mardi 11 février 2014

Tchad : 12 février 1979, qu’avons-nous appris ? (par Pascal Djimoguinan)


            Il y a 35 ans, les portes de l’enfer ont semblé s’être ouvertes au Tchad. Libération pour certains, cataclysme pour d’autres, les événements qui ont eu lieu avaient fait place à un pays exsangue, divisé, en lambeaux. Pouvons-nous dire que des leçons ont été tirées et que le pays a fait un pas en avant ?

            En Afrique où on aime les célébrations, il est étonnant que constater qu’il n’y a au Tchad aucun programme de grandes célébrations du 12 février. Cette date marque pourtant pour le pays le passage à une autre ère.

            Officiellement, c’est la date de la grande déchirure qui a amené le Tchad au bord de la partition. Jamais la crise tchadienne n’avait connu une telle consonance communautaire. Tchadien à l’origine, on se découvrait soudain sudiste ou nordiste. Les notions géographiques du Nord et du Sud ont pris une connotation surtout politique. Le Nord au Tchad commençait désormais à N’Djamena.

            Lorsque les hordes de soldats Fan de Habré ont déferlé sur N’Djamena, Les esprits se sont cristallisés au Tchad autour de deux groupes qu’on a opposé : les goranes contre les saras. Il a fallu attendre l’évolution des événements pour qu’au nord comme au sud, on découvre que la réalité était plus complexe. Au Nord, on découvrait qu’il y avait dans le groupe sara des mbays, des sars, des gors, des ngambayes etc. Au Sud, on s’étonnait de voir qu’il y avait en plus de ce qu’on appelle gorane, les toubous, les anakazas, les zaghawas, etc.

            Le 12 février a marqué une descente en enfer au Tchad en ce sens que la nation avait éclaté. L’Etat n’existait plus.  On se retrouvait avec onze tendances politico-militaires, prêtes à en venir aux mains pour imposer leurs points de vue.

            Curieusement, c’est dans les jours sombres qui ont suivi qu’on a eu la plus courageuse tentative de fusion nationale avec la formation du GUNT (gouvernement d’union nationale de transition). Même si le Tchad a connu la dictature de Habré, l’espoir demeure car le GUNT nous a montré qu’un autre Tchad est possible. Le pays a su dépasser les divisions que lui ont imposé les hommes politiques.
            
              L'expérience des forces étrangères d'interposition a été négatif. Le Tchad a appris qu'il faut compter sur ses propres forces de défense et de sécurité. Rien ne vaut le dialogue entre les fils du pays. Les armes comme moyen d'alternance au pouvoir crée plus de troubles. Toute une génération a été sacrifiée. Plus jamais ça doit être le slogan de tous les tchadiens!

            Le 12 février 1979 appelle tous les tchadiens à faire mémoire d’un avenir à inventer ensemble pour devenir une nation.

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