La section locale de la SNE dans la ville de Sarh
parvenait au début à tirer son épingle du jeu. On peut dire que la gestion et la
distribution de l’électricité était exemplaire dans cette ville qu’on citait
même comme exemple. Les délestages étaient plutôt rares. C’était un véritable
pain béni pour l’agro-alimentaire, les petites industries et tous ceux qui
devaient utiliser l’électricité pour leur fonctionnement habituel. La chaîne du
froid n’était pas rompue et le nombre de cas d’intoxications alimentaires ne se
comptaient que sur les doigts d’une seule main.
Cette gestion était bonne mais ça, c’était avant. Depuis environ
quatre mois, c’est une véritable descente aux enfers que connaît la ville de
Sarh. Elle n’en finit pas de broyer du noir.
Les délestages sont devenus monnaie courante et
reviennent avec une régularité de métronome. L’électricité vient de 8h du matin
à 14h30, puis de 18h à minuit. Les délestages vont donc de minuit à 8h du
matin, puis de 14h30 à 18h. Pourquoi ces heures ? Personne ne semble en
connaître la raison. Cela dépend sans doute de la souveraine volonté des
responsables locales de la SNE.
Il va sans dire que les conséquences sont désastreuses
pour les consommateurs. S’il ne faut citer que les soudeurs, Dieu sait comment
ils parviennent à survivre. Il en va de même pour tous ceux qui s’occupent de
l’alimentation. Comment conserver les aliments ? Il s’agit en fait d’un
problème de santé publique qu’il faut réaliser.
Ce délestage touche tous les secteurs de la ville. Même
l’hôpital général de la ville de Sarh n’a pas la priorité. C’est à se demander
si la SNE a vraiment pris le temps de réfléchir sur sa façon de gérer cette
pénurie. Parmi les cas les plus dramatiques, il y a la gestion de la morgue.
Comme l’hôpital n’est pas une zone prioritaire, il est touché par les
délestages intempestifs ; il devient de problématique de conserver les
corps dans de bonnes conditions. Il y a certes un groupe électrogène pour la
morgue mais comment le faire tourner sans carburant ? Il revient alors aux
parents du défunt de contribuer s’ils ne veulent pas se retrouver avec un corps
en état de décomposition avancée.
Il y a également des conséquences collatérales. Depuis
quelque temps, la ville de Sarh peut recevoir RFI (Radio France
internationale) ; un relais est nécessaire pour que cela marche ; or
ce relais a besoin d’électricité. Cela fait qu’on ne peut pas, en grande
partie, capter RFI pendant les heures de délestage (en grande partie seulement
parce qu’on a le signal le matin avant l’arrivée de l’électricité, c’est-à-dire
dès 6h du matin). Cela fait partie des mystères de la ville de Sarh car si l’on
peut avoir RFI à 6h avant l’arrivée de l’électricité, pourquoi ne peut-on pas
l’avoir à d’autres moments ?
Point n’est question de parler des appareils électro-ménagers
qui par milliers se détériorent. Lorsque l’électricité peut partir et revenir à
n’importe quel moment, les appareils qui sont restés sur secteur reçoivent des
chocs qui leur sont souvent fatales.
Il faudrait sans doute que la conscience citoyenne se
développe de plus en plus dans le pays et plus particulièrement dans la ville
de Sarh. Que l’association des consommateurs prenne de l’envergure et soit
capable de s’imposer face aux opérateurs économiques. Elle doit être capable
d’obtenir que l’on nous dise pourquoi ce délestage depuis environ quatre mois
et quand est-ce que cela doit finir.
Il est impossible pour un pays de parler de développement
économique s’il n’est pas capable de maitriser la gestion de son électricité.
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