Beaucoup d’étrangers arrivant au Tchad ont l’impression
qu’il y a une sorte de monotonie dans le menu que l’on présente à table tous
les jours. Souvent, ils ne voient que la boule de mil, de riz ou de pois de
terre mais ne se rendent pas compte de toute la richesse qui l’entoure. Il
suffit de voir ce qui recouvre la boule pour se rendre compte de toute la
richesse artistique lié au repas.
Pour finir en un mot avec la monotonie que verrait un
étranger, il faudrait tout simplement lui expliquer que la boule est comme le
pain qui ne manque jamais à table en France sans que cela ne crée une
quelconque monotonie. Si la boule est la même, il y a plus d’une centaine de
sauces différentes qui l’accompagne et c’est là que se trouve la différence.
Une sauce ne revient deux fois dans la semaine que s’il y a une demande
spéciale, sinon elle ne reviendra à table que dans deux ou trois semaines. Au
Tchad, la monotonie d’’un menu n’est constatée que par la sauce. Une bonne
cuisinière saura donc varier les sauces et cela n’est pas très compliqué
puisqu’il existe plus d’une centaine de sauces différentes.
Présenter la nourriture est un art au Tchad. La boule est
présentée dans une calebasse ayant préalablement été enduite d’huile. Ce qui
lui donne un aspect reluisant.
Une particularité au Sud du Tchad est que ce ne sont pas
les mêmes calebasses qui servent à la boisson et pour la nourriture.
Les calebasses servant à la boisson ont leur extérieur
non travaillé, en ce sens qu’elles sont presque à l’état naturel tandis que
leur intérieur est travaillé avec le kaolin local de couleur rouge.
Les calebasses servant d’ustensiles pour la boule ont
leur extérieur travaillé au feu. C’est l’œuvre d’une artiste femme qui avec une
dextérité extraordinaire, y trace des figures fort variées et d’une très grande
beauté. Ce travail de pyrogravure n’est pas à la portée du premier venu. C’est
l’œuvre de véritables artistes reconnues, ayant une très grande habilité chez
qui on vient parfois de très loin pour passer des commandes. Comme outil, elles
utilisent généralement un poinçon et du feu.
Malheureusement cet art est en train de disparaître.
Comme il ne rapporte pas beaucoup d’argent, très peu de jeunes filles s’y
engagent. Cette perte s’accélère car désormais, en ville, les ménagères
préfèrent utiliser des « calebasses » en aluminium pour recouvrir la
boule. Il semble qu’elles conservent mieux la chaleur elles se conservent plus
longtemps car elles ne se cassent pas. Si l’on n’y prend garde, dans les trois
années qui viennent, il n’y aura plus de calebasses traditionnelles dans nos
cuisines. Bon appétit à tous!
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