mercredi 24 avril 2013

Que l’Afrique redécouvre la citoyenneté (par Pascal Djimoguinan)


La décennie qui a vu s’éteindre le 20ème siècle fut pour l’Afrique remplie d’optimisme. Après la chute du Mur de Berlin, des indices favorables à la démocratie  se sont multipliés. Le 21ème siècle allait être une ère de liberté politique et d’épanouissement total ; or le constat est amer ; Les fleurs ‘n’ont pas donné de fruits. Quel avenir politique pour l’Afrique aujourd’hui ? Où avons-nous raté le coche ?

            Les signes d’espoir de la fin du 20ème siècle à l’aune desquels nous pensions mesurer la démocratie en Afrique étaient multiples. D’abord, les conférences nationales s’étaient multipliées dans la plupart des pays francophones d’Afrique. La parole se libérait et on essayait de construire ensemble l’Etat. Ensuite, les partis politiques se sont multipliés. On a vu la société civile se fortifier et la presse connaitre un essor comme jamais auparavant.

            On pensait que c’en était fini des coups d’Etat et que désormais, seul le peuple allait jouer son rôle d’arbitre. Malheureusement on a vite vu revenir les vieux démons. Si quelques nouveaux visages ont émergé, très vite les tripatouillages ont repris. Petit à petit, les coups de force ont repris.

            Si sur le plan international on condamne du bout de lèvres les prises de pouvoir par la force, les différents acteurs politiques africains ont appris à rendre les choses acceptables.

            Si les élections ont bien lieu de manière régulière, d’où vient le problème ? On se rappelle le discours du président américains au Ghana : « L’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, elle a besoin d’institutions fortes ». Peut-être devrions-nous prendre cela au sérieux. Il nous faut des parlements qui ne soient pas simplement des chambres d’enregistrement, donc que les partis d’opposition jouent vraiment leurs rôles. Encourager une presse indépendante, qui ne soit pas partisane, mais professionnelle. Encourager la société civile dans ses différentes composantes, notamment les femmes, les humanitaires, les droits humains. Favoriser l’éducation et assurer les besoins primaires des peuples. Former les peuples à la paix. Souvent, on croit que la paix ne se réduit qu’à l’absence des conflits armés en oubliant que les conditions de la paix vont plus loin que cela.

            En résumé, ce dont l’Afrique a besoin pour que l’optimiste revienne, c’est de redécouvrir la citoyenneté. Que l’Afrique redécouvre la citoyenneté.

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