L’homme s’est toujours
trouvé en face de l’écoulement du temps qui est pour lui le signe d’une grande
impuissance. Comment sortir de cette finitude connaturelle à son existence ?
Nous nous rappelons l’incantation du poète : " Ô temps ! Suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez
votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos
jours !
Si l’homme mesure son impuissance face au temps, il a
toujours essayé par des artifices de se construire une forme de résistance qui
puisse être le miroir d’une éternité de façade. La pierre se présente comme la
matière qui s’y prête le mieux. Toutes les institutions de l’homme vont donc se
tailler dans la pierre pour essayer de traverser le temps.
L’histoire humaine va donc ressembler à un jeu de cache-cache
entre la pierre et le temps. On verra des civilisations naître, grandir,
atteindre leur apogée puis disparaître. Promises pour des millénaires, elles
finissent toujours disparaître ou pour donner naissance à d’autres
civilisations ; piètre revanche si éphémère. A l’échelle des
civilisations, le temps demeure imperturbable car il a toujours le dernier mot.
Nous assistons à cette lutte entre la pierre et le temps
d’une manière particulière, voire paradoxale ces jours-ci. La souveraineté est
du côté de la pierre, de la construction alors que l’insurrection est du côté
du temps. Cela peut être un paradigme qui pourrait aider à lire ce qu’on a pris
l’habitude d’appeler sous le doux euphémisme de printemps arabe.
Généralement, la fameuse communauté internationale est du
côté de la souveraineté, du respect des institutions. Toute insurrection est
vue avec méfiance, comme destructrice.
Or depuis le printemps arabe, des institutions, taillées sur la pierre,
défendent et encourage des groupes insurrectionnels contre des souverainetés,
contre des institutions politiques établies.
On a vu tomber des régimes en Tunisie, en Egypte et en
Lybie. En Syrie, la communauté internationale cherche à armer l’insurrection et
à l’inscrire sur la pierre. Quelle sera l’issue de cet effort ?
La grande question qui semble être ignorée par tous les
politologues, par paresse ou tout simplement par dépit, est de savoir quel sera
l’impact de tout ce changement de la philosophie politique (car c’est vraiment
le cas) sur l’Occident. Il ne faut pas croire que l’Occident s’en sortira
indemne. La souveraineté est en train de subir une mutation et la vieille
Europe ne tardera pas à en voir les effets !
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