Aujourd’hui, il devient difficile de retrouver ce que
furent les croyances au sud du Tchad avant l’arrivée du christianisme. La
plupart des vieux sont morts et les survivants ont de la peine à démêler ce qu’ils
pensent être les croyances et ce qui vient en réalité du christianisme. Pour
aider certains qui font des recherches mais n’arrivent pas à retrouver ces
bribes, nous donnons ici ce qu’en disait le père Joseph Fortier dans l’introduction
de son livre Le mythe et les contes de
Sou en pays Mbaï-Moïssala, Classique africains, 1967.
Au niveau des grand Dieux, tous connaissent un esprit
bienfaisant, créateur des hommes, parfois dieu de l’orage et de la pluie ;
toutefois, chez les Ngambay, ce dieu, partant connu, sefface devant Sou, le
héros civilisateur. Il est nommé Luba ou
Loa chez les Mbay ; Nuba chez les Madjingay et les Ngama ;
Nuba kinda chez les Kaba de Kyabé,
qui soulignent ainsi son rôle créateur : nuba kinda, « il façonne et il pose ». Partout, c’est un
seul et même dieu, très vite assimilé à Allah, le dieu des musulmans, ou celui
des chrétiens.
A Loa-Nuba,
dans tout le Moyen-Chari, est associé Kadə̀, dont le nom signifie « soleil »
et qui donne la fertilité aux champs mais surtout la fécondité aux femmes. Les
Madjingay disent Mbang pour désigner
dans la vie quotidienne le soleil visible et réservent le mot Kadə̀ pour l’usage cultuel ; les
Kaba disent Kadji. On ne rend pas de
culte à Loa, car il est toujours
bienfaisant, mais on rend un culte à Kadə̀,
car il intervient dans l’activité des hommes et peut leur nuire, si on ne l’honore
pas.
A un niveau inférieur, Sou est le premier ancêtre, le
héros civilisateur, qui a apporté aux Sara les semences, les outils, les armes,
le feu et le secret de l’initiation. C’est un personnage ambigu : souvent,
il a gâté ou détruit l’œuvre de Loa-Nuba.
En dehors du Mythe, dans les contes, il apparait comme un farceur, un « trickster ».
Nous ne parlerons pas ici des génies à force animale, ou logeant dans les arbres ;
particulièrement nombreux chez les Ngambay, leur importance et leur rôle
varient d’une tribu à l’autre.
Au niveau du culte familial,
on trouve partout :
a. Le
culte des mânes : uma chez les Ngambay ; ma
chez les Mbay ; badə̀ chez les Madjingay et les Ngama. Après le grand sacrifice de levée du
deuil, chez les Mbay, on dresse, en dehors du village, une hutte en branchages
pour les morts, kuji-ma-de-gə̀. Chaque année, dans l’endroit familial,
au mois de Janvier, on fait une offrande de boule de mil et de poisson,
accompagnée d’une prière pour les morts ; on n’élève pas d’autel
permanent, à la différence des Madjingay.
b. Le
culte des jumeaux : Ndunga-je [Ngambay] ; Ndinga-gə̀ [Mbay, Madjingay et Ngama] ; Njunga [Kaba de Kyabé]. Seuls les Mbay
de Moïssala pratiquent ce culte indifféremment à la naissance de tous leurs
enfants, jumeaux ou non.
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