lundi 26 janvier 2015

Tchad : les croyances avant le Christianisme (par Pascal Djimoguinan)



            Aujourd’hui, il devient difficile de retrouver ce que furent les croyances au sud du Tchad avant l’arrivée du christianisme. La plupart des vieux sont morts et les survivants ont de la peine à démêler ce qu’ils pensent être les croyances et ce qui vient en réalité du christianisme. Pour aider certains qui font des recherches mais n’arrivent pas à retrouver ces bribes, nous donnons ici ce qu’en disait le père Joseph Fortier dans l’introduction de son livre Le mythe et les contes de Sou en pays Mbaï-Moïssala, Classique africains, 1967.

            Au niveau des grand Dieux, tous connaissent un esprit bienfaisant, créateur des hommes, parfois dieu de l’orage et de la pluie ; toutefois, chez les Ngambay, ce dieu, partant connu, sefface devant Sou, le héros civilisateur. Il est nommé Luba ou Loa chez les Mbay ; Nuba chez les Madjingay et les Ngama ; Nuba kinda chez les Kaba de Kyabé, qui soulignent ainsi son rôle créateur : nuba kinda, « il façonne et il pose ». Partout, c’est un seul et même dieu, très vite assimilé à Allah, le dieu des musulmans, ou celui des chrétiens.
            A Loa-Nuba, dans tout le Moyen-Chari, est associé Kadə̀, dont le nom signifie « soleil » et qui donne la fertilité aux champs mais surtout la fécondité aux femmes. Les Madjingay disent Mbang pour désigner dans la vie quotidienne le soleil visible et réservent le mot Kadə̀ pour l’usage cultuel ; les Kaba disent Kadji. On ne rend pas de culte à Loa, car il est toujours bienfaisant, mais on rend un culte à Kadə̀, car il intervient dans l’activité des hommes et peut leur nuire, si on ne l’honore pas.
            A un niveau inférieur, Sou est le premier ancêtre, le héros civilisateur, qui a apporté aux Sara les semences, les outils, les armes, le feu et le secret de l’initiation. C’est un personnage ambigu : souvent, il a gâté ou détruit l’œuvre de Loa-Nuba. En dehors du Mythe, dans les contes, il apparait comme un farceur, un « trickster ». Nous ne parlerons pas ici des génies à force animale, ou logeant dans les arbres ; particulièrement nombreux chez les Ngambay, leur importance et leur rôle varient d’une tribu à l’autre.
Au niveau du culte familial, on trouve partout :
a.    Le culte des mânes : uma chez les Ngambay ; ma chez les Mbay ; badə̀ chez les Madjingay et les Ngama. Après le grand sacrifice de levée du deuil, chez les Mbay, on dresse, en dehors du village, une hutte en branchages pour les morts, kuji-ma-de-gə̀. Chaque année, dans l’endroit familial, au mois de Janvier, on fait une offrande de boule de mil et de poisson, accompagnée d’une prière pour les morts ; on n’élève pas d’autel permanent, à la différence des Madjingay.
b.    Le culte des jumeaux : Ndunga-je [Ngambay] ; Ndinga-gə̀ [Mbay, Madjingay et Ngama] ; Njunga [Kaba de Kyabé]. Seuls les Mbay de Moïssala pratiquent ce culte indifféremment à la naissance de tous leurs enfants, jumeaux ou non.


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