samedi 1 février 2014

Centrafrique : nouveau seuil d'alerte (par Pascal Djimoguinan)


            La crise centrafricaine n’en finit pas avec ses épisodes à rebondissement pleins de suspense. Cela a amené Catherine Samba-Panza à intervenir sur les ondes de la radio nationale le vendredi 31 janvier : « Des informations concordantes relayées par les médias internationaux font état de l'irruption de groupes armés appartenant à l'ex-Séléka à Sibut avec des velléités de sécession, malgré les appels à la paix et à la réconciliation du nouveau gouvernement. » Cette poussée de fièvre fait suite aux informations selon lesquelles plusieurs centaines d’hommes de l’ex rébellion séléka se seraient regroupés à Sibut à 180 km de Bangui et auraient planté un drapeau rouge dans un quartier périphérique de la ville (Sokada) pour symboliser la partition du pays. Cela a obligé les forces de maintien de la paix a envoyer à Sibut trois unités de la Misca, appuyée par la force française.

            Il est dangereux que l’idée de la partition de la Centrafrique avance de plus en plus. Les autorités estiment que la seule la force est la solution. Que faut-il en penser ?

            Tout le monde sait que personne ne soigne la fièvre en cassant le thermomètre. Peut-être que dans l’immédiat il faudra bander les muscles pour mieux se placer sur l’échiquier national mais très vite, il faut arrêter de vouloir traiter des effets sans toucher à la cause.

            Le problème qui menace l’avenir de la Centrafrique, c’est la possibilité « du vivre ensemble » par-delà les communautés. Il est vrai qu’il y a un problème communautaire aujourd’hui dans le pays. Par opportunisme, ce problème essaie de prendre les contours religieux. Cela est alimenté par certains discours qui devraient inquiéter mais que de responsables politiques encouragent et que les medias véhiculent sans s’en rendre compte. Quand des responsables de milices affirment avec bonhomie avoir nettoyé tel secteur, assaini tel autre quartier, il faut accepter d’aller au-delà des mots pour voir la réalité que cela implique.

            Comment redonner confiance aux différentes communautés pour leur faire croire qu’il est possible de continuer la route ensemble ? Il est étonnant de voir que tous les responsables politiques et tous les citoyens centrafricains vouent une grande vénération à Barthélémy Boganda, premier président du pays mais que en même temps, on constate depuis quelque peu un discours à l’opposé de ses idéaux.

            Plus que toute autre chose, la Centrafrique est en train de mener le combat de son unité. On commence à oublier que la devise de la Centrafrique est « Unité, dignité, travail ». Le pays n’a pas à faire l’économie de cette unité. La Centrafrique doit retrouver son humaniste qui s’exprime dans ce slogan de Barthélémy Boganda : « Zo kwe zo » ( Un homme est un homme, ce qui signifie tout homme est une personne humaine).

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