vendredi 23 avril 2021

Tchad : figure libre : ne perdons pas nos repères (par Pascal Djimoguinan)

             Il est toujours difficile de déterminer où commence l’humanité. Quels gestes font qu’à partir d’un certain moment, on puisse dire qu’il y a de l’homme dans un être ? Cette question ne sera sans doute jamais tranchée d’une manière définitive.

            Il y a cependant quelque chose qui se retrouve pratiquement dans la plupart des groupes humains. C’est le respect des hommes. Quel que soit ce qu’un homme ait été dans sa vie, la décence voudrait que lorsqu’il passe à trépas, une sorte de consensus tacite fasse que l’on se taise pour attendre son inhumation.

            D’aucuns me diraient que certains hommes n’ont pas eu ce respect pour d’autres alors il ne faudrait pas en avoir pour eux. Je m’inscris en faux contre cette idée. Il faut toujours savoir être digne et ne pas s’abaisser jusqu’à l’innommable pour la simple raison que d’autres l’ont fait.

            J’aime bien l’histoire d’Achille et d’Hector. Tout opposait ces deux hommes. L’un était un prince grec, l’autre troyen. Ils étaient en guerre. La pire des choses qui arriva fut qu’Hector tua Patrocle, l’ami intime d’Achille. Plein de fureur, Achille tue Hector. Il attache son cadavre à son char et le traine vers le camp grec. Tout en trainant le cadavre, Achille fait trois fois le tour du tombeau de Patrocle.

            Achille ne veut pas rendre le corps d’Hector aux troyens. Priam le vieux père d’Hector vient dans le camp grec supplier Achille de lui rendre le corps de son fils. Achille se laissera toucher et rendra le corps de son ennemi.

            La guerre peut être coriace mais l’humanité peut la surpasser.

            Le président Deby est mort. Quel que soit ce qu’il ait été dans sa vie, il est possible de trouver quelque chose de bon. Dépassons l’homme qu’il a pu être, respectons la fonction qu’il a occupée.

            Maintenant il ne s’agit pas de se battre comme des chiffonniers, mais d’obtenir que l’ordre constitutionnel soit rétabli. Pour cela, on peut utiliser tous les moyens démocratiques qui existent. Comme le disait quelqu’un, « Notre silence n’est pas un signe de faiblesse. »

            Aucun tchadien ne devra baisser les bras tant que l’ordre constitutionnel n’est pas rétabli. Tous pour un dialogue inclusif et une transition dirigée par des civiles. Que Dieu sauve le Tchad !




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