéger la constitution, trouve
que celle-ci le gêne. Il voudrait par un tour de passe-passe se passer de l’article
37 de ladite constitution.
Deuxième paradoxe : La
rue se soulève. La population qui tient à la constitution. La seule solution
contre un président autiste est l’insurrection. La population s’élève contre
les institutions de la République, brûle le parlement et investit les points
stratégiques du pays. Les manifestations succédant aux manifestations finiront
par prendre le dessus et balayer tout ce que la constitution prévoit. Le chef
de l’exécutif, le président qui est censé être le garant des institutions de la
République est forcé de donner sa démission. Le président Blaise Compaoré est
forcé de tirer sa révérence.
Troisième paradoxe : La
Constitution dont la défense a soulevé la masse populaire est incapable d’assurer
la transition. En principe, la constitution prévoit ce qui doit se mettre en
place lorsqu’il y a vacance de pouvoir ; or cela ne marche pas. Personne
ne veut suivre ce que prévoit la constitution. Le peuple n’est pas prêt à
accepter que le président de l’assemblée nationale assure l’intérim et prépare
les élections dans un délai bien déterminé.
Quatrième paradoxe : Les
militaires, dont le principal devoir est de protéger le pays des menaces extérieures
et d’être la grande muette en laissant les civils s’occuper de la politique, s’estiment
seuls capables d’assurer la transition. Le général Nabéré Honoré Traoré avait
annoncé vendredi qu’il était prêt à assurer les responsabilités de chef de l’État.
Tôt dans la nuit du 1er novembre, le lieutenant-colonel Zida annonce
officiellement qu’il assume les responsabilités de l’État de transition. On se
trouve en face de deux personnalités qui revendiquent la transition. Les militaires
semblent aimer le proverbe qui dit : « Plus on est de fous, plus on
rit. »
La situation de confusion est à son comble à Ouagadougou.
Le peuple risque de perdre sa victoire au profit des militaires qui n’ont
jamais réussi à vraiment prendre une distance par rapport à Blaise Compaoré.
Comment sortir de cette situation ? Seul un cinquième paradoxe sera en
mesure de sauver ce que le peuple burkinabé a acquis de haute lutte. En dans l’expectative,
attendons de voir les contours du cinquième paradoxe.
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