lundi 12 janvier 2015

Afrique : terrorisme, ne nous trompons pas de combat (par Pascal Djimoguinan)



            L’attentat de Paris contre Charlie Hebdo a servi d’électrochoc. De partout, des hommes et des femmes se sont levés pour la liberté. Comme un seul homme, ils ont osé élever la voix contre la peur et contre toute forme d’intégrisme. Près d’un million et demi de personnes ont marché à Paris, près de quatre millions en France ; un peu partout dans le monde, il y a eu des manifestations contre l’innommable, en faveur de la liberté. D’aucuns, en Afrique, peut-être légitimement, font remarquer qu’il est étonnant que de chefs d’État et de gouvernement africains n’aient rien fait en Afrique face aux massacres de Boko Haram mais qu’ils se soient rendus à la marche de Paris. Faisons attention et ne nous trompons pas de combat !
            Le terrorisme intégriste n’a ni visage, ni couleur. Il ne faut pas penser que la lutte contre lui dans un endroit dessert la cause de la liberté ailleurs. Comprenons bien ceci : le terrorisme, telle une pieuvre, étend ses tentacules partout. Il s’insinue partout où des brèches sont ouvertes. Le terrorisme et l’intégrisme ont pour ennemi tout ce qui est humaniste. C’est le cancer de l’humain.
            Un attentat du terrorisme intégriste à Paris n’est pas seulement un problème des français. Détrompons-nous car cela ne serait qu’un prétexte pour avoir la conscience tranquille et dormir en paix. Le symbole est fort. Un attentat contre la presse en pleine conférence de rédaction. La presse est attaquée en pleine action. Ce n’est rien moins qu’une tentative de museler la liberté.
            Le terrorisme profite de la peur qu’elle fait naître. Si l’on se tait, c’est qu’elle commence à vaincre. Heureusement le monde s’est levé pour le braver. Le terrorisme s’est trouvé face au contraire de l’effet escompté. Plus d’une quarantaine de chefs d’État et de chefs de gouvernements de partout, même d’Afrique, et des millions d’hommes et de femmes ont osé dire non à la peur, à la restriction de la liberté. Certains ont cité la fameuse citation prêtée à Voltaire : « Je ne suis pas d'accord avec votre opinion, mais je me battrai jusqu'au bout pour que vous puissiez l'exprimer. »
            Seulement, il faut dire que cela n’est qu’un début. Même un grand incendie de forêt commence par une flammèche. Il faut voir dans la marche de Paris le début d’un incendie. Après avoir marché en France le dimanche 11 janvier 2015, que nos hommes d’État voient par quelles actions ici en Afrique, nous pourrons nous élever comme le terrorisme. Il ne faut pas que leur bonne volonté d’aller marcher à Paris ne soit qu’un feu de paille ou uniquement pour des visées électoralistes.
            Quand les islamistes ont tué des journalistes en Somalie, peu d’africains en ont été conscients. Ils ont ensuite sévit au Mali mais les africains n’en ont pas fait leur problème. Ils sont en train de faire métastase au Nigeria mais personne ne s’en soucie. Si l’attentat contre Charlie Hebdo Paris peut sonner le réveil, nous ne pourrons que nous en réjouir. Le combat est là, ne le cherchons pas ailleurs. Il faut le commencer maintenant, avant que le terrorisme ne prenne tout le terrain. Peu d’Africains ne connaissent la ville de Maiduguri. Pouvons-nous commencer à dire : « Je suis Maiduguri ? »




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