samedi 19 octobre 2019

Tchad, histoire d'une bancarisation inachevée (par Pascal Djimoguinan)

            La bancarisation est une notion économique qualifiant l’action pour une population de passer par l’utilisation des services bancaires. Il s’agit de la quantité de personnes qui ont accès à ces services. Cette bancarisation au Tchad se trouve juste au milieu du gué et il y a encore du travail à faire.
            Un phénomène assez récurrent pour la ménagère et pour la plupart des opérations financières au Tchad est l’absence de reliquat et le manque de la menue monnaie.
            Il n’est pas rare de s’entendre dire dans une boutique ou dans une pharmacie qu’il n’y a pas de monnaie, et qu’en retour, l’on se voit proposer en retour des aspirines ou des gommes. Quelquefois, l’opération ne peut carrément pas se faire car le reliquat est assez important pour qu’un article soit proposé pour compenser le manque.
            Le Graal serait la carte bancaire. Mais il y a encore bien de difficultés. Selon une définition trouvée sur Binck.fr, « la carte bancaire est un moyen de paiement mis à la disposition de son titulaire par une banque ou un établissement de crédit et qui lui permet d’effectuer le règlement de ses achats ou des retraits d’espèces dans des distributeurs automatiques de billets (DAB) ».
            Selon cette définition, la carte bancaire permet de faire des achats ou de retirer les espèces dans les distributeurs automatiques. Au Tchad, les cartes bancaires ne sont utilisées, dans la plupart des cas, que pour le retrait des espèces. Ainsi, à la fin du mois, il y a, dans les banques, de longues queues d’usagers devant les distributeurs automatiques de billets pour retirer leur salaire.
            Un premier constat s’impose ici. On constate qu’il y a au Tchad le passage du billetage à la banque (Le billetage est une méthode de comptabilité qui consiste à détailler un montant défini. Le Larousse continue la définition : « En Afrique, mode de paiement par lequel les travailleurs perçoivent directement et en espèce leur salaire à la caisse de leur lieu de travail.) Les travailleurs tchadiens ont leurs comptes dans les banques de la place mais en fait, ils continuent le système de billetage mais d’une autre manière. Ils vont retirer tout leur salaire à la banque.
            On ne saurait blâmer ces salariés car il n’y a pas pour eux d’alternative. Ils doivent avoir sur eux les espèces pour toutes les opérations financières qu’ils voudraient effectuer.
            La bancarisation d’un pays ne se réduit pas au fait que tous les salariés aient leurs comptes dans des banques. Un deuxième travail doit encore être fait. Il faut rendre possible les opérations, dans les boutiques, les pharmacies et les autres établissements, par les cartes bancaires. Pour le moment, il y a très peu d’endroits au Tchad où l’on pourrait acheter grâce à une carte bancaire.
            Nous pouvons dire que la bancarisation est encore inachevée. Les banques devraient favoriser tous les établissements financiers (boutiques, quincailleries, pharmacies, bars, hôtels, stations à essence…) à avoir des terminaux de paiement électronique (un terminal de paiement électronique est un appareil électronique capable de lire les données d’une carte bancaire, d’enregistrer une transaction, et de communiquer avec un serveur d’authentification à distance). Il serait alors possible de ne pas avoir trop d’argent liquide sur soi et faire des achats sans problème. Dès lors, il n’y aura plus de problème de la menue monnaie, ni de reliquat au Tchad.



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