vendredi 7 février 2014

Centrafrique : il faut un sursaut (par Pascal Djimoguinan)


            La Centrafrique ne cesse de faire parler d’elle ces jours-ci. Une orgie d’images macabres circule dans les réseaux sociaux. On voit des gens poser avec des membres d’ennemis arrachés à la suite de lynchages. Est-ce cela l’image du pays de Barthélémy Bonganda ? Ne faut-il pas que ce pays se réveille enfin de ce long cauchemar ?

            Ce qui est venu remettre la violence en Centrafrique sous les feux de la rampe, c’est ce lynchage d’un ancien Seleka. Après une rencontre de la présidente de la transition Catherine Samba-Panza avec les anciens faca (Forces armées centrafricaines) le mercredi 5 février dans le but de marquer la renaissance de l’armée centrafricaine, des soldats de l’armée « régulière » ont lynché à coups de pieds, de briques et de couteaux, Idriss un homme du groupe soupçonné d’être un ancien de la Séléka. Tout cela s’est passé sous le regard de la presse internationale venue couvrir la cérémonie militaire. Comme si cela ne suffisait pas, la scène s’est déroulée au sein de l’école nationale de magistrature (quel symbole ?)

            Le tollé a été général ; des voix s’élèvent pour demander des sanctions exemplaires. Si les scènes de lynchages sont monnaie courante en Centrafrique, celle qui a eu lieu mercredi est très significatif. Des hommes en uniforme censés remettre de l’ordre dans le pays qui s’abandonnent ainsi en public à une scène de non-droit, avec le sourire aux lèvres, cela donne à réfléchir. Ne met-on pas la charrue avant les bœufs en voulant absolument rendre les FACA opérationnels. Cette scène montre les limites d’une telle politique. Il faudrait d’abord prendre le temps de la formation de ces militaires.

            Toutes ces réactions mettent en porte-à-faux les forces de maintien de la paix. Combien de temps les ressortissants des pays qui envoient des militaires en Centrafrique vont tolérer que leurs soldats protègent des gens pour qu’ils puissent continuer les lynchages ?

            La violence est telle dans le pays que la vengeance semble être devenue une voie normale pour résoudre les problèmes. Il faut absolument arrêter le cycle de la violence. Pour cela, il faudra être capable de calmer les esprits et petit à petit amener les populations à se sentir plus en sécurité. La priorité doit être en ce moment, la formation des policiers et des gendarmes centrafricains.

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