Le Tchad est connu à l’extérieur comme « un
partenaire important » contre le jihadisme. Allié de l’Occident dans la
lutte antijihadiste, le Tchad est membre de la force G5 Sahel, de la force
multinationale mixte (FMM) au Lac Tchad. Il a également envoyé un contingent de
Casques bleus dans la force onusienne (Minusma) au Mali.
Il est à se demander si cette vision de l’extérieur ne
voit pas que l’arbre qui cache la forêt et qu’en réalité, cette luisance ne
cache pas une infection intérieure.
Si le Tchad bombe les torses et montre les muscles pour
épater l’extérieur, l’intérieur demande un effort pour la paix et la sécurité.
Le plus grand mal pour le Tchad reste le conflit entre
les éleveurs et les agriculteurs. Cela n’est pas un problème du Nord contre le
sud ; les récents événements dans l’Est du pays le montrent bien. En
effet, lors d’une conférence de presse organisée à N’Djamena le vendredi 09
août, le président Idriss Déby Itno avait déclaré : « Le conflit intercommunautaire est devenu une
préoccupation nationale, on assiste à un phénomène de mal vivre. En trois
jours, 37 tchadiens ont été tués dans le Ouaddai. »
Est-ce là un aveu d’échec et que tout a été tenté en vain ?
S’il y a échec, c’est justement parce que les autorités
administratives et politiques ne s’y sont pas investies comme elles le font
contre le terrorisme jihadiste. Longtemps, la politique menée a été un favoritisme
éhonté en faveur des éleveurs sans tenir compte des réalités du terrain. Comment
plusieurs responsables très haut placés possèdent des troupeaux de bœufs, cela
les met automatiquement en position de juges et de partis quand il s’agit de
régler les litiges entre les éleveurs et les agriculteurs. Il va dons sans dire
que cela crée des frustrations et des rancœurs, surtout chez les agriculteurs.
S’il a fallu attendre les incidents de l’est du Tchad
pour que le problème du conflit entre les éleveurs et les agriculteurs ait un
écho sur le plan international, ce problème est récurent dans le sud du Tchad
depuis plusieurs années. Dans cette région à vocation agricole, l’arrivée
massive des troupeaux et la gestion désastreuse des conflits qui naissent de
cette rencontre font que la zone méridionale est sur les genoux.
Il suffit d’un peu de d’objectivité pour que le vivre
ensemble soit possible. Il existe bien de textes réglant la transhumance et de
couloirs bien précis. Il suffit de les revitaliser et de les faire respecter. Les
lois de la République de devraient pas être violées tout simplement parce que l’on
appartient à un clan privilégié.
Si désormais aucune personne ne se sent au-dessus de la
loi, la coexistence sera possible. Il y va de la cohésion nationale. Il suffit
que le critère de l’évaluation des administrateurs prenne en compte la probité
dans les règlements de ces conflits. Pour cela, il faut avoir le courage
politique. Mais qui l’a encore au Tchad ?
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