La zizanie est étymologiquement la mauvaise herbe qui
peut pousser dans un champ. Par la suite, le mot a désigné la mésentente, les
causes de la discorde et de désunion. Semer la zizanie, c’est donc mettre la
mésentente et la division dans un groupe. Cela semble être le cas du fameux
code pastoral, voté par les députés de la majorité et que pourtant le président
Deby semble vouloir le retrait.
L’Assemblée national tchadienne avait adopté le 11
novembre la loi portant code sur la transhumance dans le sud du pays. Il faut
dire que cette assemblée est pourtant dominée par le parti du président et il
est étonnant de voir Déby désavouer ainsi publiquement ses partisans.
Il est vrai que cette loi n’a pas que des partisans. Elle
a contre elle les partis politiques de l’opposition, les medias, les paysans et
la société civile. Ceux-ci avaient réussi à obtenir l’annulation de la loi en
première lecture au début du mois de juillet. Elle n’a été adoptée qu’en
seconde lecture en novembre.
Qu’est-ce qu’il y avait dans cette loi pour qu’il y ait
autant de contestataires ? En vérité, cette loi venait briser un équilibre
qu’on avait déjà de la peine à maintenir entre les agriculteurs et les
éleveurs. En effet, fort du soutien de nombreux autorités civiles et militaires
devenues propriétaires de bœufs par la force des choses, les éleveurs faisaient
la loi partout où ils passaient au sud du pays, faisant une véritable politique
de la terre brûlée ; partout où ils passaient, les champs étaient dévastés
et les éleveurs n’avaient que leurs yeux pour pleurer.
Le code pastoral venait renforcer cela. Plusieurs points
sont à relever ici :
- Les paysans ont l’obligation
de clôturer leurs champs. Tout champ non clôturé est un champ sauvage donc les
animaux peuvent y entrer ;
- Les paysans sont tenus de
surveiller le jour leur champ. S’il n’y a pas de surveillant dans un champ, c’est
qu’il n’appartient à personne. Peut-être que même s’il était clôturé, dès lors
qu’il n’est pas surveillé, il pourrait être un terrain en jachère ;
- Les éleveurs transhumants
du nord peuvent arriver dans la sud agricole avant la moisson.
On ne comprend pas la nécessité d’un pareil code qui
porte en lui les germes d’un conflit. La sagesse consiste à revoir cette loi et
à revenir à la loi qui existait autrefois et qui avait fait ses preuves.
La grande question est de
savoir pourquoi les députés de la majorité ont cherché à semer cette zizanie. A
qui aurait profité le crime ? Ensuite, pourquoi le président a-t-il voulu
le retrait du code pastoral alors que des voix s’étaient déjà élevées pour le
dénoncer mais sans succès ? Ce retrait n’est-il que provisoire ?
C’est une affaire à suivre !
En tout cas, la zizanie est là, bien semée. Zizanie car
mésentente entre l’opposition et la majorité présidentielle. Mésentente entre
le sud du pays et la majorité. Mésentente entre la société civile et le
gouvernement. Mésentente au sein de l’exécutif puisque le président désavoue sa
majorité. La plus grande zizanie concerne le retrait même du code. Le président
de la République peut-il retirer une loi votée par le parlement et
promulguée ? Le feuilleton n’est pas fini.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire