dimanche 29 septembre 2013

Doba sous les pluies (par Pascal Djimoguinan)


            La ville de Doba est le chef-lieu de la région où a coulé pour la première fois le pétrole au Tchad ; cela lui vaut d’ailleurs le nom de ville pétrolifère dont les médias usent et abusent. A part ce vocable combien flatteur, il n’y a pas de grand changement dans cette ville qui attend une modernisation qui ne vient pas. La population se contente de cela puisqu’elle sait qu’elle ne peut plus rien attendre du pétrole ; est-ce un problème de gestion des ressources ou tout simplement un manque de fonds ? Il est difficile de savoir exactement d’où vient le problème.

            Il faut tout de suite noter qu’au tout début, quand le pétrole coulait à peine des pipelines, il y a eu de grandes cérémonies dans la ville et tout autour. Pour beaucoup, c’était la renaissance de la ville de Doba mais il a fallu très vite déchanter. Après quelques saupoudrages qui ont consisté à repeindre quelques vieux bâtiments et à en construire deux ou trois pour dire que 5 pour cent des revenus du pétrole profitent à la ville de Doba, il n’y a plus rien eu.

            Le seul grand changement est la route bitumée sur l’axe Moundou-Sarh mais il n’y rien d’extraordinaire puisque c’est un projet global qui consistait à relier la ville de N’Djamena à Sarh avec en grande partie la contribution financière de l’Union Européenne.

            Il y a, bien sûr, le long de certaines rues des lampadaires mais ce sont des vestiges d’un éclairage public qui attend son heure. Il faut dire que ces poteaux électriques sont beaucoup plus des monuments pour orner la ville pendant la journée et qu’ils peuvent devenir un danger public pour les automobilistes la nuit puisque n’éclairent pas la ville faute de courant…

            Le plus grand malheur à Doba, c’est la saison des pluies. Aucune route n’est praticable après la pluie. Il y a de l’eau partout et c’est vraiment un parcours du combattant que de vouloir se rendre d’un point de la ville à un autre en passant par la voie publique.

            Il n’est pas rare de rencontrer en pleine ville des personnes plus aisées se promener avec des bottes ; et encore, c’est pour les endroits où il n’y a pas trop de dégâts sinon ils se retrouveraient avec de l’eau dans les bottes. La meilleure façon de se déplacer à Doba après la pluie, c’est tout simplement de retrousser son pantalon, de prendre en main ses chaussures et de marcher pieds nus.

S’il est difficile de circuler en plein centre de Doba pendant la saison des pluies, il est pratiquement impossible de se rendre dans les villages qui l’entourent. Une inondation dévaste la plupart des villages autour de Doba sans que cela ne soulève de l’inquiétude de la part des autorités. Plusieurs villages ne sont que des tas de ruines puisque les cases se sont écroulées sous des fortes pluies. Les routes des villages deviennent des marécages où les enfants pèchent les silures. On peut dire qu’à quelque chose malheur est bon. Les villageois se consolent de leurs déboires en mangeant du poisson frais. Vive la ville pétrolifère du Tchad.


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