mercredi 5 février 2014

Tchad : Parlons de la sorcellerie au sud du pays 2 (par Pascal Djimoguinan)


            Nous avons relevé que la sorcellerie apparaît comme une réalité multiforme au sud du Tchad. Nous avons essayé de montrer comment les natifs la voie. La question qui va nous occuper maintenant concerne la manière dont ils abordent la sorcellerie.

            Il faut dire que la première réaction face à la sorcellerie est celle de la peur. La sorcellerie provoque chez la majorité des gens une très grande peur et c’est ce qui fait sa force. Cette peur permet à ceux qui apparaissent comme sorciers d’être les maîtres du jeu et de manipuler les autres. Cette peur fait que l’on ne parle de la sorcellerie qu’à voix basse et qu’on n’ose pas la critiquer.

            Toute société, même devant des faits qui semble la dépasser, parvient à trouver des solutions. Ainsi les cultures du sud du Tchad ont trouvé une parade contre les sorciers. Si c’est sorciers n’ont pour but que de détruire les vies, il y a dans les villages des gens dont le travail consiste à lutter contre eux. Ainsi sont-ils consultés dans tous les cas où des personnes s’estiment attaquées par les sorciers, ou par leurs proches pour les soigner des maladies qui les rongent. Il n’est pas rare d’entendre dire que certaines maladies ne se soignent pas par l’homme blanc ou par l’hôpital (ici il y a un travail pédagogique à faire pour que l’hôpital ne soit pas négliger par ceux qui vont consulter les guérisseurs.)

            Bien souvent, lorsque les guérisseurs sont consultés pour des cas de sorcellerie, ils prescrivent des herbes qu’il faudra utiliser pour encenser les malades. La tradition veut cela pousse le malade à prononcer le nom de l’ensorceleur. La question qu’il faut se poser ici est de savoir s’il s’agit d’une drogue qui, sous la pression des personnes présentes pousse le malade, dans un délire, à dire le nom d’une personne ou s’il s’agit réellement d’une personne ayant provoqué la maladie par une philtre, un sort ou une invocation.

            Une fois que le nom d’une personne a été prononcé, l’assistance ira manu militari l’arrêter et se chargera par une violence inouïe à arracher son aveu puis sommé de relâcher le double du malade et lui trouver des antidotes.  Il n’est pas rare que des personnes innocentes soient rouées de coups, chassées des villages, et même souvent passer de vie à trépas.

            Un fait qui pose question : que penser des cas des personnes qui restent plusieurs en état de coma et qui demandent qu’on rassemble la famille et devant elle, confesse les assassinats de plusieurs personnes du village depuis des années en donnant des noms précis ? Souvent, après ces confessions, ces personnes peuvent mourir paisiblement.

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