Ce dimanche 11 août, le Tchad a fêté ses 53 ans d’indépendance.
Comme d’habitude, il y a eu des manifestations festives ; des gens s’en
sont donnés à cœur joie. Puis tout est redevenu comme avant. On aurait dit la
surface d’un cours d’eau, un moment dérangée par un jet de pierre mais qui
retrouve son calme habituel.
Le propos n’est pas de fustiger les célébrations
festives, qu’elles soient culturelles, sportives ou économiques. Il s’agit tout
simplement de s’arrêter un instant pour réfléchir.
53 ans dans la vie d’un Etat, ce n’est peut-être pas grand-chose
mais sur le plan de la construction d’une nation, cela représente quelque
chose. Et qu’avons-nous fait pendant ce temps pour la nation ?
Je me rappelle toutes ces
célébrations qui, depuis mon enfance, se sont égrainées, année après année, pour marquer l’indépendance
du Tchad. Il y avait des groupes folkloriques qui nous égayaient, des cavaliers
avec des fantasias extraordinaires, des courses de chevaux, de chameaux et d’ânes,
des parades militaires, des défilés de toutes les couches sociales du Tchad.
Nous étions contents, même très contents de toutes ces festivités.
Je constate que cela continue encore aujourd’hui pour la plus grande joie des
enfants. Nous pouvons dire que c’est déjà quelque chose que l'indépendance ne soit pas reléguée aux oubliettes mais ne
devrions nous nous arrêter qu’à cela ? Ne faudrait-il que nous ne nous
arrêtions qu'à cette inlassable répétition comme dans une nostalgie d’un éternel
retour qui nous ramènerait aux fastes du premier jour d’indépendance ?
Dirions-nous que nous sommes désormais incapables d’invention et que notre
discours aurait perdu de sa verdeur pour ne ressasser qu'un imaginaire auquel nous
n’aurions plus accès ?
Comment éviter que nos célébrations d’aujourd’hui ne
soient pas uniquement des raccommodages ou des rafistolages d’une nation de la
part d’un peuple qui aurait renoncé à son avenir pour vivre de et dans son
passé ? Comment éviter d'être un peuple de zombies dont l'avenir ne contient plus de promesses et qui ne vivent que sur leurs dépouilles?
Comme peuple du Tchad nous avons des défis à relever.
Sans être exhaustifs, nous pourrions parler de la construction d’un vivre
ensemble tchadien qui ferai que l’amour de la patrie dirigerait tous nos actes.
Il faudrait que le Tchad retrouve sa cohésion sociale pour avancer. Cela est un
défi pour les hommes politiques aussi bien que pour la société civile. Chaque
citoyen doit s’engager à l’édification d’une nation moderne, fière et éthique.
Quelle différence apporter à la célébration du 54ème
anniversaire d’indépendance ? Il faudrait qu’on y ressente la maturité que
nous aurons acquise. Que Dieu sauve le Tchad.
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