mercredi 10 décembre 2014

Zimbabwe, la démocratie par le vide (par Pascal Djimoguinan)



            Selon la mythologie grecque, Cronos, fils d’Ouranos (le Ciel) et de Gaïa (la Terre), va obéir à sa mère et emasculer son père qui tenait tous ses fils prisonniers. Il prendra ainsi le pouvoir et épousera sa sœur Rhéa mais vivra avec la malédiction de son père selon laquelle il sera lui aussi détrôné par son propre fils. Pour éviter la réalisation de cette malédiction, Cronos engloutit ses propres enfants : Hestia, Déméter, Héra Hadès et Poséidon passeront par-là. Lorsque naîtra le dernier, Zeus, Rhéa, sur les conseils de sa mère Gaïa, le cachera pour le remplacer par une pierre que Cronos avalera immédiatement. Quand arriva le moment, Zeus accomplit la prophétie en renversant son père.
            Au Zimbabwe, on est arrivé à une nouvelle étape dans la guerre de succession à Robert Mugabe. La vice- présidente Joice Mujuru qui était vue comme la probable  héritière du vieux leader vient d’être démis de ses fonctions. Cela n’est que le couronnement d’une opération qui avait commencé depuis longtemps. La semaine dernière le Comité central du parti Zanu PF qui venait de reconduire à sa tête Robert Mubabe avait en même temps exclu Joice Mujuru de son sein le 8 décembre 2014.
            Madame Joice Mujuru est la veuve d’un ancien compagnon de lutte de Robert Mugabe, mort en 2011 dans un incendie de leur maison. Depuis quelque temps, elle a été la cible d’une campagne organisée contre elle par une partie du parti, l’accusant d’incompétence, de corruption et même de complot pour assassiner le président. Joice Mujuru est suivie dans sa déchéance par huit ministres qui lui sont proches.
            Si Robert Mugabe qui a 90 ans élimine ceux qui veulent lui succéder, c’est pour faire une bonne place à Grace Mugabe son épouse. Le président qui doit désigner bientôt  les deux nouveaux vice-présidents du Zanu PF donnera par là des signaux sur la direction que prendra sa succession. Peut-être assiste-t-on à la naissance d’une dynastie, à moins qu’un fils rebelle, comme Cronos, n’émascule le vieux président et ne lui fasse cracher tous les fils avalés.




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