Lors des célébrations des funérailles, pour la grande
partie des populations venant du Sud du Tchad, le moment qui va du retrait du
corps du défunt de la morgue jusqu’à l’inhumation puis les jours qui suivent
sont des moments très forts en sens.
Lorsque la famille s’est décidée, après consultation, de
la date de l’enterrement, le rendez-vous est pris à la morgue à une heure
précise. Un cortège se forme autour du véhicule principal transportant le
cercueil et tous se dirigent vers la morgue.
A l’arrivée, un groupe de personnes membres de la famille
restreinte entre pour la mise en bière puis le convoi se remet en route pour le
domicile familiale du défunt. S’il s’agit d’un croyant, une chorale entonne un
chant religieux tout le long du trajet, sinon on n’entend que les pleurs des
femmes.
A l’arrivée du groupe à la concession familiale, un
rituel dont les origines se perdent dans la nuit des temps se met en place. Les
hommes s’installent dans un endroit séparé de celui des femmes. Les femmes sont
placées sur la place centrale de la concession et c’est au milieu d’elles que
sera placé le cercueil.
Ce fait qui semble banal est plus chargé de sens qu’on ne
le croit. Toute personne humaine commence sa vie après un séjour d’environ neuf
mois dans les entrailles de sa mère. A sa naissance, il évoluera sous la
protection des femmes jusqu’à ce qu’il devienne un peu plus autonome. S’il
s’agit d’une personne de sexe masculin, il se séparera, symboliquement du
groupe des femmes pour rejoindre le groupe des hommes alors qu’une personne de
sexe féminin continuera d’évoluer avec les autres femmes. Lorsque la mort
frappe, les différences sont abolies. Le corps du défunt retrouvera sa place au
milieu des femmes avant d’être réintroduit dans les entrailles de la mère
terre. La vie humaine est passage des entrailles de la mère humaine aux
entrailles de la mère terre, avec une parenthèse que nous allons la vie active.
Après un moment de recueillement, avec quelquefois le
service religieux, on procède à ce qu’on a pris l’habitude d’appeler la visite
du corps. Tous ceux qui sont présents seront invités à passer voir le corps
pour la dernière fois, en commençant par la famille la plus proche. Ce sera
aussi le moment où tous ceux qui auront acheté « leur linceul »
(amercani) le déposeront sur le cercueil. Ce geste est très important car
normalement, tous les parents et la belle famille du défunt ou de la défunte se
doivent d’apporter ce tissus pour le déposer sur le cercueil.
Lorsque la visite du corps est terminée, il faudra faire
la biographie du défunt ; souvent cela est fait par les collègues du
défunt. Après cela, le représentant de la famille prendra la parole pour les
annonces.
Une fois que tout cela a été fait, on prend le cercueil
pour le cimetière. Le convoi se remet en marche. C’est toujours le moment le
plus émouvant car tout le monde cherche à prendre place dans les différents
véhicules, sans tenir compte du nombre de passagers déjà présents. Il n’est pas
rare de voir des accidents souvent tragiques survenir sur la route du cercueil.
En Afrique, lorsque survient un décès, on est en plein irrationnel.
Au cimetière, après quelques annonces, on procède à la
mise en terre avant de revenir à la maison familiale.
Après cela, il y aura quelques jours de veillée funèbre
dont nous parleront ultérieurement.
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