La connaissance de l’histoire permet toujours de mieux
préparer l’avenir. Pour le texte, il est assez difficile de trouver des textes
qui remontent vers la fin de la colonisation et le début de l’indépendance.
Nous voulons reprendre ici un chapitre d’histoire qui était enseigné aux élèves
du cours moyen. Nous le tirons de l’histoire
de l’Afrique Centrale et du Tchad de Paul Dalmais.
a Les débuts du Tchad :
Jusqu’en 1915 le Tchad a été administré par des
militaires : Colonels Destenave, Gouraud, Moli, Largeau, etc. Le premier
Gouverneur civil nommé, Monsieur Lavit, n’arriva qu’en 1920. Bien qu’absorbés par
leur tâche de pacification, les militaires commencèrent la mise en valeur du
pays. Ce sont eux qui ouvrirent ou élargirent les premières pistes et
organisèrent le stockage du mil, en vue de parer aux famines. Ces travaux –
ainsi que la rentrée des impôts – ne se firent pas sans difficultés de la part
de la population. La réquisition pour le travail des routes, dirigée parfois
par des capitas ou des chefs sans scrupules, fut longtemps dans le sud une
cause de malaise. Dès 1914 ce travail dut être rétribué et des trésoreries
furent créées à Fort-Lamy et à Fort-Archambault.
En
1921, le capitaine Delingette faisait au Mayo-Kebbi les premiers essais de
coton. Les résultats qu’il obtint sont à l’origine du développement actuel de
cette industrie. – Ce sont également les militaires qui ouvrirent les premières
écoles. Mr Favre dans les Heures d’Abéché
a décrit le temps héroïque de ces écoles où de simples soldats faisaient la
classe à des élèves dont le nombre pouvait varier extrêmement d’un jour à l’autre.
A Fort-Archambault, la première école fut ouverte, près de l’ancien marché, en
1914, par un soldat français, assisté de deux sous-officiers indigènes. De cette
époque datent aussi les premiers hôpitaux.
b. L’organisation
administrative :
L’organisation
administrative actuelle du Territoire en 9 régions date de 1936. La seule
modification apportée depuis a été l’affranchissement de Fort-Lamy qui forme
pour ainsi dire une 10ème région puisqu’il a été détaché du
Chari-Baguirmi. Les premières circonscription furent établies en 1910. Le choix
de leurs chefs-lieux avait été guidé par des raisons stratégiques : c’étaient
alors : Fort-Lamy (Bas-Chari) – Massénia (Baguirmi) – Ati (Batha) – Mao (Kanem)
– Abéché (Ouaddai) – Am Timan (Salamat) – Fort-Archambault (Moyen-Chari) – Lai (Moyen
Logone) – Léré (Mayo-Kebbi). L’occupation en 1913 du Borkou – Ennedi – Tibesti permit
d’ajouter un nouveau nom à cette liste. Par la suite, certains chefs-lieux
furent remplacés par d’autres, v.g. Bongor. Peu à peu ces administrations
évoluèrent vers leur forme actuelle de « Régions » et durent être à
leur tour divisées en « Subdivisions ». C’est ainsi de
Fort-Archambault, Moissala, Bediondo et Kyabé. Des remaniements apportés à l’organisation
générale de l’A.E.F entrainèrent pendant quelques années, le rattachement de
Fort-Archambault au territoire de l’Oubangui-Chari.
c. Le
développement économique :
Pour
juger du développement économique du Tchad, il faut se souvenir que ce
territoire a été le dernier occupé et que le climat, ainsi que la nature du
terrain, y ont de tout temps rendu l’établissement des communications routières
très difficile et très couteux. Le Tcha n’a pas connu la colonisation
européenne et le régime des grandes plantations. Son avenir réside
essentiellement dans l’élevage, l’industrie du coton et le développement de
certaines cultures telles que le riz et le Maïs.
L’élevage –
richesse n° 1 du Tchad a pris une grande extention par ce qu’il fait vivre une
partie importante de la population et qu’il permet un actif commerce d’exportation
par avion de la viande abattue. Le cheptel compte acutellemnt 4 millions de bœufs,
1 millions de moutons, 100.000 chevaux. Il est sans cesse amélioré, grâce aux
centres de vaccination et aux bergeries modles de Ngouri (Kanem) et de
Abougoudam (Ouaddai) qui pratiquent en grand les croisements par insémination
artificielle.
L’Agriculture –
du Tchad se réduisait à la culture du mil avant l’arrivée des Français. Une
station d’agriculture a été créée au Ba-Illi pour l’amélioration des mils et
des maïs. Ce « Laboratoire agricole » a été doublé d’’une Ecole d’Agriculture
et d’un centre d’apprentissage pour la formation des moniteurs. Le riz a connu
un gros succès dans la région de Lai (Zone d’épandage du Logone-Chari) – Des travaux
d’irrigation sont actuellement à l’étude pour d’autres régions, en particulier
le Kanem.
L’industrie
cotonnière – est née au Tchad en 1928. La production n’a cessé de
monter. Coton-graine = 11.000 tonnes en 1939 ; 23.000 tonnes en 1943 ;
37.000 en 1948 ; 53.000 tonnes en 1950. Cette industrie subit actuellement
une crise par suite du désaccord entre le prix de revient du coton au Tchad et
les prix de réalisation sur les marchés français et étrangers. Il faut espérer
que cette crise sera surmontée parce que la production du coton est éminemment
apte à élever le niveau de vie des populations du Tchad.
c. Les
réalisations sociales :
Le
Service de Santé – est en plein essor au Tchad. Malgré d’énormes
difficultés financières – le Tchad est en effet le plus pauvre territoire de la
Fédération – deux hôpitaux ont été construits à Fort-Lamy, un à Abéché, un à
Fort-Archambault. Il existe des centres médicaux dans chaque chef-lieu de
Région. La lutte contre la maladie du sommeil, le paludisme, la lèpre et les
grandes endémies, est menée activement par les formation des secteurs XVI et XVII
d’hygiène mobile.
La
fréquentation scolaire – progresse au Tchad chaque année. Il y
a maintenant des écoles dans tous les chefs-lieux de région et de districts. Le
plan scolaire prévoit pour un avenir très proche l’installation d’écoles dans
chaque canton. L’enseignement professionnel est donné au Tchad dans les écoles
des Métiers de Fort-Lamy et de Fort-Archambault. Une école des moniteurs existe
à Bongor. Une Ecole Normale d’instituteurs est en formation à Lamy. L’enseignement
secondaire ne fait que débuter avec le Collège moderne de Bongor et le cours
secondaire de Fort-Lamy.
Le
développement du Tchad n’a actuellement qu’un obstacle : la pauvreté du
budget territorial. Si l’on veut chercher un signe des grandes possibilités de
ce pays, il n’est qu’à regarder les proportions qu’y ont pris, par exemple, le
trafic aérien et le commerce à Fort-Lamy depuis 1939. Quelqu’un a pu dire
qu’entre le Fort-Lamy de cette époque et celui de 1953, il n’y a de commun que
le nom.
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