lundi 2 juin 2014

Tchad : Sarh et son allumeur de réverbère endormi (par Pascal Djimoguinan)


            Dans Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry, parmi les personnages pittoresque qui défilent et qui rencontrent le petit Prince, il y a la figure sympathique de l’allumeur de réverbère. Celui-ci a pour unique souci de se reposer mais comme sa petite planète tourne de plus en plus vite, il ne peut pas le faire puisqu’il doit tout le temps allumer et éteindre le réverbère. Sa conscience professionnelle a raison de sa fatigue. Dans la ville de Sarh, l’allumeur de réverbère ne fait pas montre d’un tel professionnalisme ; il est sinon inexistant, du moins endormi, sans se soucier du bien-être des noctambules.

            Lorsque la ville de Sarh, dans son projet d’urbanisation, a voulu que l’éclairage électrique soit assuré sur toutes les routes bitumées, un choix très judicieux a été fait. Certaines artères avaient des réverbères à panneaux solaires, notamment les avenues du commerce, kaskanay et Charles de Gaulle. Elles pouvaient se recharger au soleil et la nuit, la lumière éclairait toute la route. Etant donné que l’électricité est un problème majeur au Tchad et que les autorités aussi bien que la Société nationale d’électricité ont du mal à le gérer, cette solution semblait de loin la meilleure.

            Malheureusement, dans le concret, on constate que les lampadaires commencent à s’éteindre les uns après les autres et les différentes artères où le choix de l’énergie solaire a été fait se retrouvent tout simplement privées d’électricité. Cela ne semble pas inquiéter outre mesure les responsables. En fait, qui en est le responsable ? Est-ce la municipalité ? Ou la Société nationale d’électricité ? Ou ceux qui ont fait les installations ?

            Une fois de plus, on assiste à un pilotage à vue. On a voulu faire des installations techniques sans prévoir la maintenance. N’est-ce pas que l’on dit que pour l’énergie solaire, l’effort à fournir c’est tout simplement pour l’installation, après tout va de soi ? Or il se trouve que les lampadaires tombent en panne les unes après les autres. Quelle stratégie adopter pour que les rues soient de nouveau éclairées ? A-t-on prévu des ressources pour la réparation ? Gouverner, c’est prévoir, dit le dicton. A nos dirigeants de le méditer. Il faut rapidement trouver un allumeur de réverbère consciencieux qui puisse de nouveau éclairer nos routes, avant que l’insécurité qui profite toujours de la moindre pénombre ne s’installe !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire