Il suffit de se promener dans les rues des grandes villes
africaines pour s’entendre appelé « cousin », « grand frère »,
« oncle », « papa » ou « petit » par des inconnus ;
les femmes n’échappent pas à cela car on féminise ces titres pour elles. D’emblée,
on pourrait être tenté de louer les vertus d’une politesse villageoise qui a su
se maintenir malgré les développements des mégapoles africaines. Mais cela
appelle à plus de réflexions.
Si cela n’engage pas à grand-chose d’être interpellé sous
un titre de parenté proche, que pourrait-on dire lorsque cela se situe dans le
cadre du service ou au sein des administrations ?
Lorsque nous utilisons un titre de parenté pour appeler
une personne, cela nous engage vis-à-vis de cette personne, de même qu’elle l’est
par rapport à nous. Ainsi lorsque dans une administration on appelle son
supérieur hiérarchique « papa », « grand frère », « fils »
ou « petit frère », cela n’est pas neutre. C’est toujours parce qu’on
n’est à la recherche d’une certaine réaction qu’on le fait. De quelle liberté
pouvons-nous encore disposer pour agir d’une manière autonome et honnête ?
Les titres de parenté hors du cercle familial viennent
briser toute démocratie basée sur l’égalité des citoyens. Les régimes
dictatoriaux le savent bien et c’est pour cela que les Chefs d’Etat se
présentent comme les pères ou les mères de la nation.
Dans les cadres officiels, contentons-nous des titres
officiels (monsieur, madame, mademoiselle, honorable, excellence) qui sont plus
neutres et nous laissent la liberté d’agir selon l’éthique.
Il ne s’agit point de détruire les valeurs africaines
mais de sortir de la gestion clanique des pays africains et de démocratiser les
relations dans le cadre du service au sein de nos nations !
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