Lors de ses tournées au début du mois de mai dans les
zones où le Tchad et la Centrafrique partagent les mêmes frontières, le chef de
l’Etat du Tchad a décidé de la fermeture des frontières du côté tchadien. Cette
décision vient confirmer d’autres mesures qui ont été prises tout au long de l’année
écoulée. Cela n’augure rien de bon et il faut se demander dans quel sens évoluera
la relation entre les deux pays.
Dans le Salamat, le président a déclaré alors qu’il était
dans la sous-préfecture de Daha : « Vous êtes à moins de 20m de la frontière avec la RCA. Sachez dès
aujourd’hui que notre frontière avec ce pays est hermétiquement fermée. »
A Roro dans le Lac Iro, il a exhorté les éleveurs peuls et arabes détenant les
armes guerre à les remettre aux autorités compétentes sous peine
de poursuite judiciaire ».
Plus menaçant, il a déclaré que « Les anti-balaka, Djaraguina, Séléka, Djandjawids
et les bandits de tous acabits seront désormais traités et neutralisés ». Il faut se demander s’il ne faut pas s’inquiéter
de la dernière menace lorsque le président dit que « dorénavant
le Tchad usera de son droit de poursuite pour traquer, ces hors la loi. »
Le Tchad qui était très engagé au sein des forces
internationales en RCA en était venu à décider du retrait de son contingent
fort de 850 hommes de ce pays à la suite d’accusations répétées de partialité
et de collusion avec l’ex Séléka.
Le ton du discours du Tchad envers la RCA est en train de
monter et il faut sérieusement se demander quelle sera la prochaine étape de la
crise. Le droit de poursuite dont parle le chef de l’Etat se traduira-t-il par
une incursion en Centrafrique ? La situation centrafricaine n’est-elle pas
déjà assez compliquée avec les différents groupes armés qui y sévissent ?
Pour revenir à la fermeture de la frontière avec la RCA,
si elle est vraiment effective, il faudrait que cela ne concerne que les hommes
armés qui vont commettre des forfaits de l’autre côté. Mais la question est de
savoir si cette décision sera vraiment productive quand on sait que la
Centrafrique manque de tout en ce moment et qu’elle a besoin de différents
marchandises pour sa survie (Essence, arachides, haricot, oignons, ail, etc.)
Les décisions devraient être prises en concertation avec
le gouvernement de transition centrafricain. On comprend que le Tchad cherche
par tous les moyens à éviter que le conflit centrafricain ait des incidences
sur son territoire mais la panacée n’est pas dans la fuite en avant. Il vaut
mieux, en accord avec les différents partenaires, voir ce qui serait profitable
au Tchad et à la Centrafrique. Il faut être d’une large ouverture d’esprit et d’une
grande transparence pour traiter ce problème. Espérons que la sagesse guidera
le Tchad dans les mois à venir et que la dernière solution ne sera pas d’étrangler
la RCA.
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