mardi 3 septembre 2013

Les funérailles au Tchad, traits culturels 2 (par Pascal Djimoguinan)


            Lors des célébrations des funérailles, pour la grande partie des populations venant du Sud du Tchad, le moment qui va du retrait du corps du défunt de la morgue jusqu’à l’inhumation puis les jours qui suivent sont des moments très forts en sens.

            Lorsque la famille s’est décidée, après consultation, de la date de l’enterrement, le rendez-vous est pris à la morgue à une heure précise. Un cortège se forme autour du véhicule principal transportant le cercueil et tous se dirigent vers la morgue.

            A l’arrivée, un groupe de personnes membres de la famille restreinte entre pour la mise en bière puis le convoi se remet en route pour le domicile familiale du défunt. S’il s’agit d’un croyant, une chorale entonne un chant religieux tout le long du trajet, sinon on n’entend que les pleurs des femmes.

            A l’arrivée du groupe à la concession familiale, un rituel dont les origines se perdent dans la nuit des temps se met en place. Les hommes s’installent dans un endroit séparé de celui des femmes. Les femmes sont placées sur la place centrale de la concession et c’est au milieu d’elles que sera placé le cercueil.

            Ce fait qui semble banal est plus chargé de sens qu’on ne le croit. Toute personne humaine commence sa vie après un séjour d’environ neuf mois dans les entrailles de sa mère. A sa naissance, il évoluera sous la protection des femmes jusqu’à ce qu’il devienne un peu plus autonome. S’il s’agit d’une personne de sexe masculin, il se séparera, symboliquement du groupe des femmes pour rejoindre le groupe des hommes alors qu’une personne de sexe féminin continuera d’évoluer avec les autres femmes. Lorsque la mort frappe, les différences sont abolies. Le corps du défunt retrouvera sa place au milieu des femmes avant d’être réintroduit dans les entrailles de la mère terre. La vie humaine est passage des entrailles de la mère humaine aux entrailles de la mère terre, avec une parenthèse que nous allons la vie active.

            Après un moment de recueillement, avec quelquefois le service religieux, on procède à ce qu’on a pris l’habitude d’appeler la visite du corps. Tous ceux qui sont présents seront invités à passer voir le corps pour la dernière fois, en commençant par la famille la plus proche. Ce sera aussi le moment où tous ceux qui auront acheté « leur linceul » (amercani) le déposeront sur le cercueil. Ce geste est très important car normalement, tous les parents et la belle famille du défunt ou de la défunte se doivent d’apporter ce tissus pour le déposer sur le cercueil.

            Lorsque la visite du corps est terminée, il faudra faire la biographie du défunt ; souvent cela est fait par les collègues du défunt. Après cela, le représentant de la famille prendra la parole pour les annonces.

            Une fois que tout cela a été fait, on prend le cercueil pour le cimetière. Le convoi se remet en marche. C’est toujours le moment le plus émouvant car tout le monde cherche à prendre place dans les différents véhicules, sans tenir compte du nombre de passagers déjà présents. Il n’est pas rare de voir des accidents souvent tragiques survenir sur la route du cercueil. En Afrique, lorsque survient un décès, on est en plein irrationnel.

            Au cimetière, après quelques annonces, on procède à la mise en terre avant de revenir à la maison familiale.

            Après cela, il y aura quelques jours de veillée funèbre dont nous parleront ultérieurement.

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