La honte joue un très grand
rôle dans les différents rapports sociaux en Afrique. Il n’est pas rare de
constater que la honte est utilisée comme critère de discernement sur le
comportement que devrait avoir toute personne respectable. N’est-il pas temps d’aller
plus loin dans les critères éthiques pour une Afrique plus éthique ?
La honte fait partie des réactions humaines naturelles.
On peut dire qu’elle est en même temps signe que je ne suis pas seul. La honte
est apparaît lorsqu’autrui me regarde. Pouvons-nous y voir un des indicateurs
de l’humanité ? Cela est fort possible. Par la honte, je me rends compte
que je suis seul et que je ne dois pas me comporter n’importe comment.
Dans les sociétés de type traditionnel, la honte permet à
tout individu de savoir ce qui lui est permis et ce qui lui est interdit.
Il n’y a pas de mal à cela mais il faut éviter des abus
qui pourraient naître d’une utilisation à outrance de la honte comme critère
général de sociabilité. La honte se trouve encore au niveau de l’instinct et il
faudrait laisser la place à la rationalité.
Tout abus peut mener à un scrupule maladif qui inhiberait
toute vie active. En plus, ne compter sur la honte pour réguler la vie éthique
dans une société amènerait les individus à une absence de responsabilité
puisque ne serait dans son tort que celui qui se ferait prendre et qui devra
répondre face au regard d’autrui.
Un autre abus courant est que sans être fautif, l’individu
pourrait se croire fautif quand des regards extérieurs pensent qu’il en est
ainsi. Plusieurs cas de sorcelleries viennent confirmer cela. En effet,
plusieurs personnes accusées de sorcellerie en viennent à penser comme leurs
accusateurs (nous ne donnons pas ici ce que nous pensons de la sorcellerie en
elle-même, nous le ferons à un autre moment).
Si la honte est de l’ordre de l’instinct est une réaction
face à autrui qui me regarde et me rappelle un type de comportement, il
faudrait aller au-delà de cela. Il faudrait personnaliser davantage les
critères du comportement éthique. Au-delà de la honte, qu’est-ce qui doit
raisonnablement m’aider à diriger ma vie et qui doit me servir de critères pour
agir. En personnalisant cela, je me responsabilise et je n’ai plus besoin du
regard d’autrui ni de la punition pour agir d’une manière bonne. Nous avons ici
l’éternel question de la justice dont le mythe de Platon dans le livre I de la
République sur l’anneau de gygès pose
la question : L’homme juste est-ce cet être assez « naïf pour respecter
les lois et la morale même si cela peut être désavantageux ? » Il
faudrait qu’on soit intérieurement bien formé pour respecter les lois et la
morale même lorsqu’aucune coercition extérieure ne nous y force.
La honte ne devrait être qu’un point de départ, un éveil
à l’éthique mais l’éducation doit former pour que les individus intériorisent
la justice et la morale. Cela éviterait d’avoir des comportements de schizophrènes
que nous rencontrons souvent dans les grandes villes où nous pouvons trouver
des personnes respectables dans leur quartier, dans leurs communautés mais qui
n’hésitent pas à être des corrompus et des détourneurs de deniers publics au
niveau de l’administration publique.
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