jeudi 10 octobre 2019

Tchad : La paix est dans les champs (par Pascal Djimoguinan)


            Le Tchad est connu à l’extérieur comme « un partenaire important » contre le jihadisme. Allié de l’Occident dans la lutte antijihadiste, le Tchad est membre de la force G5 Sahel, de la force multinationale mixte (FMM) au Lac Tchad. Il a également envoyé un contingent de Casques bleus dans la force onusienne (Minusma) au Mali.
            Il est à se demander si cette vision de l’extérieur ne voit pas que l’arbre qui cache la forêt et qu’en réalité, cette luisance ne cache pas une infection intérieure.
            Si le Tchad bombe les torses et montre les muscles pour épater l’extérieur, l’intérieur demande un effort pour la paix et la sécurité.
            Le plus grand mal pour le Tchad reste le conflit entre les éleveurs et les agriculteurs. Cela n’est pas un problème du Nord contre le sud ; les récents événements dans l’Est du pays le montrent bien. En effet, lors d’une conférence de presse organisée à N’Djamena le vendredi 09 août, le président Idriss Déby Itno avait déclaré : « Le conflit intercommunautaire est devenu une préoccupation nationale, on assiste à un phénomène de mal vivre. En trois jours, 37 tchadiens ont été tués dans le Ouaddai. »
            Est-ce là un aveu d’échec et que tout a été tenté en vain ?
            S’il y a échec, c’est justement parce que les autorités administratives et politiques ne s’y sont pas investies comme elles le font contre le terrorisme jihadiste. Longtemps, la politique menée a été un favoritisme éhonté en faveur des éleveurs sans tenir compte des réalités du terrain. Comment plusieurs responsables très haut placés possèdent des troupeaux de bœufs, cela les met automatiquement en position de juges et de partis quand il s’agit de régler les litiges entre les éleveurs et les agriculteurs. Il va dons sans dire que cela crée des frustrations et des rancœurs, surtout chez les agriculteurs.
            S’il a fallu attendre les incidents de l’est du Tchad pour que le problème du conflit entre les éleveurs et les agriculteurs ait un écho sur le plan international, ce problème est récurent dans le sud du Tchad depuis plusieurs années. Dans cette région à vocation agricole, l’arrivée massive des troupeaux et la gestion désastreuse des conflits qui naissent de cette rencontre font que la zone méridionale est sur les genoux.
            Il suffit d’un peu de d’objectivité pour que le vivre ensemble soit possible. Il existe bien de textes réglant la transhumance et de couloirs bien précis. Il suffit de les revitaliser et de les faire respecter. Les lois de la République de devraient pas être violées tout simplement parce que l’on appartient à un clan privilégié.
            Si désormais aucune personne ne se sent au-dessus de la loi, la coexistence sera possible. Il y va de la cohésion nationale. Il suffit que le critère de l’évaluation des administrateurs prenne en compte la probité dans les règlements de ces conflits. Pour cela, il faut avoir le courage politique. Mais qui l’a encore au Tchad ?




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