dimanche 22 septembre 2013

Le Tchad sur du charbon ardent à Bangui (par Pascal Djimoguinan)


            Face à la situation sécuritaire qui ne cesse de se dégrader en République centrafricaine, il est question de désarmer les hauts gradés de l’ex-Seleka. Cette mission urgente devrait commencer dans la semaine du 23 septembre. Point n’est besoin de dire que cela sera une mission délicate et dangereuse. Le président  en exercice de la communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, le tchadien Idriss Déby vient d'envoyer un escadron supplémentaire de plus de 400 hommes pour compléter l’effectif déjà sur place afin de faire ce travail.

            L’intention est fort louable ; désarmer les troupes qui n’acceptent pas leur cantonnement et ramener la paix dans le pays. Il faut dire que le président tchadien, fort de son action au Mali qui a été appréciée peut se permettre de s’engager en Centrafrique.

            Il faut cependant reconnaitre que ce pari est fort risqué lorsque l’on connaît la situation socio-politique de la Centrafrique.

            D’abord à cause de la proximité géographique entre le Tchad et la Centrafrique, il faut craindre qu’il y ait une contagion des problèmes que rencontrent habituellement les pays frontaliers. Comment intervenir en Centrafrique sans qu’au moindre problème le Tchad ne soit pas accusé de toujours tirer le drap de son côté et ne chercher que ses intérêts ?

            Depuis l’entrée de l’ex Seleka à Bangui, le problème centrafricain a de plus en plus l’allure d’un problème religieux entre chrétiens et musulmans ; or en Centrafrique, tchadiens est presque synonyme de musulman. Comment éviter que l’intervention des troupes tchadiennes ne soit considérer par la population centrafricaine comme une intervention des musulmans qui viendraient compliquer le résolution de la crise que traverse leur pays ?

            Il y a une forte population tchadienne en Centrafrique ; cette population, à tort ou à raison, est accusée d’être fortement liée à l’ex-Seleka. Quelle sera le comportement de colonie face aux troupes tchadiennes dont l’effectif est en train de grossir au point d’être sur le point d’être la plus fournies des troupes étrangères en Centrafrique ?

            L’armée tchadienne sera-t-elle vraiment une armée professionnelle en Centrafrique ? Se comportera-t-elle vraiment comment une force de maintien de la paix ? Ne se laissera-t-elle pas attirer par les sirènes de l’argent facile ?

            L’avenir dépend de la façon dont les troupes tchadiennes se comporteront face à la population. La société civile avait déjà exigé son départ de la Centrafrique. Le Tchad parviendra-t-elle à faire changer l’idée que les centrafricains se font de ses soldats ? Wait and see !


1 commentaire:

  1. une chose est certaine. Les tchadiens auront du mal à laver leur image en Centrafrique. Les Centrafricains sont convaincus que tout ce qu'ils vivent comme cauchemar est le fait de la volonté du Tchad.

    RépondreSupprimer