La ville de Sarh était jadis portée par deux industries,
la STT (Société textile du Tchad) et la CST (compagnie sucrière du Tchad), il
faut dire que c’est maintenant pour elle le temps du marasme. Les deux sociétés
ont connu des fortunes diverses. Il faut dire que celle qui est le plus en mal
aujourd’hui, c’est la société sucrière. Elle souffre d’un mal très profond dont
seule une solution vigoureuse pourrait encore la sauver.
La CST est née en 2000 de la privatisation de la SONASUT
(Société nationale sucrière du Tchad) qui avait été créée en 1974 à Banda non
loin de Sarh. La CST dont la production annuelle tourne autour de 30.000
tonnes, bon an, mal an est le véritable poumon économique de toute la région de
Sarh puisqu’elle emploie environ 2500 personnes. Elle s’emploie en outre à
améliorer la vie de la population autochtone par la création d’un centre de
santé assez performant et d’une école.
Si la CST a toujours connu des difficultés pour maintenir
sa production annuelle à cause des aléas du climat dont souffrent les pays du
Sahel, elle fait aujourd’hui face à un défi dont elle s’en sortira
difficilement.
La grand mal qui menace aujourd’hui la CST est la
contrebande. De différentes frontières arrivent une grande quantité de sucre de
contrebande qui fait une concurrence déloyale à la CST. Il y a ainsi du sucre
venant du Cameroun, du Nigéria, de la Lybie, du Brésil… et surtout du sucre
venant du Soudan. Le phénomène est de telle ampleur que la CST ne parvient à
vendre que 30% de sa production. La mévente est telle que la Compagnie sucrière
est obligée de créer des endroits pour garder les 70% de sa production
invendue. Cela nécessite d’autres frais de magasinage.
A ce rythme, la CST fonctionne à perte et ne pourrait
continuer à tenir. Il est à craindre qu’elle ne dépose le bilan au pire des
cas, sinon tout simplement qu’elle mette en chômage technique ses employés.
La CST n’est pas seule à souffrir de ce problème ;
l’Etat tchadien est également victime puisqu’elle ne peut percevoir sa recette
habituelle.
Il y a une solution drastique qui pourrait encore sauver
la société. Il ne s’agit point d’adopter une politique économique de
protectionnisme. Selon le journal Abba Garde (numéro 057 du 10 au 20
janvier), il s’agit tout simplement « de
procéder à une application stricte à l’entrée des marchandises des droits de
douanes à 30%, de la TVA à 18%, de l’IRPP à 4%, un renforcement des mesures de
lutte contre la fraude, en particulier autour de Ngueli et sur les axes vers
Moundou-Sarh, une mise en place d’une fiscalité incitative à la production
locale afin de renforcer la compétitivité et encourager l’investissement. »
La contrebande semble arranger certaines personnes mais
en réalité c’est une vision à courte vue. Il s’agit ni plus ni moins de scier
l’arbre sur lequel on est assis. Beaucoup de ceux qui achètent le sucre de la
contrebande sont ceux sont payés par la CST. Lorsque cette source de revenue
sera tarie, il n’y aura pas d’argent pour entretenir la contrebande et c’est
tout le monde qui perdra. Il faut agir avant que le malade n’entre dans le
coma. Il faut espérer que les uns et les autres retrouveront la raison et que
ce patrimoine sera sauvé.
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