Le monde entier fête le 25ème anniversaire de
la chute du Mur de Berlin ; c’est un événement qui a transformé le cours
de l’histoire contemporaine. Ce mur qui avait été érigé à partir de la nuit du
12 au 13 août 1961 à Berlin par la République démocratique allemande (RDA) afin
d’endiguer le flux massif des allemands de l’Est vers l’Ouest sera détruit le 9
novembre 1989 à la suite d’un élan populaire. Ce sera le début d’une
transformation du monde dont les ondes de choc parviendront jusqu’en Afrique.
L’une des conséquences immédiates de la chute du Mur de
Berlin a été le discours de François Mitterrand à la Baule le 20 juin 1990 lors
de la 16ème conférence des chefs d’Etat d’Afrique et de France.
Roland Dumas résume ainsi ce discours : « Le vent de liberté qui a soufflé à l'Est devra inévitablement souffler
un jour en direction du Sud (...) Il n'y a pas de développement sans démocratie
et il n'y a pas de démocratie sans développement »[]
A la suite l’effondrement du bloc de l’Est et de ce
fameux discours de la Baule, près d’une dizaine de pays, pratiquement tous
francophones, vont tenter d’appliquer des réformes institutionnelles par le
biais des conférences nationales souveraines : Benin, Congo, Gabon, Mali,
Niger, Tchad, Togo et Zaïre. Un vent démocratique soufflera sur le continent et
secouer pendant un certain temps les régimes dictatoriaux.
Vingt-cinq ans après le chute du mur et de l’ouragan qui
a emporté le monde politique en Afrique, son fantôme revient. Ce qui a résisté
au changement semble maintenant en faire les frais ou est sur le point de le
faire. Les événements du Burkina Faso, avec la démission de Blaise Compaoré le
31 octobre 2014 sont sur le point de déferler sur le continent subsaharien.
Personne n’est capable aujourd’hui de prédire les conséquences de cet
événement.
L’histoire ne se répète pas… mais elle bégaie ! Et
cela peut être le moteur de changement. Cela fait bien partie de ce que Hegel
appelait la « ruse de la raison ». Dans sa dialectique en effet,
Hegel dit que c’est la Raison qui gouverne le monde. Ce monde évolue vers plus
de rationalité, de moralité et de liberté. Si l’histoire nous apparaît comme
une bousculade d’événements sans cohérence, c’est qu’en réalité, la Raison agit
par ruse. Dans l’individu qui agit sous la passion et dans sa « liberté »,
il y a la réalisation d’une tâche plus élevée, dont la voie est tracée par les
grands hommes qui jouent le rôle de conducteurs d’âmes : ainsi la Raison
se réalise-t-elle dans l’histoire.
Espérons donc que le continent africain, à travers les
différents événements qu’il est en train de connaître ou qu’il connaîtra,
avancera irrémédiablement vers plus de rationalité, plus de moralité et plus de
liberté. Espérons que le vent de démocratie qui a commencé à souffler à la fin
du siècle dernier parviendra à son mûrissement et que les générations à venir
connaîtront enfin, sur le continent africain plus de liberté publique.
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