mercredi 9 octobre 2019

Tchad : Ville de Doba, image d'Epinal ? (par Pascal Djimoguinan)




            Parler de Doba en d’autres termes que celui de l’image d’Epinal qui la présente comme « la ville pétrolière » est une entreprise très compliquée et très peu de personnes s’y risqueraient. Il faut noter que parler de Doba comme ville pétrolière est une espèce de voile pudique dont on se couvre la face pour ne pas voir la réalité en face. Ce n’est d’ailleurs que par un doux euphémisme qu’on parle de Doba comme d’une ville.
            Une fois que l’on a visité ce que disent les encyclopédies de Doba, que reste-t-il ? Selon le recensement du 1993, Doba est la onzième ville du Tchad par le nombre de ses habitants (18053 ha). Chef-lieu de la région du Logone Oriental et du département de la Pendé, la ville de Doba, Latitude : 8.660°N - Longitude : 16.850°E, compte 4 arrondissements[1]. Sur le plan de l’éducation, la ville possède une université, plusieurs écoles secondaires et primaires.
            Sur le plan économique, depuis l’exploitation du pétrole en 2002, cette ville qui vivait beaucoup plus de l’agriculture et de la pêche tire quelque bénéfice de l’or noir mais cela n’est ni plus, ni moins qu’une économie en trompe l’œil.
            La ville de Doba ressemble en réalité à un gros village avec quelques services administratifs. Plutôt que ville pétrolière, on parlerait avec plus de réalisme de dépôt pétrolier pour parler de Doba.
            Bien que disposant de d’un hôpital régional et d’un hôpital de district comme toutes les autres villes moyennes au Tchad, Doba n’est qu’un pur spectateur dans le partage des richesses issues de son sous-sol. Un simple exemple assez frappant est que s’il n’y avait pas la route nationale allant de N’Djamena à Sarh, il n’y aurait pas de goudron à Doba. Voyager dans un village environnant est un véritable parcours du combattant. Les pistes n’ont pas été entretenues depuis plus de deux décénies et souvent, il faut quitter la piste ordinaire pour suivre les traces des charrettes dans la brousse. Tout le monde se souvient de la fameuse anecdote lorsqu’il y a eu la réunion des femmes dans le canton de Maibombaye. Un moment il a été question que la première dame prenne part à la cérémonie de clôture de la rencontre. Paniquées, les autorités ont voulu déplacer la cérémonie à Doba à cause de l’état de la route. A la fin, la première dame n’a pas pu venir et la cérémonie de clôture a eu lieu à Maibombaye.
            La question qui titille tout le monde est de savoir ce que font les cadres originaires de la région. On ne les entend pas du tout prendre la défense de leur ville qui continue une longue agonie. Quand ils se réveilleront, il sera trop tard. Peut-être ont-ils peur d’être taxés de rebelles puisque Doba a toujours été une ville rebelle quand il a fallu contester un régime politique. Le récent souvenir des « codo » hante encore les esprits.


[1] Le territoire de la commune de Doba est divisé en quatre arrondissements.
·         Ier arrondissement :
o    Quartier Doba Ndoh
o    Quartier Doba Mbaye
o    Quartier Doba Ya
o    Quartier Mission catholique
o    Quartier Gaki
·         IIe arrondissement :
o    Quartier Haoussa
o    Quartier Bornou
o    Quartier Arabe
o    Quartier Baguirmi
o    Quartier Divers
·         IIIe arrondissement :
o    Quartier Timbi
o    Quartier Takasna
o    Quartier Forgeron
o    Quartier Bédogo
o    Quartier Bédokassa
·         IVe arrondissement :
o    Quartier ContonTchad
o    Quartier Béraba
o    Quartier Maïhongo
o    Quartier Yeuldanoum
o    Quartier Ndoubeu Aéroport (source Wikipédia).






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