La présence des soldats tchadiens dans la Misca est
devenue un abcès de fixation de toute la haine qui est à son paroxysme en
Centrafrique. Sur le plan aussi bien politique que militaire, le Tchad a-t-il
intérêt à maintenir ses troupes dans ce pays ? Le moment n’est-il pas venu
d’anticiper les choses et de changer de stratégie ?
Pendant longtemps, le Tchad a argué du mandat de la CEMAC
puis de l’UA pour justifier sa présence militaire en Centrafrique. Il a indiqué
qu’il fallait une présence militaire tchadienne pour assurer l’ordre dans ce
pays. Peut-être qu’il fut un temps où cela était vrai mais depuis décembre, les
choses ont changé.
Depuis décembre, l’intervention française en Centrafrique
a changé la donne. Il faut dire que dès le début, les français se sont laissé piéger
et cela les a mis en porte-à-faux. Leur stratégie était de venir neutraliser la
Séléka et restaurer la sécurité dans le pays à partir de Bangui vers l’intérieur
du pays. Elle n’a pas su intégrer un fait nouveau qui est venu transformer
complètement la situation, l’attaque de Bangui par les anti-balakas du 5
décembre. Les français ont voulu appliquer le plan de départ alors que cela
était dépassé. Ils ont, sans le savoir, laissé se développer les germes de
cette situation dont si on ne prend garde, se transformerait en une épuration
sinon ethnique, du moins communautaire. Sans le vouloir, la fameuse phrase de
François Hollande sur Michel Djotodia pourrait être retournée à la France :
« On ne peut pas laisser en place un
président qui n’a rien pu faire, a laissé faire ». Cela fait déjà deux
mois que la France est en Centrafrique et les pogroms continuent en même temps
que les sites de déplacés ne désemplissent pas.
Même si la situation n’est pas encore stable en
Centrafrique, en plus des forces Sangaris, les forces africaines sont en train
de monter en puissance et leur nombre ne cesse de croître. Il devient
inévitable que cette force se transforme dans les mois à venir en force
onusienne. Cela signifie que les soldats tchadiens ne sont plus indispensables
en Centrafrique. Au contraire, le retrait des soldats tchadiens de la Misca
pourrait créer un nouveau dynamisme qui sera utile dans l’avenir. Il n’y a
aucun bénéfice pour le Tchad de demeurer en Centrafrique et de faire l’objet de
toutes les accusations.
De toutes les façons, le Tchad a eu à jouer longtemps en
eau trouble ; on ne peut pas être à la fois juge et partie. La meilleure
chose à faire pour le Tchad, c’est de faire profil bas en Centrafrique. Cela
consiste à retirer ses troupes, à juger les mercenaires Séléka tchadiens,
confiés les enfants soldats à l’Unicef et enfant demander aux organismes
internationaux de s’occuper des Séléka centrafricains en réfugiés au Tchad. Il
viendra un moment où il faudra parler de la réintégration des musulmans
centrafricains dans leur pays. Le Tchad ne pourra servir d’intermédiaire que si
sa neutralité est avérée.
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