La ville de Doba est le chef-lieu de la région où a coulé
pour la première fois le pétrole au Tchad ; cela lui vaut d’ailleurs le
nom de ville pétrolifère dont les médias usent et abusent. A part ce vocable
combien flatteur, il n’y a pas de grand changement dans cette ville qui attend
une modernisation qui ne vient pas. La population se contente de cela puisqu’elle
sait qu’elle ne peut plus rien attendre du pétrole ; est-ce un problème de
gestion des ressources ou tout simplement un manque de fonds ? Il est
difficile de savoir exactement d’où vient le problème.
Il faut tout de suite noter qu’au tout début, quand le
pétrole coulait à peine des pipelines, il y a eu de grandes cérémonies dans la
ville et tout autour. Pour beaucoup, c’était la renaissance de la ville de Doba
mais il a fallu très vite déchanter. Après quelques saupoudrages qui ont
consisté à repeindre quelques vieux bâtiments et à en construire deux ou trois
pour dire que 5 pour cent des revenus du pétrole profitent à la ville de Doba,
il n’y a plus rien eu.
Le seul grand changement est la route bitumée sur l’axe
Moundou-Sarh mais il n’y rien d’extraordinaire puisque c’est un projet global
qui consistait à relier la ville de N’Djamena à Sarh avec en grande partie la
contribution financière de l’Union Européenne.
Il y a, bien sûr, le long de certaines rues des
lampadaires mais ce sont des vestiges d’un éclairage public qui attend son
heure. Il faut dire que ces poteaux électriques sont beaucoup plus des
monuments pour orner la ville pendant la journée et qu’ils peuvent devenir un
danger public pour les automobilistes la nuit puisque n’éclairent pas la ville
faute de courant…
Le plus grand malheur à Doba, c’est la saison des pluies.
Aucune route n’est praticable après la pluie. Il y a de l’eau partout et c’est
vraiment un parcours du combattant que de vouloir se rendre d’un point de la
ville à un autre en passant par la voie publique.
Il n’est pas rare de rencontrer en pleine ville des
personnes plus aisées se promener avec des bottes ; et encore, c’est pour
les endroits où il n’y a pas trop de dégâts sinon ils se retrouveraient avec de
l’eau dans les bottes. La meilleure façon de se déplacer à Doba après la pluie,
c’est tout simplement de retrousser son pantalon, de prendre en main ses
chaussures et de marcher pieds nus.
S’il
est difficile de circuler en plein centre de Doba pendant la saison des pluies,
il est pratiquement impossible de se rendre dans les villages qui l’entourent.
Une inondation dévaste la plupart des villages autour de Doba sans que cela ne
soulève de l’inquiétude de la part des autorités. Plusieurs villages ne sont
que des tas de ruines puisque les cases se sont écroulées sous des fortes
pluies. Les routes des villages deviennent des marécages où les enfants pèchent
les silures. On peut dire qu’à quelque chose malheur est bon. Les villageois se
consolent de leurs déboires en mangeant du poisson frais. Vive la ville
pétrolifère du Tchad.
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