lundi 7 avril 2014

Organisation et développement du Tchad (par Pascal Djimoguinan)


            La connaissance de l’histoire permet toujours de mieux préparer l’avenir. Pour le texte, il est assez difficile de trouver des textes qui remontent vers la fin de la colonisation et le début de l’indépendance. Nous voulons reprendre ici un chapitre d’histoire qui était enseigné aux élèves du cours moyen. Nous le tirons de l’histoire de l’Afrique Centrale et du Tchad de Paul Dalmais.

            a Les débuts du Tchad :

            Jusqu’en 1915 le Tchad a été administré par des militaires : Colonels Destenave, Gouraud, Moli, Largeau, etc. Le premier Gouverneur civil nommé, Monsieur Lavit, n’arriva qu’en 1920. Bien qu’absorbés par leur tâche de pacification, les militaires commencèrent la mise en valeur du pays. Ce sont eux qui ouvrirent ou élargirent les premières pistes et organisèrent le stockage du mil, en vue de parer aux famines. Ces travaux – ainsi que la rentrée des impôts – ne se firent pas sans difficultés de la part de la population. La réquisition pour le travail des routes, dirigée parfois par des capitas ou des chefs sans scrupules, fut longtemps dans le sud une cause de malaise. Dès 1914 ce travail dut être rétribué et des trésoreries furent créées à Fort-Lamy et à Fort-Archambault.

En 1921, le capitaine Delingette faisait au Mayo-Kebbi les premiers essais de coton. Les résultats qu’il obtint sont à l’origine du développement actuel de cette industrie. – Ce sont également les militaires qui ouvrirent les premières écoles. Mr Favre dans les Heures d’Abéché a décrit le temps héroïque de ces écoles où de simples soldats faisaient la classe à des élèves dont le nombre pouvait varier extrêmement d’un jour à l’autre. A Fort-Archambault, la première école fut ouverte, près de l’ancien marché, en 1914, par un soldat français, assisté de deux sous-officiers indigènes. De cette époque datent aussi les premiers hôpitaux.

b. L’organisation administrative :

L’organisation administrative actuelle du Territoire en 9 régions date de 1936. La seule modification apportée depuis a été l’affranchissement de Fort-Lamy qui forme pour ainsi dire une 10ème région puisqu’il a été détaché du Chari-Baguirmi. Les premières circonscription furent établies en 1910. Le choix de leurs chefs-lieux avait été guidé par des raisons stratégiques : c’étaient alors : Fort-Lamy (Bas-Chari) – Massénia (Baguirmi) – Ati (Batha) – Mao (Kanem) – Abéché (Ouaddai) – Am Timan (Salamat) – Fort-Archambault (Moyen-Chari) – Lai (Moyen Logone) – Léré (Mayo-Kebbi). L’occupation en 1913 du Borkou – Ennedi – Tibesti permit d’ajouter un nouveau nom à cette liste. Par la suite, certains chefs-lieux furent remplacés par d’autres, v.g. Bongor. Peu à peu ces administrations évoluèrent vers leur forme actuelle de « Régions » et durent être à leur tour divisées en « Subdivisions ». C’est ainsi de Fort-Archambault, Moissala, Bediondo et Kyabé. Des remaniements apportés à l’organisation générale de l’A.E.F entrainèrent pendant quelques années, le rattachement de Fort-Archambault au territoire de l’Oubangui-Chari.

c. Le développement économique :

Pour juger du développement économique du Tchad, il faut se souvenir que ce territoire a été le dernier occupé et que le climat, ainsi que la nature du terrain, y ont de tout temps rendu l’établissement des communications routières très difficile et très couteux. Le Tcha n’a pas connu la colonisation européenne et le régime des grandes plantations. Son avenir réside essentiellement dans l’élevage, l’industrie du coton et le développement de certaines cultures telles que le riz et le Maïs.

L’élevage – richesse n° 1 du Tchad a pris une grande extention par ce qu’il fait vivre une partie importante de la population et qu’il permet un actif commerce d’exportation par avion de la viande abattue. Le cheptel compte acutellemnt 4 millions de bœufs, 1 millions de moutons, 100.000 chevaux. Il est sans cesse amélioré, grâce aux centres de vaccination et aux bergeries modles de Ngouri (Kanem) et de Abougoudam (Ouaddai) qui pratiquent en grand les croisements par insémination artificielle.

L’Agriculture – du Tchad se réduisait à la culture du mil avant l’arrivée des Français. Une station d’agriculture a été créée au Ba-Illi pour l’amélioration des mils et des maïs. Ce « Laboratoire agricole » a été doublé d’’une Ecole d’Agriculture et d’un centre d’apprentissage pour la formation des moniteurs. Le riz a connu un gros succès dans la région de Lai (Zone d’épandage du Logone-Chari) – Des travaux d’irrigation sont actuellement à l’étude pour d’autres régions, en particulier le Kanem.

L’industrie cotonnière – est née au Tchad en 1928. La production n’a cessé de monter. Coton-graine = 11.000 tonnes en 1939 ; 23.000 tonnes en 1943 ; 37.000 en 1948 ; 53.000 tonnes en 1950. Cette industrie subit actuellement une crise par suite du désaccord entre le prix de revient du coton au Tchad et les prix de réalisation sur les marchés français et étrangers. Il faut espérer que cette crise sera surmontée parce que la production du coton est éminemment apte à élever le niveau de vie des populations du Tchad.

c. Les réalisations sociales :

Le Service de Santé – est en plein essor au Tchad. Malgré d’énormes difficultés financières – le Tchad est en effet le plus pauvre territoire de la Fédération – deux hôpitaux ont été construits à Fort-Lamy, un à Abéché, un à Fort-Archambault. Il existe des centres médicaux dans chaque chef-lieu de Région. La lutte contre la maladie du sommeil, le paludisme, la lèpre et les grandes endémies, est menée activement par les formation des secteurs XVI et XVII d’hygiène mobile.

La fréquentation scolaire – progresse au Tchad chaque année. Il y a maintenant des écoles dans tous les chefs-lieux de région et de districts. Le plan scolaire prévoit pour un avenir très proche l’installation d’écoles dans chaque canton. L’enseignement professionnel est donné au Tchad dans les écoles des Métiers de Fort-Lamy et de Fort-Archambault. Une école des moniteurs existe à Bongor. Une Ecole Normale d’instituteurs est en formation à Lamy. L’enseignement secondaire ne fait que débuter avec le Collège moderne de Bongor et le cours secondaire de Fort-Lamy.

Le développement du Tchad n’a actuellement qu’un obstacle : la pauvreté du budget territorial. Si l’on veut chercher un signe des grandes possibilités de ce pays, il n’est qu’à regarder les proportions qu’y ont pris, par exemple, le trafic aérien et le commerce à Fort-Lamy depuis 1939. Quelqu’un a pu dire qu’entre le Fort-Lamy de cette époque et celui de 1953, il n’y a de commun que le nom.

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