lundi 10 février 2014

Centrafrique : cote d'alerte médiatique (par Pascal Djimoguinan)


            Il est temps de mettre le hola ! En Afrique, le souvenir de la Radio Mille Collines est encore présent dans les esprits. Il est presque impossible d’éviter de voir sur les réseaux sociaux et sur tout internet, des images les plus choquantes sur la Centrafrique. Une émulation malsaine semble s’imposer ; c’est à qui posterait l’image la plus ignoble. On voit des corps démembrés, des gens postant avec des membres humains, des scènes de lynchage, des blessures horribles. Il ne s’agit point de ne pas informer ; la question est de savoir gérer les informations pour ne pas attiser la haine. La situation de la Centrafrique est très fragile et on ne gagnerait pas à faire une surenchère sur la douleur des gens.

            Il est vrai que longtemps, la Centrafrique a souffert de l’indifférence de la presse internationale. Le conflit centrafricain s’est joué très longtemps à huis-clos. Il y a eu des massacres et des exactions qui se sont déroulés loin de tout battage médiatique. La crise centrafricaine a pu ainsi se répandre dans tout le pays tel une gangrène.

            Aujourd’hui, il est heureux que le monde ait enfin ouvert les yeux sur la crise centrafricaine. On est mieux informé sur ce qui se passe dans le pays et des élans de solidarités se lèvent de par le monde. Un avantage certain est dans le fait qu’il est désormais impossible que la crise que connaît le pays retombe dans l’oubli.

            Cependant, cette prise de conscience peut, si elle n’est bien gérée, aboutir à un effet qui, loin d’être bénéfique pour la Centrafrique, lui causerait du tort. Il est normal que chacun, face à des images très fortes de scènes horribles soit scandalisé, horrifié… Mais toute image est-elle publiable ? Que cherche-t-on en les publiant ?

            Le crise centrafricaine prend des allures communautaires et se couvre de relents religieux. La publication de toutes les images avec des commentaires plus ou moins partisans, au lieu de montrer uniquement l’aspect horrible des choses, pourrait plutôt pousser à la révolte et appeler à la vengeance.

            Pour tous ceux qui aiment la Centrafrique, de grâce, il faut arrêter cette orgie autour des dépouilles. Il faut arrêter  d’attiser la haine car le pays est arrivé à un point où la guerre civile généralisée n’est pas loin. Que tous les internautes fassent un usage responsable des réseaux sociaux. L’avenir de la Centrafrique en dépend !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire