mardi 13 août 2013

53 ans d’indépendance, et après ? (par Pascal Djimoguinan)


            Ce dimanche 11 août, le Tchad a fêté ses 53 ans d’indépendance. Comme d’habitude, il y a eu des manifestations festives ; des gens s’en sont donnés à cœur joie. Puis tout est redevenu comme avant. On aurait dit la surface d’un cours d’eau, un moment dérangée par un jet de pierre mais qui retrouve son calme habituel.

            Le propos n’est pas de fustiger les célébrations festives, qu’elles soient culturelles, sportives ou économiques. Il s’agit tout simplement de s’arrêter un instant pour réfléchir.

            53 ans dans la vie d’un Etat, ce n’est peut-être pas grand-chose mais sur le plan de la construction d’une nation, cela représente quelque chose. Et qu’avons-nous fait pendant ce temps pour la nation ?

            Je me rappelle  toutes ces célébrations qui, depuis mon enfance, se sont égrainées, année après année, pour marquer l’indépendance du Tchad. Il y avait des groupes folkloriques qui nous égayaient, des cavaliers avec des fantasias extraordinaires, des courses de chevaux, de chameaux et d’ânes, des parades militaires, des défilés de toutes les couches sociales du Tchad. Nous étions contents, même très contents de toutes ces festivités.

            Je constate que cela continue encore aujourd’hui pour la plus grande joie des enfants. Nous pouvons dire que c’est déjà quelque chose que l'indépendance ne soit pas reléguée aux oubliettes mais ne devrions nous nous arrêter qu’à cela ? Ne faudrait-il que nous ne nous arrêtions qu'à cette inlassable répétition comme dans une nostalgie d’un éternel retour qui nous ramènerait aux fastes du premier jour d’indépendance ? Dirions-nous que nous sommes désormais incapables d’invention et que notre discours aurait perdu de sa verdeur pour ne ressasser qu'un imaginaire auquel nous n’aurions plus accès ?

            Comment éviter que nos célébrations d’aujourd’hui ne soient pas uniquement des raccommodages ou des rafistolages d’une nation de la part d’un peuple qui aurait renoncé à son avenir pour vivre de et dans son passé ? Comment éviter d'être un peuple de zombies dont l'avenir ne contient plus de promesses et qui ne vivent que sur leurs dépouilles?

            Comme peuple du Tchad nous avons des défis à relever. Sans être exhaustifs, nous pourrions parler de la construction d’un vivre ensemble tchadien qui ferai que l’amour de la patrie dirigerait tous nos actes. Il faudrait que le Tchad retrouve sa cohésion sociale pour avancer. Cela est un défi pour les hommes politiques aussi bien que pour la société civile. Chaque citoyen doit s’engager à l’édification d’une nation moderne, fière et éthique.

            Quelle différence apporter à la célébration du 54ème anniversaire d’indépendance ? Il faudrait qu’on y ressente la maturité que nous aurons acquise. Que Dieu sauve le Tchad.


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